De la guerre commerciale à la guerre des devises ?

Le point macro

Il y a comme une atmosphère de guerre des devises sur le marché des changes. Comme c’était largement attendu, la Fed et la BCE ont ouvert la porte à une politique monétaire plus accommodante dans les mois à venir afin de soutenir l’activité économique. La Fed devrait baisser à deux reprises ses taux cette année, probablement à partir de juillet prochain à hauteur de 50 points de base, tandis que Mario Draghi a clairement ouvert la porte lors du forum de la BCE à Sintra (Portugal) à de nouvelles mesures expansionnistes, qu’il s’agisse d’une baisse des taux et/ou d’une relance du programme de rachats d’actifs (QE). Les commentaires de Mario Draghi n’ont pas été du goût de Donald Trump qui a immédiatement répliqué sur Twitter, accusant la zone euro de manipuler le taux de change de sa monnaie. Une nouvelle étape de la guerre commerciale, sous la forme d’une guerre des devises, devient de plus en plus probable. Voyant que le déficit commercial américain ne se réduit pas, Donald Trump pourrait chercher à faire baisser le taux de change du dollar. Une telle stratégie a déjà été mise en œuvre par les Etats-Unis, au milieu des années 80 et au début des années 90.

L’autre banque centrale à statuer sur sa politique monétaire a été la Banque d’Angleterre (BoE) qui, progressivement, pourrait aussi adopter une politique monétaire plus accommodante. Du fait des incertitudes croissante sur le Brexit, elle a révisé à la baisse ses prévisions de croissance, à zéro au deuxième trimestre. Nous tablons sur une seule baisse de taux cette année, ce qui ne devrait pas aider le taux de change de la livre sterling, en repli de près de 1,7% face à l’euro sur un mois. Cependant, la marge de manœuvre pour baisser les taux est limitée car les anticipations d’inflation des ménages sont en forte hausse, au-dessus de 3%.

Dans le détail, l’euro affiche sa meilleure performance hebdomadaire face au dollar américain avec une progression de 0,50%. Comme nous l’indiquions dans « L’hebdo devises » de la semaine passée, l’euro a tendance à être en hausse face au dollar lorsque la Fed enclenche sa première baisse de taux. Une telle réaction du marché s’est produite lors des six derniers cycles d’assouplissement aux Etats-Unis et a toutes les chances de se produire à l’aube de ce septième cycle. Par conséquent, on peut anticiper une poursuite de la hausse encore au mois de juillet. En revanche, l’euro était en repli face aux valeurs refuge, notamment le CHF et le JPY, respectivement de l’ordre de 0,80% et de 0,06%, en raison de l’accentuation des tensions géopolitiques dans le détroit stratégique d’Ormuz, où l’Iran et les Etats-Unis s’affrontent.

Le point technique

La question de la poursuite du mouvement haussier de l’euro face au dollar va aussi dépendre de l’analyse technique. L’euro est récemment sorti de son canal baissier de long terme. La devise a rebondi le 18 juin dernier sur sa moyenne mobile à 50 jours, juste après le discours accommodant de Mario Draghi, et conserve de notre point de vue un potentiel haussier à court terme, au moins jusqu’à 1,1380, qui correspond à la moyenne mobile à 200 jours. Une cassure de ce niveau pourrait permettre une extension de la hausse mais nous n’y sommes pas encore.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,11111,11611,13931,1534
EUR/GBP 0,88730,88420,89340,8964
EUR/CHF 1,09951,10581,12451,1294
EUR/CAD 1,48301,49321,50861,5136
EUR/JPY 120,57121,14122,73123,75

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Les annonces à suivre

Cette semaine, il y aura trois fils conducteurs : le risque géopolitique, les banques centrales et les relations sino-américaines.

Une nouvelle escalade des tensions entre l’Iran et les Etats-Unis n’est pas à exclure, étant donné la forte détérioration des relations depuis le mois d’avril. Les responsables iraniens, conscients que Donald Trump a de solides chances d’être réélu pour un second mandat, ont changé d’attitude ces dernières semaines et semblent prêts à un long bras de fer avec Washington. Même si un scénario de guerre est peu probable, une accentuation sporadique des tensions au cours des prochaines semaines est envisageable, favorisant les valeurs refuge sur le marché des changes. L’été est coutumier de ces montées d’adrénaline dans le Golfe Persique.

Par ailleurs, le discours de J. Powell sera très attendu ce mardi car il devrait confirmer le biais ouvertement accommodant de la banque centrale américaine et rassurer le marché sur la perspective de baisse des taux attendue en juillet prochain.

Enfin, le G20 d’Osaka devrait aboutir à une réunion au sommet entre l’exécutif chinois et américain si tout se passe comme prévu. Il s’agira surtout d’un exercice de communication politique avec peu de retombées concrètes. La possibilité d’un accord commercial est faible à court terme. Etant donné les nombreux sujets de divergence, il faudra de longs mois de négociations pour parvenir à un accord, à condition que la situation politique entre les deux pays le permette.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
24/0610:00Indice IFO du climat des affairesProbable nouvelle baisse en lien avec les craintes entourant la guerre commerciale
25/0619:00Discours du président de la Fed, J. PowellIndications concernant une baisse des taux en juillet
27/0614:30PIB trimestriel au T1 (dernière estimation)Hausse à 3,2% contre 3,1% lors de la précédente estimation
28/0610:30PIB trimestriel au T1Confirmation d’une hausse à 0,5% du fait d’une progression des stocks en prévision du Brexit

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