LA POLITIQUE À L’ASSAUT DU MARCHÉ DES DEVISES

Le point macro

Le résultat des Européennes a réservé peu de surprises, à part la hausse de la participation en France. Un peu partout en Europe, les écologistes ont affiché de solides résultats, comme c’est souvent le cas pour ce type de scrutin. Les partis populistes et eurosceptiques ont confirmé leur assise électorale avec parfois de fortes percées comme en Hongrie où le parti du Premier ministre Viktor Orban était à 56%. Avant d’envisager la formation d’un seul bloc populiste au Parlement européen, de longues négociations doivent avoir lieu. On sait ainsi que le parti populiste au pouvoir en Pologne ne souhaite pas siéger avec le Rassemblement National. Il est donc encore trop tôt pour connaître les vraies implications politiques des résultats d’hier. L’ajustement sur le taux de change de l’euro à l’ouverture du marché était prévisible puisqu’on sait que des fonds avaient pris des positions spéculatives sur l’EUR/USD avant les élections. Les évènements d’hier ne remettent pas en cause notre scénario baissier pour la paire à moyen terme et ne constituent pas un risque supplémentaire.

L’autre grand sujet de la semaine passée sur le marché des changes fut la confirmation, après plusieurs jours de rumeurs insistantes à ce propos, de la démission du Premier ministre Theresa May qui a été poussée vers la sortie par son Cabinet. Dans la foulée, la livre sterling a accentué ses pertes face à l’euro, perdant en l’espace de cinq séances l’équivalent de 0,42% avec un point bas hebdomadaire à 0,8720. Depuis le référendum de 2016, la monnaie britannique est devenue le baromètre de l’évolution du Brexit. Le message envoyé est limpide : la situation politique, déjà compliquée, parait désormais inextricable.

Voici le calendrier politique qui attend le GBP dans les semaines à venir :
– 7 juin – départ de Theresa May
– 10 juin – début de la campagne officielle pour choisir un nouveau leader du Parti Conservateur
– Fin juillet – élection du nouveau chef du Parti Conservateur

Afin d’asseoir sa légitimité, il est probable que le remplaçant de Theresa May convoque des élections générales en septembre ou en octobre prochain, ce qui pourrait une fois de plus retarder la sortie du Royaume-Uni de l’UE, fixée à ce jour à fin octobre.

Pour la livre sterling, les prochaines échéances politiques vont encore plus accentuer la pression baissière. L’EUR/GBP pourrait renouer avec ses points hauts annuels atteints en janvier dernier et qui servent désormais de résistances. Il s’agit des niveaux de 0,8928 et de 0,9087.

Enfin, comme vous l’aurez remarqué, il y a eu un regain de volatilité sur le franc suisse suite à la suppression par référendum dans la Confédération des privilèges fiscaux des multinationales. Ce regain de volatilité fut éphémère et n’a pas remis en cause la tendance de fond face à l’euro. Sur les cinq dernières séances, l’EUR/CHF continuait de se replier, comme c’est le cas depuis le début de l’année, avec une baisse de l’ordre de 0,44%. Dans l’optique du marché, le franc suisse continue de jouer son rôle de valeur refuge, surtout pour faire face aux risques de ralentissement de l’activité en zone euro qui ont ressurgis suite à la publication de très mauvais PMI manufacturiers.

Le point technique

Du point de vue de l’analyse technique, l’euro poursuit son orientation baissière moyen terme face à ses principales contreparties, à l’exception de la livre sterling. Ainsi, il faudra surveiller les supports suivants : 1,1070 face à l’USD, 1,1138 face au CHF et 121,19 face au JPY.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,10701,11381,12431,1280
EUR/GBP 0,86710,87430,88690,8923
EUR/CHF 1,11381,11821,12821,1340
EUR/CAD 1,48561,49591,51321,5200
EUR/JPY 121,19121,83123,43124,39

Ajoutons à cela que si l’on se base sur la parité de pouvoir d’achat, qui permet d’évaluer si une devise est surévaluée ou sous-évaluée par rapport à une autre, l’euro est actuellement surévalué de 6% face au dollar américain, malgré sa baisse de près de 4% sur un an. Nous interprétons cette donnée comme un argument supplémentaire, avec le ralentissement économique à l’œuvre et l’accentuation du risque politique au niveau global, allant dans le sens d’une dépréciation plus importante à venir de l’euro face au dollar.

Les annonces à suivre

Les chiffres de l’inflation, des ventes au détail et du taux de chômage en Allemagne seront publiés cette semaine. Le recul du nombre de chômeurs en mai devrait être moins important que le mois précédent (-8000 vs -12000 en avril) mais on devrait avoir une reprise des dépenses de consommation et de l’inflation.

Nous nous attendons également à ce que l’incertitude perdure encore quelques jours concernant l’impact politique réel des élections européennes. Les coalitions possibles qui ont été dévoilées dimanche soir sont encore fluctuantes, notamment en ce qui concerne les partis populistes et eurosceptiques.

En outre, les chefs d’Etat et de gouvernement restent à la barre en ce qui concerne les nominations à venir pour la Commission Européenne, comme va le rappeler le Conseil Européen prévu le 28 mai prochain. Le risque de blocage institutionnel de l’UE par les populistes, provoquant dans la foulée un effondrement de l’euro, relève selon nous du fantasme.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
29/0509:55Evolution du nombre de chômeurs en mai-8000 vs -12000 précédemment
16:00Réunion de la Banque du CanadaStatu quo monétaire à 1,75%
30/0514:30PIB au T1Publication de l’estimation finale à 3,1% contre 3,2% précédemment
31/0514:30PIB mensuel (mars)Progression à 0,2%

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