Ça commence à devenir compliqué

La macroéconomie commence à montrer des signes de faiblesse. Aux Etats-Unis, plusieurs statistiques ont déçu les cambistes ces dernières séances. Les revendications hebdomadaires au chômage (qui sont le seul indicateur en temps réel pour savoir comment va le marché du travail) ont fortement rebondi la semaine passée, de 231 000 à 286 000. Le consensus des analystes tablait sur une baisse à 220 000. Les ventes au détail en décembre ont également fortement chuté de -1,9% contre une baisse attendue à -0,1%. C’est un mauvais signal pour la dynamique de croissance. Enfin, l’indice de confiance de l’Université du Michigan a aussi chuté en janvier et la production industrielle en décembre s’est contractée (faiblement toutefois). Cette contre-performance de l’économie américaine semble d’abord attribuable à la nouvelle vague de la pandémie liée à Omicron. Mais on ne peut pas exclure que la hausse quasiment généralisée des prix commence aussi à pénaliser l’activité économique. On se doute bien que des ménages et des entreprises commencent à être en difficulté avec une inflation proche de 7% (et qui pourrait continuer de croître dans les mois à venir). L’inflation devient même un sujet politique sensible aux Etats-Unis. Le président américain Joe Biden a clairement appelé le président de la Réserve Fédérale (Fed) Jerome Powell à agir pour éviter que l’inflation ne soit durable et nuise à la croissance du PIB. Cela valide le scénario d’une très prochaine hausse des taux par la Fed et la fin en mars prochain du tapering (processus de réduction des rachats d’actifs).

De ce côté-ci de l’Atlantique, l’inflation est aussi toujours le principal point d’attention. L’inflation en zone euro a été confirmée en dernière lecture à 5% en décembre contre 4,9% en novembre. C’est un record. En Espagne, l’inflation sur la même période était à un point haut depuis 1990 (à 6,7%). Le compte-rendu de la réunion de décembre de la BCE n’a pas surpris. L’institution ne considère plus que l’inflation soit temporaire (difficile de maintenir un tel discours au regard des chiffres). En revanche, son scénario central d’évolution de l’inflation est optimiste. Elle s’attend à ce que l’inflation en zone euro chute sous 2% d’ici la fin de l’année. Peu d’analystes partagent ce point de vue. Beaucoup soulignent que l’inflation liée à l’énergie va s’estomper mais que l’inflation observable dans les services va prendre le relais. Pour l’instant, la BCE ne compte pas agir. Elle reste droit dans ses bottes.

Sur le marché des changes, l’euro a perdu un peu de terrain face au dollar américain en variation hebdomadaire. C’est essentiellement le résultat d’un renforcement plus généralisé du billet vert face à ses autres principales contreparties au cours de la semaine passée (hausse de l’USD de 0,81% face à la livre sterling, de 0,88% face au dollar mexicain entre autres). Le dollar bénéficie notamment des remous qu’on observe actuellement sur les bourses (baisse de l’indice parisien CAC 40 de 1,22% la semaine passée). L’EUR/USD reste toujours en zone d’indécision à court terme de notre point de vue. Lors de la séance de vendredi, l’euro a rebondi sur la zone des 1,1300. Mais le mouvement haussier qui en a résulté manque de puissance (rebond de 60 pips). Il faudrait un franchissement de la zone des 1,1400 pour considérer que la paire évolue désormais dans un canal haussier de moyen terme. A plus long terme, notre vision n’a pas changé pour l’euro. La hausse des taux aux Etats-Unis et le statu quo de politique monétaire vont favoriser une baisse durable de l’EUR/USD vers la zone des 1,10 d’ici la fin de l’année.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,10971,12301,14971,1631
EUR/GBP 0,82000,82790,84260,8499
EUR/CHF 1,01601,02681,04091,0590
EUR/CAD 1,39861,41041,43341,4445
EUR/JPY 126,98128,03132,22134,84

+33 (0)1 48 09 09 83

La semaine qui commence va être intéressante. Plusieurs statistiques vont permettre d’ajuster notre scénario macroéconomique pour les mois à venir. L’Allemagne va publier l’indice IFO du climat des affaires et le PMI manufacturier pour le mois de janvier. La première économie de la zone euro a montré d’importants signes de fragilité au quatrième trimestre. Les économistes les plus pessimistes ont même parlé de risque de récession technique en 2022. C’est trop tôt pour le savoir. Mais ces nouveaux chiffres permettront de savoir si l’économie allemande se rétablit un peu ou reste en difficulté.

Les banques centrales seront aussi au rendez-vous. La réunion de la Fed devrait être sans surprise. Toutefois, suite au coup de pression donné par la Maison Blanche, Jerome Powell pourrait être tenté d’être plus ferme dans sa volonté de lutter contre l’inflation et de remonter les taux lors de sa conférence de presse. Cela pourrait provoquer quelques remous sur les taux de change, et surtout les paires en USD. La Banque du Canada se réunira le même jour que la Fed. La majorité des analystes prévoit une première hausse des taux en mars prochain. Mais une minorité n’exclut pas qu’elle puisse intervenir dès cette semaine en tenant compte de la très bonne dynamique de l’emploi et du maintien d’un niveau d’inflation élevé. C’est un évènement dans l’agenda qui potentiellement pourrait provoquer beaucoup de volatilité. Il faudra donc penser à bien adopter la bonne stratégie de couverture si vous êtes exposé au CAD.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
24/0109:30PMI manufacturier (Janvier)En légère baisse à 56,8 contre 57,4 précédemment.
25/0110:00Indice IFO du climat des affaires (Janvier)Hausse prévue par le consensus à 95,3 contre 94,7 précédemment.
26/0116:00Réunion de la banque centraleUne minorité de cambistes s’attend à une hausse du taux directeur de 0,25% à 0,50%.
20:00Réunion de la banque centraleStatu quo de politique monétaire attendu. Mais la conférence de presse de J. Powell à partir de 20h30 pourrait donner des indications précieuses sur l’évolution des taux.
27/0114:30Première estimation du PIB au T4Le consensus des analystes prévoit une hausse de 5,8% contre 2,3% précédemment.

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