La feuille de route est tracée

Le compte-rendu de la réunion de décembre de la Réserve Fédérale américaine a été riche d’enseignements pour les cambistes la semaine dernière. Il a été publié mercredi dernier et a dressé les grandes lignes de l’évolution de la politique monétaire américaine pour les mois à venir. Le variant Omicron a été mentionné à neuf reprises. Mais les membres du Conseil des Gouverneurs sont unanimes sur le fait qu’il ne va pas faire dérailler l’économie. Cela va dans le sens des dernières études scientifiques qui confirment que le variant est moins sévère que Delta. Ils considèrent également que l’économie américaine est solide et que le marché du travail est proche du plein emploi. Les dernières statistiques portant sur les créations d’emplois en décembre (rapport ADP sur l’emploi privé et rapport du Département du Travail) le prouvent. Malgré le rebond de la pandémie, l’emploi américain se porte très bien. Le taux de chômage se situe désormais à 3,9%. C’était le signal tant attendu par la banque centrale pour amorcer un durcissement monétaire rapide. Deux leviers devraient être actionnés : une augmentation du taux directeur et une réduction du bilan. La banque centrale anticipe au moins trois hausses de taux d’un quart de point chacune cette année. Une quatrième hausse n’est pas exclue si l’inflation continue de progresser selon certains membres de la banque centrale. En outre, la réduction de la taille du bilan est un autre outil pour combattre l’inflation. Elle pourrait être plus rapide que sur la période 2017-2019. La baisse de la liquidité disponible et un regain de la volatilité sur les actifs financiers, y compris les devises, sont les deux effets immédiats d’une telle mesure. En théorie, la combinaison entre la hausse des taux et la baisse de la taille du bilan devraient plutôt favoriser le dollar américain par rapport aux autres monnaies au cours de cette année.

En zone euro, la politique monétaire n’est pas aussi lisible. La présidente de la Banque Centrale Européenne, Christine Lagarde, a indiqué qu’une première hausse des taux n’est pas d’actualité en 2022. Mais tous les membres du Conseil des Gouverneurs ne sont pas du même avis. Mercredi dernier, le gouverneur de la banque centrale de Lettonie, M?rti?š Kaz?ks, a laissé entendre que l’institution pourrait agir si l’inflation reste élevée. C’est un avis partagé par plusieurs pays du Nord de la zone euro (exemple : l’Allemagne et les Pays-Bas). Il faut certainement s’attendre à d’intenses discussions lors du prochain Conseil des Gouverneurs de début février concernant le diagnostic à porter sur l’inflation et les outils de politique monétaire à éventuellement mobiliser. Pour l’instant, le manque de lisibilité de la politique monétaire de la Banque Centrale Européenne n’a pas de conséquence notable sur le taux de change de l’euro. La paire EUR/USD reste proche des 1,13.

Dans les pays émergents, la dynamique de hausse des taux d’intérêt se poursuit. C’est la Pologne qui a ouvert le bal. Comme attendu par les cambistes, la banque centrale a augmenté la semaine dernière son principal taux directeur de 50 points de base, à 2,25%. Il s’agit de la quatrième hausse depuis mi-2021. D’autres vont survenir dans les mois à venir étant donné le niveau d’inflation (qui pourrait atteindre un pic à 8% cette année selon les experts !). Dans la foulée de l’annonce, la paire EUR/PLN (euro/zloty polonais) s’est effondrée proche de ses points bas d’octobre 2021, autour des 4,65. La tendance baissière demeure à court terme. Les autres banques centrales de la région Europe de l’Est sont toutes aussi sur un cycle de durcissement monétaire entamé depuis plusieurs mois.

Sur le marché des changes, la volatilité reste contenue sur les principales paires pour le moment. L’EUR/JPY et l’EUR/GBP ont évolué dans une borne restreinte, respectivement de 160 points et de 80 points. De son côté, l’EUR/USD a évolué en dent de scie la semaine dernière, toujours proche de la zone des 1,12-1,13. La paire est en zone d’indécision. Il n’y a pas grand-chose à faire dans l’immédiat. Une clôture au-dessus des 1,1370 aujourd’hui pourrait permettre une échappée vers les 1,14 (et surtout la résistance située à 1,1422). A l’inverse, si la paire casse le niveau des 1,1215, nous pourrions avoir une nouvelle impulsion baissière.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,11121,12151,14221,1526
EUR/GBP 0,81000,81990,84510,8536
EUR/CHF 1,03001,03571,05001,0563
EUR/CAD 1,40771,42371,44731,4556
EUR/JPY 127,71128,28132,44134,02

+33 (0)1 48 09 09 83

La semaine qui commence sera essentiellement consacrée aux statistiques américaines. Nous surveillerons de près les derniers chiffres de l’inflation en décembre aux Etats-Unis. L’indice des prix à la consommation est prévu à 6,8% en variation annuelle (hors éléments volatiles, l’inflation est annoncée à 4,9% – un niveau encore très élevé par rapport à avant la pandémie). En outre, l’indice des prix à la production pourrait atteindre 0,4% en variation mensuelle. Si c’est le cas, ce serait une bonne nouvelle par rapport à 0,8% en novembre. Cela indiquerait une baisse des pressions inflationnistes au niveau du commerce international et des matières premières. Il faut toutefois être prudent. Ces deux statistiques vont évidemment aiguiller les membres de la Réserve Fédérale américaine.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
12/0114:30IPC core (Décembre)Hausse de 0,5% en variation mensuelle (stable par rapport à novembre).
13/0114:30

Indice des prix à la production (Décembre)Fort repli attendu, à 0,4% en variation mensuelle (contre 0,8% en novembre).
14/0114:30

Ventes au détail (Décembre)Consensus à 0,3% en variation mensuelle (stable par rapport à novembre).

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