La BCE devra convaincre cette semaine

Le point macro

Alors que l’Europe se referme progressivement avec la mise en place déjà dans certains pays de semi-confinement strict (comme en Irlande et en République Tchèque), le panorama économique ne cesse de se dégrader, confirmant le risque d’une contraction de l’activité au quatrième trimestre. Les enquêtes d’opinion qui ont été publiées la semaine passée valident ce scénario. En Allemagne, l’indice de confiance du consommateur GfK pour le mois de novembre a atteint un point bas de quatre mois, à -3,1 tandis qu’au Royaume-Uni il a connu sa plus forte chute en octobre depuis près de six mois. Dans les deux cas, les personnes interrogées ont mentionné les inquiétudes liées à l’impact économique de la pandémie et en particulier la crainte d’une forte dégradation du marché de l’emploi. Comme nous l’indiquions cet été, nous entrons dans la phase de choc sur la demande qui risque de pénaliser durablement l’activité en Europe et aux Etats-Unis. La France ne fait pas exception. Le ministre des Finances a reconnu que le pays devrait voir son PIB se contracter de nouveau en cette fin d’année, avec un coût économique qui pourrait atteindre déjà deux milliards d’euros pour les seules mesures de couvre-feu mises en place depuis peu.

Le point technique

Sur le marché des changes, l’euro a atteint un point haut à 1,1880 la semaine passée du fait de craintes des cambistes concernant les discussions sur le plan de relance du Congrès américain. Ces discussions interminables entre Démocrates et Républicains ont peu de chances d’aboutir à un vote avant l’élection présidentielle du 3 novembre, ce qui risque de fragiliser l’économie américaine au moment où elle fait justement face à une seconde vague intense de la pandémie. L’euro a par la suite perdu un peu de terrain, clôturant la semaine sur une hausse de seulement 0,8% face au billet vert sur les cinq dernières séances. Plus nous nous approchons de l’échéance de la présidentielle, plus il est probable que la paire connaisse une très forte volatilité – ce qui s’était également produit lors de la présidentielle de 2016. Il faudra donc être particulièrement vigilant dans les quinze prochains jours, et surtout le jour de l’élection, et penser à couvrir son risque de change pour faire face à de probable fortes perturbations sur la paire.

L’autre point d’attention au cours des dernières séances a été l’EUR/GBP. Le marché avait manifestement raison de ne pas s’inquiéter outre-mesure des négociations sur le Brexit entre Bruxelles et Londres. Le jeu de pantomime entre les deux protagonistes n’a pas duré longtemps puisque les négociations ont repris la semaine passée grâce aux efforts des négociateurs en chef, Frost et Barnier. Le principal point de clivage évoqué à ce stade concerne les quotas de pêche. Si on veut parvenir à un accord commercial, la France va devoir accepter des concessions sur ce dossier épineux sur lequel elle s’est beaucoup engagée et a été très ferme à l’égard du Royaume-Uni. Comme la semaine dernière, la paire EUR/GBP a réagi très peu à ces dernier rebondissements. Elle a connu une variation infime, de seulement -0,01% sur les cinq dernières séances, continuant de rester dans la borne située entre 0,90 et 0,9160 comme c’est le cas depuis le début du mois. Il convient toutefois de garder à l’esprit qu’un accord devra être trouvé d’ici mi-novembre si on souhaite éviter un Brexit par accident, c’est-à-dire que le Royaume-Uni sorte de l’UE sans accord faute d’avoir eu le temps de le ratifier.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,16061,16621,18831,2020
EUR/GBP 0,88370,89510,91250,9181
EUR/CHF 1,06421,06811,08141,0900
EUR/CAD 1,53201,53891,55971,5735
EUR/JPY 121,81122,6124,71125,91

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Les annonces à suivre

Etant donné le panorama économique que nous avons dressé, c’est sans surprise que la pression va s’accroître cette semaine substantiellement sur la Banque Centrale Européenne (BCE) pour qu’elle confirme son engagement à faire tout ce qui est possible pour soutenir la reprise. Nous ne nous attendons pas à ce qu’elle annonce de nouvelles mesures dès cette semaine, mais elle devrait en revanche laisser la porte ouverte à une action en décembre prochain, lorsque les prévisions économiques de l’institut seront mises à jour. Selon les calculs de BNP Paribas, depuis le début de la pandémie, la BCE a racheté près de 70% de la dette souveraine émise par les pays de la zone euro et devrait vraisemblablement poursuivre cette stratégie en augmentant son programme de rachats d’actifs (appelé aussi QE, pour Quantitative Easing) qui est doté d’un montant actuel de 1350 milliards d’euros. Le consensus des économistes table sur une hausse de 500 milliards d’euros en décembre, à 1850 milliards d’euros. L’objectif de ce type de mesure est de permettre aux Etats de la zone euro de continuer à s’endetter dans des conditions particulièrement favorables pour qu’ils puissent soutenir autant que nécessaire l’économie, les entreprises et les ménages dans le contexte de cette crise si particulière.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
26/1011:00Indice IFO du climat des affaires (Oct)Précédent 93,4.
27/1016:00Confiance des consommateurs du Conference Board (Oct)Progression attendue à 102,8.
28/1016:00Réunion de la banque centraleMaintien du taux directeur à 0,25%.
29/1014:45Réunion de la banque centrale suivie par la conférence de presse de C. Lagarde à 15:30La banque centrale devrait laisser la porte ouverte à de nouvelles mesures de soutien qui pourraient être annoncées en décembre prochain.
30/1009:00PIB trimestriel au T3Consensus à -9,0%.

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