A l’heure américaine

Le point macro

La publication de la première estimation du PIB au troisième trimestre dans de nombreux pays européens et aux Etats-Unis a confirmé le puissant rebond économique prévu dans la foulée du déconfinement. Le PIB s’est envolé de 33,1% outre-Atlantique en rythme annualisé tandis qu’il a augmenté de 18,2% en France sur la même période, notamment aidé par un sursaut impressionnant des exportations. Cependant, ce rebond est révolu. La mise en place de mesures strictes de confinement dans plusieurs pays européens (Allemagne, Irlande, France etc…) au cours de la semaine passée fait craindre un nouvel effondrement économique qui devrait être toutefois de plus faible amplitude qu’au printemps. Si on prend le cas de la France, le confinement annoncé devrait aboutir à une baisse de 15% de l’activité économique (contre -30% lors du premier confinement), ce qui aboutirait à un coût économique net de près de 30 milliards d’euros sur le seul mois de novembre (contre 60 milliards d’euros en avril dernier). Concrètement, cela se traduirait par une contraction du PIB de -9,5% ce trimestre. Il va de soi que ces estimations sont sujettes à d’importantes révisions, notamment si des mesures encore plus contraignantes devaient être décidées dans les prochaines semaines. Dans tous les cas, le redémarrage économique en 2021 ne pourra être que très poussif, étant donné l’impact négatif que représente ce nouveau confinement sur la demande agrégée et la confiance des consommateurs.

Le point technique

Tous les voyants sont au rouge pour le marché des changes. Outre le confinement, la perspective d’une élection présidentielle contestée a favorisé un repli sur les valeurs refuge. L’euro s’est effondré accusant une baisse de près de 2% face au yen japonais et d’environ 1,6% face au dollar américain en variation hebdomadaire. La baisse a été plus contenue face au franc suisse. On peut soupçonner que la Banque Nationale Suisse soit intervenue sur les changes au cours des dernières séances, comme elle le fait en période de tensions, afin que l’EUR/CHF ne s’effondre pas sous le niveau des 1,06.

L’intervention très réussie de Christine Lagarde à l’occasion de la réunion de la BCE, au cours de laquelle elle a clairement indiqué que de nouvelles mesures seraient dévoilées en décembre et qu’une action préventive reste possible en cas de fortes dégradations des conditions financières, n’a pas vraiment aidé l’euro. Sur la séance de jeudi, la paire EUR/USD a fini en baisse, de l’ordre de -0,66.

On notera également la baisse de l’euro face au dollar canadien, mais dans une amplitude beaucoup plus faible (de l’ordre de -0.10%). La Banque du Canada était l’autre banque centrale à surveiller la semaine dernière. A la surprise générale, elle a décidé un recalibrage de son programme de rachats d’actifs en se focalisant désormais sur les obligations souveraines à longue maturité (exemple à 10 ans) afin de baisser davantage les coûts d’emprunt pour les ménages et pour les entreprises. En parallèle, elle a décidé de réduire légèrement le rythme des rachats d’actifs, qui est porté de 5 milliards CAD à 4 milliards CAD par semaine. L’idée est de réduire la part de marché que détient la banque centrale sur le segment des obligations souveraines. Comme nous l’indiquions la semaine dernière, la Banque du Canada a racheté jusqu’à 80% des obligations publiques émises par le Canada depuis le début de la crise – un record mondial.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,12911,14601,19261,2170
EUR/GBP 0,86510,88090,91570,9221
EUR/CHF 1,05361,06001,07721,0819
EUR/CAD 1,51741,53531,57121,5891
EUR/JPY 120,14120,84125,02125,85

Nous avons volontairement choisi des niveaux de support et de résistance tenant en compte la possibilité d’un regain fort de la volatilité en lien avec l’élection présidentielle américaine cette semaine.

Nous avons volontairement choisi des niveaux de support et de résistance tenant en compte la possibilité d’un regain fort de la volatilité en lien avec l’élection présidentielle américaine cette semaine.

