La BCE sauve la mise à l’euro

Le point macro

Le facteur principal qui explique le rebond de l’euro face à ses principales contreparties (sauf la livre sterling) au cours de la semaine écoulée est l’intervention de la BCE. Le marché s’attendait à ce que la banque centrale ouvre la porte à de nouvelles mesures de soutien en juin prochain. A la surprise générale, elle a substantiellement renforcé le dispositif existant dès ce mois-ci. Concrètement, elle a réaffirmé qu’elle se tient prête à tout faire pour soutenir l’économie européenne, ce qui implique de maintenir le programme de rachats d’actifs liés à la pandémie aussi longtemps que nécessaire (probablement au-delà de la limite initialement fixée à fin 2020). En outre, elle a réduit le taux auquel elle prête aux banques de la zone euro en le poussant encore davantage en territoire négatif, à -1%, dans l’espoir que cela booste le crédit dans les mois à venir. L’activisme de la BCE a permis d’éclipser les mauvaises nouvelles économiques qui n’ont cessé de tomber en zone euro au cours des derniers jours.

L’économie de la zone euro s’est effondrée au premier trimestre. En première estimation, le PIB de l’Union est ressorti à -3,8%, mettant ainsi un arrêt brutal au cycle de croissance qui avait commencé en 2013 après la crise de la dette souveraine. Sur la même période, la France connait une contraction du PIB de -5,8%, l’Espagne de -5,2% et l’Italie de -4,7%. Le pire est à venir puisque l’impact réel du coronavirus sur le premier trimestre ne porte que sur deux à trois semaines en fonction des pays. Les chiffres du deuxième trimestre seront dignes d’un film d’horreur.

En revanche, sur le plan sanitaire, la pandémie semble maîtrisée dans les principales économies de la zone euro, mais il est encore difficile de définir des critères objectifs pour savoir quand rouvrir complètement les économies. En France, comme vous le savez, le début du déconfinement devrait avoir lieu à partir du 11 mai. Le risque d’une seconde vague, que connaissent en ce moment de nombreux pays comme la Chine ou le Danemark, est toujours d’actualité, faisant craindre une nouvelle fermeture de certains secteurs de l’économie dans les semaines ou les mois à venir.

Le point technique

Le rebond de l’euro, qui reste limité, ne change pas fondamentalement le panorama sur le marché des devises. En ce début de semaine, la paire EUR/USD est toujours coincée dans son range de long terme défini entre 1,07 et 1,12. Il faudra surveiller un éventuel test de la zone de résistance située à 1,0735 dans les séances à venir. Un objectif à moyen terme à 1,06 est toujours de mise. Les dernières statistiques européennes nous confortent dans l’idée que la reprise sera plus lente de ce côté-ci de l’Atlantique du fait de l’incapacité d’une coordination fiscale européenne. Le soutien massif de la BCE est d’une aide précieuse mais n’est pas suffisant.

L’autre paire de devises que nous regardons de près cette semaine est l’EUR/JPY qui consolide autour du niveau des 117. Si l’aversion au risque se renforce, un nouveau repli vers les 115,44, qui correspond au point bas de 2020 atteint le 30 avril dernier, est probable. Une cassure de ce niveau ouvrirait alors la porte à une extension de la baisse en direction de son point bas de 2017, à 114,85.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,06461,07351,11561,1210
EUR/GBP 0,85970,86750,88470,8941
EUR/CHF 1,03951,04681,06041,0670
EUR/CAD 1,47071,50071,55731,5879
EUR/JPY 114,85115,44119,12120,87

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Les annonces à suivre

Sans surprise, cette semaine sera marquée par un flot continu de mauvaises statistiques, avec notamment l’explosion attendue du chômage aux Etats-Unis en avril à près de 14% contre 4,4% en mars. La seule banque centrale qui doit se réunir est la Banque d’Angleterre. Le consensus table sur un maintien de la politique monétaire en l’état mais, à l’instar de la BCE il y a quelques jours, on ne peut pas exclure une surprise de dernière minute. A ce stade, les rachats d’actifs effectués par la Banque d’Angleterre au titre de la lutte contre le coronavirus se montent à près de 100 milliards de livres dont 18 milliards de livres pour des rachats de dette d’entreprises et 82 milliards de livres pour des rachats d’obligations souveraines.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
04/0509:55PMI manufacturier (Avril)Chute attendue à 45,5.
05/05Non communiquéDécision de la Cour Constitutionnelle sur le programme de rachats d’actifs de la BCE
06/05Non communiquéLa Commission Européenne doit présenter un projet de proposition de nouveau budget à long terme, incluant un plan de financement de la reconstruction en Europe.
14:45Création d’emplois non agricoles (Avril)Destructions d’emplois estimées à -13.050K.
07/0508:00Décision de politique monétaireL’annonce est avancée à 8h contre 13h en temps normal. Statu quo de politique monétaire.
08/0514:30Rapport sur l’emploi américain (Avril)Le taux de chômage est attendu en forte progression, à 14% contre 4,4% en mars.

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