Indécision

Le point macro

C’est un inventaire à la Prévert dont on se serait bien passé. Les indicateurs économiques qui tombent sont tous plus mauvais les uns que les autres. Les données du commerce international en Asie concernant le mois de mai n’indiquent pas de reprise en V mais plutôt une reprise en L, c’est-à-dire particulièrement lente des échanges commerciaux. En Europe, la pandémie est désormais quasiment sous contrôle partout, sauf au Royaume-Uni, mais les signes de reprise sont faibles, particulièrement au niveau de la consommation. C’est encore pire aux Etats-Unis où non seulement le COVID continue de se propager à un rythme plus soutenu dans de nombreux Etats mais les statistiques indiquent que l’activité au deuxième trimestre s’est effondrée à un niveau jamais connu. Si on regarde l’évolution de la production industrielle en variation annuelle sur les derniers mois, c’est une catastrophe : -0,18% en février (premiers cas de COVID recensés ce mois-ci), -4,86% en mars, -16,25% en avril et -15,27% en mai. Une telle baisse sur une si longue durée est sans précédent dans les annales économiques des Etats-Unis. Les prochains mois vont être compliqués. C’était clairement le message passé par le président de la Réserve Fédérale la semaine dernière à l’occasion de son audition devant le Congrès. En substance, il a rappelé pour la énième fois qu’il ne croit pas à une reprise en V et a exclu une reprise économique totale tant que la population n’aura pas le sentiment que le virus soit contenu. Dans ce contexte, il a estimé que les salariés du secteur des services vont avoir de très conséquentes difficultés à retourner au travail. En outre, il a souligné que d’importantes incertitudes pèsent sur le timing et la force de la reprise économique. En termes de politique monétaire, il a réaffirmé son engagement à faire tout ce qui est nécessaire pour soutenir l’activité et contenir les tensions de marché, particulièrement via les rachats d’actifs (dette publique mais de plus en plus dette privée des entreprises aussi). Il a en revanche clairement exclu la mise en place de taux négatifs, comme c’est le cas en zone euro, du fait de leur impact négatif sur la rentabilité du secteur bancaire.

Le point technique

L’euro/dollar est entré dans une zone d’incertitude à l’heure où nous écrivons. Graphiquement, le même schéma que sur la période mi-février mi-mars semble se produire. A l’époque, lorsque le virus a pris une ampleur mondiale, le sentiment de marché est devenu très positif à l’égard de l’euro conduisant la paire au-dessus des 1,1400. Ce fut de courte durée puisque la paire a ensuite rapidement reflué vers les 1,08. Nous sommes exactement dans la même configuration de moyen terme. Après avoir atteint la zone des 1,1400 il y a deux semaines, l’euro/dollar est désormais entré dans un mouvement baissier qui pourrait le ramener vers ses points bas annuels. Dans l’immédiat, c’est la zone de support située à 1,1087 qu’il faudra surveiller.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,10001,10871,13821,1507
EUR/GBP 0,88010,88880,91020,9253
EUR/CHF 1,02631,05071,08581,0996
EUR/CAD 1,49211,51061,54631,5635
EUR/JPY 114,02117,88123,24125,62

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Les annonces à suivre

Maintenant que les grandes réunions des banques centrales sont derrière nous, au moins jusqu’au mois d’août en ce qui concerne la Banque d’Angleterre (les réunions prévues en juillet devraient toutes aboutir à un statu quo pour les principales zones géographiques), les cambistes ont de fortes chances de se tourner de plus en plus vers les indicateurs économiques afin de mieux appréhender la tournure de la reprise économique. Malheureusement, nous l’avons constaté au cours des dernières semaines, beaucoup ne savent pas bien interpréter les statistiques. De nombreux cambistes ont interprété à tort une forme en V sur un graphique (par exemple pour l’indice PMI manufacturier de la zone euro) comme le signal d’une reprise économique en V. C’est faux. Un V traduit simplement une dégradation à un rythme moins important de l’économie, souvent en lien avec la levée du confinement. C’est évidemment beaucoup mieux qu’une dégradation à un rythme plus rapide, mais cela ne signifie pas qu’il y ait réelle amélioration ou que la reprise soit en train de se produire. Il faudra donc être particulièrement vigilant, notamment à l’occasion de la publication du PMI manufacturier allemand pour le mois de juin demain matin.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
23/0609:30PMI manufacturier (juin)Remontée à 39,2 selon le consensus.
24/0610:00Indice IFO du climat des affaires (juin)Nouvelle baisse attendue à 78,3.

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