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Les annonces à suivre

Cette semaine, toute l’attention du marché des changes se portera sur l’élection présidentielle américaine du 3 novembre. A ce stade, le marché et les bookmakers semblent croire à une large victoire du candidat démocrate mais le risque est élevé que nous assistions au même scénario qu’en 2016, lorsque Hillary Clinton, qui était déjà considérée comme le nouvel hôte de la Maison Blanche, avait été largement battue par le candidat Donald Trump. Le scénario pourrait être même pire cette année avec la possibilité d’une élection contestée.
Du fait du recours massif au vote par correspondance à cause de la pandémie, il n’est pas exclu qu’on assiste à d’importantes irrégularités et que le nom du vainqueur de la présidentielle ne soit pas connu avant plusieurs jours voire plusieurs semaines. Selon le calendrier de la présidentielle, les Etats ont jusqu’au 8 décembre (soit une éternité pour le marché) afin de résoudre tous les litiges liés au processus de vote. Les Républicains ont déjà laissé entendre qu’en cas d’irrégularités, ils entameraient des procédures judiciaires partout où ce sera nécessaire. Avec la pandémie, il y a 50 procédures distinctes pour voter qui ont été mises en place et donc virtuellement presque autant de contestations en justice possibles par le président Donald Trump et les Républicains. Le chaos au niveau du vote par correspondance est tel que la secrétaire d’Etat de l’Etat stratégique du Michigan, qui est en charge du bon déroulé de l’élection, a invité les électeurs par correspondance à ne plus remettre leur bulletin à la Poste fédérale dont les délais de remise du courrier sont catastrophiques. Certains Etats, comme la Pennsylvanie et la Caroline du Nord, ont récemment eu l’aval de la Cour Suprême pour recevoir les bulletins après le 3 novembre. Pour d’autres Etats, la question reste encore en suspens. Bref, c’est un micmac incroyable !
La seule certitude qu’on peut avoir à ce stade c’est que cette élection présidentielle, étant donné les risques inhérents et les menaces de Donald Trump de contestation, va probablement être un facteur de volatilité important pour le marché, beaucoup plus que lors de l’élection de 2016. Ce regain de la volatilité n’est d’ailleurs pas encore « pricé » par le marché. Il faut s’attendre en particulier sur la paire EUR/USD dans la nuit du 3 au 4 novembre, lorsqu’on commencera à avoir les premier résultats Etats par Etats, à de forts bonds, potentiellement dans un range qui dépasse 200 points. D’où l’intérêt dans ce contexte si particulier de placer des ordres limites à déclenchement automatique pour profiter pleinement de la volatilité.
A plus long terme se pose la question des conséquences pour l’EUR/USD en cas de victoire de l’un ou de l’autre candidat ? La perception du marché est qu’une victoire du candidat démocrate Joe Biden (peu importe la couleur politique du Congrès américain) serait plutôt favorable à une baisse du dollar et donc à une hausse de l’EUR/USD, notamment du fait de la forte hausse de l’endettement envisagée pour mener à bien ses nombreux projets de transformation de l’économie américaine (ex : « Green New Deal » à hauteur de 2000 milliards de dollars). A l’inverse, la politique de dérégulation financière, de poursuite de la guerre commerciale et de baisse de la fiscalité d’une administration Trump aurait tendance à favoriser un dollar fort et donc une baisse de l’EUR/USD à moyen terme. A noter, point important, que dans les deux cas la politique monétaire de la Réserve Fédérale (Fed) devrait rester inchangée. Elle devrait continuer de maintenir des taux ultra-bas et étendre son programme de rachats d’actifs afin de faire face aux conséquences de la pandémie. D’ailleurs, la prochaine réunion de la Fed est prévue cette semaine, juste après l’élection, les 4 et 5 novembre. Toutefois, afin de ne pas interférer avec un processus électoral potentiellement compliqué, les analystes s’accordent sur le fait qu’elle devrait laisser sa politique monétaire intacte, et potentiellement agir en décembre en annonçant un renforcement des mesures prises en mars et en avril dernier.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
02/1109:55Indice PMI manufacturier (Oct)Baisse attendue à 56,6 contre 58 précédemment.
16:00Indice PMI manufacturier de l’ISM (Oct)Progression attendue à 55,6.
03/11Toute la journéeElection présidentielleSauf irrégularités au niveau du scrutin, dès 5h/6h heure de Paris le 4 novembre il est possible qu’on soit en mesure de savoir le nom du nouveau président américain.
04/1114:15Création d’emplois non agricoles ADP (Oct)Précédent 749K.
05/1113:00Décision de politique monétaireMaintien des taux directeurs en l’état.
20:00Réunion de la banque centrale suivie par la conférence de presse de J. Powell à partir de 20:30Taux inchangés. Etant donné qu’il s’agit de la première réunion de la banque centrale suite à la présidentielle, le marché surveillera toute inflexion de politique monétaire qui pourrait être esquissée par J. Powell.
06/1114:30Rapport sur l’emploi (Oct)Nouvelle baisse attendue du taux de chômage à 7,7% contre 7,9% précédemment.

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