Incertitudes et volatilité

Les banques centrales devraient être en retrait en avril. Il n’y a pas de grandes réunions dans les pays du G7, à l’exception de celle de la Banque du Canada mais qui devrait être un non-évènement. Nous nous attendons à ce que le FX évolue en fonction de l’appétit/aversion au risque (qui est liée en partie au stress bancaire) et surtout en fonction de l’évolution de la conjoncture qui est encore incertaine.

C’était une semaine de répit. Il n’y avait pas de réunion importante des banques centrales, il y avait finalement assez peu de statistiques (à part l’inflation en zone euro que nous évoquerons dans un instant) et le stress bancaire, qui avait provoqué beaucoup de remous sur le FX il y a quelques semaines de cela, s’est atténué. Le marché des CDS (Credit Swap Default), qui permet de se couvrir contre le risque d’une faillite bancaire, n’est pas revenu à la normale. La volatilité est anormalement élevée. C’est en partie liée à la faible liquidité (il suffit qu’un trade important ait lieu pour que cela fasse monter le niveau de stress sur les CDS). Mais tout porte à croire qu’une crise financière (similaire à celle connue en 2008) n’aura pas lieu. En revanche, il y aura certainement une accélération du processus de fusions-acquisitions, plus aux Etats-Unis (où c’est nécessaire) qu’en Europe. Ce processus sera lent et ne sera certainement pas sans embûches. Cela signifie que nous pourrions avoir dans les mois à venir de nouveaux regains de stress sur le marché qui affectent directement les devises (comme c’est toujours le cas lorsque le risque ressurgit, le yen japonais devrait être le principal vainqueur).
Sur le front des statistiques, il n’y a toujours pas de signe évident de récession aux Etats-Unis. Malgré l’inflation, le consommateur américain est toujours résilient. L’indice de confiance du consommateur a augmenté encore une fois au mois de mars pour atteindre 104,2 contre 103,4 en février et un consensus à 101. C’est une bonne nouvelle, par conséquent. Dans le détail, la composante portant sur les anticipations d’évolution économique était en progression également (73,0 contre 70,4 en février). La composante sur la situation actuelle était en léger repli en revanche (151,1 contre 153,0 un mois plus tôt). L’inflation est l’autre bémol. Les anticipations concernant les hausses de prix sont ressorties en progression à 6,3% contre 6,2% précédemment. Bien que tout ne soit pas parfait, cet indicateur (comme d’autres portant sur la consommation) montre bien que l’économie américaine se porte globalement bien. En outre, la bulle sur le marché de l’immobilier continue de se dégonfler. C’est un point d’attention important. Pour l’instant, la baisse des prix se fait de manière ordonnée. Par rapport à son point haut atteint après la Covid, les prix de l’immobilier à San Francisco sont en chute de 17,1% (et de 7,6% sur un an). A Seattle, la baisse est de 5,1% sur un an. Miami est la seule grande ville américaine où les prix poursuivent leur progression – avec une appréciation de 60,4% par rapport à la période d’avant-Covid. C’est certainement en grande partie liée au télétravail qui permet aux employés américains de travailler de n’importe où et en particulier de la Floride (qui est plus accueillante que New York du point de vue du climat et de la fiscalité).
Au niveau de la zone euro, le stress bancaire (même s’il s’est dissipé) devrait aboutir à une baisse du crédit dans l’économie et donc à un ralentissement du PIB. La baisse était déjà enclenchée depuis le début de l’année. La masse monétaire (en particulier M1 qui est l’indicateur le plus suivi puisqu’il fait référence aux dépôts et à la monnaie en circulation) était en contraction de 2,7% en février. C’est un record. Cela signifie que la croissance va ralentir dans les trimestres à venir. Sur le terrain de l’inflation, il y a du bon et du mauvais. Tout dépend d’où on regarde. L’indice des prix à la consommation a nettement ralenti en zone euro en mars (chute à 6,9% sur un an contre 8,5% en février). C’était un peu attendu (effet de base + recul des prix de l’énergie). En revanche, l’inflation sous-jacente a progressé. Elle se situe désormais à 5,7%. Ce n’est pas tant la hausse récente qui est préoccupante que le niveau. L’inflation sous-jacente est considérée comme le meilleur indicateur pour savoir si les pressions inflationnistes sont durables ou pas. Avec un niveau très supérieur à 2% en rythme annualisé, il semble évident que l’inflation va encore rester un problème pendant longtemps (en particulier pour les banquiers centraux). Selon nous, le niveau actuel de l’inflation sous-jacente devrait inciter la Banque Centrale Européenne (BCE) à augmenter son taux directeur de 50 points de base le mois prochain (il n’y a pas de réunion de politique monétaire du Conseil des gouverneurs en avril). Pour le moment, l’inflation persistante n’a pas encore provoqué un effondrement des ventes au détail en zone euro mais cela risque de survenir (ça s’est produit en Suède selon les dernières données communiquées la semaine dernière). A un certain stade, les ménages ne sont plus en mesure de faire face. Nous sommes confrontés à un environnement économique plutôt très fragile.

Le point technique

Sur le marché des changes, l’euro a repris beaucoup de terrain face à ses principales contreparties. La paire EUR/USD affiche une progression de plus de 1,17% en variation hebdomadaire. La semaine passée, la volatilité était toujours au rendez-vous (avec une borne de fluctuations de plus de 220 pips). On ne peut pas exclure qu’une résurgence du stress bancaire fasse de nouveau fléchir l’euro. Mais la tendance de fond reste à la hausse, selon nous. Il faut juste que la paire trouve un catalyseur pour s’échapper durablement de la zone située autour de 1,10. Pour l’instant, rien en vue. On notera la bonne résistance de la livre sterling (+0,95% en un mois face à l’euro). Finalement, la situation au Royaume-Uni est moins pire que prévu au niveau économique. Ce fut confirmé vendredi dernier. Le PIB a échappé de justesse à la récession avec une progression de 0,1% du PIB au T4 2022 après une contraction au T3. A moyen terme, la paire EUR/GBP devrait continuer d’évoluer dans une borne large comprise entre 0,87 et 0,89, comme c’est le cas depuis plusieurs mois.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,06881,07751,09451,1009
EUR/GBP 0,86020,86820,88900,8958
EUR/CHF 0,98110,98951,00891,0102
EUR/CAD 1,45401,46221,48901,5003
EUR/JPY 138,09141,39147,90148,90

Les annonces à suivre

Cette semaine ne sera pas particulièrement mouvementée au niveau des statistiques. L’emploi américain au mois de mars est la principale donnée à surveiller. Le consensus prévoit 213 000 créations d’emplois. Tant que c’est au-dessus du seuil symbolique de 200 000, c’est un bon chiffre. Dit autrement, il est peu probable que l’évolution conjoncturelle du marché du travail américain pèse beaucoup dans les prochaines décisions de la banque centrale américaine. On gardera toujours un œil sur l’évolution du stress bancaire même si le risque s’est nettement réduit en l’espace de quelques séances.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 03/04/202316:00USAIndice ISM manufacturier (Mars)Prévision à 47,1 contre 47,7 en février.
Le 05/04/202314:15USAEnquête ADP sur l’emploi privé (Mars)Baisse à 200k contre 242k en février.
Le 05/04/202316:00USAIndice ISM non manufacturier (Mars) Consensus à 54,6 contre 55,1 en février.
Le 07/04/202314:30USARapport sur l’emploi du Département du Travail (Mars)Créations d’emplois à 213 000 contre 265 000 précédemment.

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