Ca devient douloureux

La volatilité a connu un rebond sur le marché des changes dans la foulée de la publication de l’indice des prix à la consommation aux Etats-Unis la semaine dernière. Le chiffre dévoilé était mauvais. L’inflation a largement dépassé les attentes des analystes, pour s’ancrer à 7,5% sur un an en janvier contre 7,0% en décembre. Hors composants volatils, l’inflation est encore inconfortablement élevée à 6%. Cela montre bien que les pressions inflationnistes aux Etats-Unis ne sont pas uniquement le résultat de la progression des prix de l’énergie. D’autres facteurs entrent en compte : l’engorgement continu du commerce international et la boucle prix-salaire entre autres. Pour convaincre le marché des devises de sa capacité à combattre l’inflation élevée, la Réserve Fédérale américaine devra frapper fort lors de sa réunion du mois de mars prochain. Nous tablons sur une hausse du taux directeur de 50 points de base, comme une majorité d’intervenants sur le FX. Mais ce ne sera pas suffisant. On estime qu’une hausse du taux directeur met en général six à neuf mois à se répercuter sur l’économie réelle. Il faut donc s’attendre, sauf miracle, à ce que l’inflation continue de grimper dans les mois à venir. Nous ne serions pas étonnés que l’indice des prix à la consommation atteigne le niveau stratosphérique de 8% en février ou en mars.

Des pressions inflationnistes aussi accentuées entraînent en général des conséquences négatives majeures sur l’économie. A un tel niveau, elles effacent les gains de pouvoir d’achat obtenus grâce à la hausse des salaires ces derniers mois. Quelques indicateurs commencent à indiquer que la consommation se grippe aux Etats-Unis. Les ventes au détail ont fortement déçu en décembre alors que c’est habituellement un mois très propice aux achats du fait des fêtes de fin d’année. En outre, l’enquête NFIB d’optimisme des petites entreprises, qui a été publiée la semaine dernière, a montré qu’une majorité d’entreprises (61%) ont augmenté substantiellement leurs prix de vente en janvier. Cela ne fait certainement que commencer. Beaucoup d’analystes indiquent que les administrations Trump et Biden ont injecté trop d’argent dans l’économie pour faire face aux conséquences de la pandémie, ce qui a conduit à une spirale inflationniste qu’il sera difficile d’arrêter. La tâche qui attend la Réserve Fédérale américaine est difficile. Personne ne souhaite être à la place de Jerome Powell en ce moment.
En zone euro, l’inflation est moins élevée. Il n’y a pas de boucle prix-salaire (sauf dans quelques secteurs en forte tension). L’énergie est la principale cause de la hausse des prix, comme l’ont rappelé plusieurs membres du Conseil des gouverneurs au cours des derniers jours (Christine Lagarde, Isabel Schnabel). Toutefois, contrairement à ce que la Banque Centrale Européenne espérait, tout indique que l’inflation va subsister plus longtemps que prévu. La Commission Européenne a fortement révisé à la hausse ses prévisions d’inflation pour 2022, à 3,5% contre 2,2% il y a trois mois de cela. C’est un ajustement brutal en un laps de temps très court. La Commission anticipe une forte baisse de l’inflation à partir de 2023 (à 1,7%). A ce stade, c’est un vœu pieux. Les prochains mois vont être compliqués pour la Banque Centrale Européenne également.

Enfin, le cycle de durcissement monétaire continue dans les pays émergents. La Pologne a été très agressive la semaine dernière en annonçant une hausse du taux directeur de 50 points de base à 2,75%. La banque centrale a clairement indiqué que ce n’est qu’un début et que des hausses d’ampleur similaire interviendront tant que l’inflation n’a pas atteint son pic. Elle augmente encore et se situe actuellement à 8,6% en rythme annuel en décembre. De manière surprenante, le zloty polonais n’a pourtant pas profité de cette décision.

Sur le marché des changes, l’EUR/USD a évolué dans un range d’un peu plus de 130 points autour des 1,14. Le potentiel baissier à moyen terme est intacte, à en juger par l’analyse technique qui nous donne un objectif à 1,11. Il pourrait être potentiellement atteint en mars prochain à l’occasion des réunions de banques centrales (Réserve Fédérale américaine et Banque Centrale Européenne). D’ici là, la volatilité devrait rester présente. En outre, l’euro affiche une belle reprise face au franc suisse (+1,94% depuis le début de l’année). C’est en grande partie liée à une intensification probable des interventions de la Banque Nationale Suisse sur le marché des changes et aussi à une légère baisse de l’aversion au risque. Si la tendance se poursuit sur la paire EUR/CHF, elle pourrait rapidement rallier la résistance située à 1,0647, un niveau qui n’a pas été atteint depuis octobre 2021.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,11761,12461,15371,1657
EUR/GBP 0,82300,82870,85030,8596
EUR/CHF 1,04041,04381,06471,0729
EUR/CAD 1,41551,42021,45961,4687
EUR/JPY 130,27131,20133,10135,97

+33 (0)1 48 09 09 83

La semaine qui débute va ressembler étrangement à celle qui vient de se terminer. L’inflation sera le principal point d’attention. Cette fois, il ne s’agira pas de l’indice des prix à la consommation mais de l’indice des prix à la production. Le consensus des économistes table sur une nouvelle hausse en janvier (0,4% en variation mensuelle contre 0,2% en décembre). Une hausse plus importante n’est pas à exclure. Les transporteurs maritimes ont communiqué que les coûts du fret ont fortement rebondi en décembre pour les Etats-Unis, ce qui va directement avoir des conséquences sur les prix à la production. Nous estimons que cette statistique va simplement confirmer les attentes de hausse du taux directeur de 50 points de base par la Réserve Fédérale américaine le mois prochain.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
15/0211:00Indice ZEW du sentiment économique (Février)Très fort décrochage attendu, à 32,0 contre 51,7 précédemment.
14:30Indice des prix à la production (Janvier)Le consensus table sur une nouvelle progression en variation mensuelle, à 0,4% contre 0,2% en décembre 2021.
16/0214:30Ventes au détail (Janvier)Rebond prévu de 1,7% après le chiffre décevant du mois de décembre (-1,9%).
17/0214:30Indice manufacturier de la Fed de Philadelphie (Février)Nouvelle baisse prévue à 20,0. En octobre dernier, il se situait à 23,8.

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