Difficile d’y voir clair

Le point macro

La hausse des prix de l’énergie (du gaz par exemple) n’a pas un impact direct sur le marché des changes. L’EUR/USD a peu réagi au bond inédit du prix du gaz sur les marchés internationaux la semaine passée. En revanche, la détérioration de la situation sur le front énergétique est le reflet des difficultés auxquelles font face les économies en cette période d’après-confinement. Les prévisionnistes anticipaient une longue phase de reprise économique en 2022 et en 2023. Ce ne sera pas le cas. Les statistiques publiées ces derniers jours ont brossé un panorama économique mitigé. En Allemagne, la croissance au troisième trimestre ne repose que sur l’activité dans les services. Le secteur manufacturier, moteur traditionnel de l’économie outre-Rhin, est à la traîne. La production industrielle en août s’est effondrée de 4% sur un mois – beaucoup plus que ce que prévoyait le consensus (-0,5%). En France, les perturbations au niveau de la chaîne d’approvisionnement et la hausse des prix de l’énergie pénalisent le secteur manufacturier. Des entreprises envisagent de réduire la production pour y faire face. Le secteur des services est plus solide. Mais des inquiétudes demeurent quant au niveau de fond propre des entreprises et à la capacité de réinjecter dans l’économie le surplus d’épargne lié à la crise. Heureusement, la pandémie est en reflux partout sur le continent européen. Aucun nouveau variant potentiellement plus dangereux que le variant delta ne circule. L’hypothèse d’un confinement cet hiver est exclue.

La hausse de l’inflation est un des traits marquants de la période actuelle. La Banque Centrale Européenne et la Réserve Fédérale américaine continuent de soutenir que l’augmentation est temporaire. D’autres banques centrales ne partagent pas le même diagnostic. La semaine dernière, la banque centrale de Nouvelle-Zélande a augmenté pour la première fois en sept ans son principal taux directeurs de 25 points de base à 0,50%. La banque centrale polonaise a pris de court les cambistes avec une hausse massive de 40 points de base de son taux directeur à 0,50%, provoquant au passage un regain de volatilité sur le zloty. D’autres banques centrales suivront. La divergence de politique monétaire qui est en train de prendre forme va entrainer des conséquences sur les fluctuations des devises et pourrait remettre au goût du jour les stratégies de carry trade qui consistent à profiter des différentiels de taux d’intérêts entre les devises. Dans un monde de taux ultra-bas, le carry trade avait disparu. Avec les hausses de taux à l’œuvre un peu partout dans le monde, cette stratégie va de nouveau être prisée par les cambistes. Nous sommes dans une période de transition, du point de vue économique, mais également au niveau du marché des devises.

Le point technique

L’EUR/USD est toujours engagé dans un canal baissier de long terme. La chute sous le support situé à 1,16 en milieu de semaine dernière a constitué un signal de vente pour de nombreux cambistes. A en juger par l’analyse technique et les fondamentaux, il y a peu de possibilités de rebond durable de la paire à court terme. Nous tablons sur un ralliement d’ici la fin de l’année de la zone des 1,15 avec potentiellement une chute à 1,1465 – cette zone fait office de principal support. Les réunions de banque centrales à venir, notamment la Réserve Fédérale début novembre, pourraient servir de déclencheur d’un nouveau mouvement de repli de la paire. L’EUR/USD semble enfin être sorti de sa phase de léthargie des derniers mois !

En ce qui concerne l’EUR/GBP, la paire a de nouveau tenté de sortir de son range des trois derniers mois compris entre 0,85 et 0,86. L’envolée au-dessus des 0,86 avait échoué. Il n’est pas certain que la baisse sous les 0,85 réussisse. On peut s’attendre à ce que le cross soit un peu volatil à court terme. Il faudra donc impérativement prévoir une stratégie de couverture de change pour faire face à cet aléa.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,1461,15001,16941,179
EUR/GBP 0,83150,8400,86000,8636
EUR/CHF 1,06001,06221,08451,0901
EUR/CAD 1,43001,43171,47891,4917
EUR/JPY 127,34128,0131,19133,11

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Les annonces à suivre

La hausse des coûts de l’énergie et l’inflation vont être au cœur des préoccupations cette semaine. Les chiffres de l’inflation aux Etats-Unis en septembre (indice des prix à la consommation ce mercredi et indice des prix à la production ce jeudi) devraient confirmer que les pressions inflationnistes restent à des niveaux élevés. L’inflation sous-jacente (qui exclut l’alimentation et l’énergie car trop volatils) est prévue en progression à 4,2% sur un an – contre 4,0% en août. Cela va être de plus en plus compliqué pour la Réserve Fédérale de dire que l’inflation est transitoire (« transitory », en anglais). Le dollar américain devrait sortir gagnant d’une période d’inflation durablement haute, selon nous.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
12/1011:00Indice ZEW du sentiment économique (Octobre)Précédent à 26,5 en septembre.
16:00Rapport JOLTS sur les nouvelles offres d’emploi (Août)Précédent à 10,934M. Les offres d’emploi devraient rester à un niveau très élevé.
13/1014:30Indice des prix à la consommation (Septembre)En variation annuelle, l’inflation sous-jacente (hors alimentation et énergie) est attendue en hausse, à 4,2% contre 4,0% précédemment. Un tel niveau remet sérieusement en cause la théorie de l’inflation élevée temporaire.
14/1014:30Prix à la production (Septembre)Le consensus des économistes estime que les prix à la production vont continuer d’augmenter, mais à un rythme moins soutenu (+0,5% sur un mois).
15/1014:30Indice manufacturier de la Fed de New York (Octobre)Baisse à 27,80 – probablement du fait des problèmes d’approvisionnement et de la hausse des coûts.
16:00Indice de confiance de l’Université du Michigan (Octobre)Première estimation attendue à 74,0 contre 72,8 en septembre.

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