Fin d’année

Le marché des devises a évolué au gré des réunions de banques centrales la semaine dernière. Certaines ont durci leur politique monétaire pour lutter contre les pressions inflationnistes. D’autres ont préféré attendre. Sans surprise, la Réserve Fédérale américaine a accéléré le tapering qui passe de 30 milliards de dollars par mois contre 15 milliards de dollars jusqu’à présent. Il devrait prendre fin en mars prochain. En outre, une majorité de membres du Conseil des gouverneurs prévoit désormais trois hausses de taux l’an prochain. C’est en ligne avec le consensus du marché. La banque centrale reste confiante sur la direction de l’économie américaine. Elle prévoit que le taux de chômage chute à 3,5% fin 2022 (contre 5,2% actuellement) et que la croissance en rythme annuelle atteigne 4% (contre une estimation autour de 6% pour 2021). C’est peut-être un peu optimiste. En septembre dernier, elle anticipait une croissance de 3,8% sans hausse de taux. On voit mal comment elle pourrait rebondir à 4% avec trois hausses de taux. En effet, cela va durcir les conditions financières et réduire l’accès au crédit pour les ménages et les entreprises, par exemple. Dans l’ensemble, le marché des changes a toutefois bien réagi aux annonces de la Réserve Fédérale. Le principal gagnant du cycle de durcissement monétaire aux Etats-Unis va être le dollar américain. D’après nous, il devrait afficher de solides performances face aux autres monnaies en 2022.
La semaine dernière, plusieurs banques centrales ont augmenté leur taux directeur : la Norges Bank (+25 points de base), la Banque d’Angleterre (+15 points de base) et la banque centrale du Chili (+125 points de base). La hausse du taux directeur au Royaume-Uni était loin d’être acquise, comme nous l’indiquions dans notre point hebdo du 13 décembre. Il semble que la banque centrale ait privilégié la lutte contre les pressions inflationnistes plutôt que le soutien à la croissance dans un contexte sanitaire de plus en plus tendu (la presse britannique parle de « raz de marée » pour qualifier l’expansion du variant Omicron). La banque centrale prévoit que l’inflation, mesurée par l’indice des prix à la consommation, va atteindre 6% l’an prochain. Cela signifie concrètement que d’autres hausses de taux vont survenir dans les prochains mois pour atténuer la hausse des prix. Nous sortons progressivement de l’ère de l’argent facile et des taux ultra-bas.
A l’inverse, la Banque Centrale Européenne et la Banque Nationale Suisse ont opté pour le statu quo. La Banque Nationale Suisse a maintenu sa politique de taux négatif (-0,75%) et a relevé sa projection d’inflation à 3% pour 2022. Elle a de nouveau indiqué être disposée à intervenir sur le marché des changes pour atténuer les pressions sur le franc suisse qui « se maintient à un niveau élevé » (communiqué de la banque centrale). C’est un risque à prendre en compte. Depuis le début de l’année, l’EUR/CHF a perdu près de 3,4% de sa valeur. Du côté de la Banque Centrale Européenne, il n’y a aucune hausse de taux à l’horizon. La banque centrale a confirmé mettre un terme à son programme de rachats d’actifs contre la pandémie (aussi appelé PEPP) en mars prochain. Pour éviter un sevrage trop brutal des marchés financiers, elle a prévu d’augmenter jusqu’à fin 2022 son programme d’achats classique (APP) qui prendra en quelque sorte le relais du PEPP. Cela correspond au scénario attendu par les cambistes. Contrairement à la Réserve Fédérale et à la Banque d’Angleterre, la Banque Centrale Européenne ne parait pas préoccupée par les pressions inflationnistes. Cela ne va peut-être pas durer longtemps. L’inflation en zone euro a atteint 4,9% en novembre sur un an – bien au-delà du seuil de tolérance situé à 2%.

Sur le marché des changes, l’euro a affiché un gain faible face au dollar américain en variation hebdomadaire. Les cambistes qui étaient positionnés à l’achat sur le dollar avant la Réserve Fédérale ont liquidé leurs positions par la suite. C’est un phénomène courant avant une réunion de banque centrale importante. De notre point de vue, l’euro évolue toujours dans une tendance baissière à moyen terme. Les niveaux à prendre en compte pendant la période des fêtes sont 1,1172 (principal support de la paire à moyen terme) et 1,1447 (résistance). Il faudra être attentif dans les séances à venir à l’évolution de l’EUR/CHF qui a encore perdu un peu de terrain la semaine dernière. En l’espace de trois mois, la baisse est de 4,6%. La Banque Nationale Suisse va bien finir tôt ou tard par intervenir sur le marché. Leçon importante : ne jamais se positionner contre une banque centrale qui a une force de frappe quasi-infinie.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,10451,11721,14471,1550
EUR/GBP 0,83160,84280,85900,8651
EUR/CHF 1,03021,03661,0501,0590
EUR/CAD 1,40651,42321,4691,4750
EUR/JPY 126,66127,4129,11129,93

+33 (0)1 48 09 09 83

Il va sans dire qu’il y a peu de statistiques en cette semaine de Noël. Mais cela ne veut pas dire que ce sera calme sur le marché des changes. La baisse des volumes entraîne souvent des mouvements abrupts sur les devises, y compris les paires en euro. C’est certainement le moment de l’année où il faut être le plus vigilant et bien penser à adopter une couverture de change appropriée, si on est exposé au marché.

Nous vous souhaitons de très heureuses fêtes de fin d’année et nous nous retrouverons le lundi 03 janvier 2022 !

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
22/1208:00Publication du PIB au troisième trimestrePrécédent à 1,3% en variation trimestrielle.
14:30Publication du PIB au troisième trimestreNouvelle estimation. Le consensus table sur un chiffre à 2,1% en variation trimestrielle.
16:00Confiance des consommateurs du Conference Board (Décembre)Précédent à 109,5.

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