La pression baissière s’accentue sur l’euro

Le point macro

La semaine dernière, l’euro/dollar a de nouveau tenté une incursion hors de son range de long-terme, chutant à un point bas hebdomadaire de 1,0735. Le décalage entre la lenteur européenne à apporter une réponse politique à la crise économique et la diligence avec laquelle la Maison Blanche réagit au coronavirus est un facteur baissier évident pour l’euro qui risque de se renforcer dans les semaines et les mois à venir. Encore une fois, l’Europe n’est pas parvenue à présenter un plan ambitieux de relance pour la période de reconstruction et a reporté le sujet à une nouvelle réunion le 6 mai prochain. De l’autre côté de l’Atlantique, la Maison Blanche et le Congrès ont entamé des discussions préliminaires portant sur un plan de relance qui pourrait être le double de celui déjà voté, qui était de 2200 milliards de dollars. Il est évident à ce stade que la reprise économique aux Etats-Unis sera plus rapide qu’en zone euro, ce qui va constituer un élément différenciant majeur pour la paire EURUSD.

Ajoutons à cela le retour progressif du risque politique en zone euro. Les tensions augmentent de nouveau à propos de l’endettement massif de l’Italie et d’une éventuelle déstabilisation du secteur bancaire italien. En outre, le Brexit ressurgit par la petite porte en pleine pandémie. Le négociateur européen, Michel Barnier, a vilipendé l’attitude du Royaume-Uni et son impréparation dans une déclaration tonitruante vendredi dernier. Pour l’instant, le Brexit n’est pas un risque qui soit « pricé » par le marché mais il est évident que si la situation se dégrade davantage entre Bruxelles et Londres, cela surviendrait au pire moment possible. Pour rappel, le Royaume-Uni a jusqu’à cet été pour demander une extension de la période de transition.

Le point technique

Du point de vue de l’analyse technique, la configuration devient de plus en plus claire sur l’euro/dollar. La différenciation économique qui s’installe entre les deux côtés de l’Atlantique et la résurgence du risque politique sur le Vieux-Continent valident notre scénario baissier sur la paire. La principale cible à surveiller sera le support à 1,0636 avant un ralliement des 1,06. Si le panorama économique venait à empirer davantage, on ne peut pas exclure dans un second temps un retour vers le point bas de 2017 à 1,0341.

La baisse de l’euro devrait aussi continuer face au yen japonais qui sert de valeur refuge pour de nombreux intervenants sur le marché des changes. Sur la semaine écoulée, l’euro a accentué ses pertes qui atteignent désormais 3,6% face au yen sur les trois derniers mois. En revanche, comme nous l’avons indiqué depuis plusieurs semaines, le franc suisse ne joue plus pleinement son rôle de valeur refuge du fait des interventions quasi-quotidiennes de la Banque Nationale Suisse.

Il faudra enfin surveiller l’évolution du dollar canadien dont le taux de change est corrélé à hauteur de 80% au cours du baril de pétrole sur le long terme. La paire EURCAD a fini la semaine dernière sur une note quasiment stable. Le fait que l’excès d’offre qui entraine une saturation des capacités de stockage du pétrole est amené à durer devrait être plutôt favorable à la paire, au moins à court terme. Voici un seul chiffre pour illustrer à quel point les problèmes de stockage du pétrole sont importants : au moment où nous écrivons, une trentaine de tankers contenant l’équivalent de 20% de la consommation mondiale de pétrole stationnent au large de la Californie, les cuves à ras bord.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,06361,07131,09731,1072
EUR/GBP 0,84930,86090,88430,8959
EUR/CHF 1,03951,04651,06041,0674
EUR/CAD 1,49631,50941,53851,5545
EUR/JPY 112,99115,00118,28119,63

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Les annonces à suivre

La semaine qui débute va être consacrée essentiellement aux banques centrales avec les réunions de la Fed mercredi suivie par celle de la BCE jeudi. Dans les deux cas, aucune nouvelle annonce n’est prévue. En période de crise, le calendrier habituel de réunion des banques centrales importe finalement assez peu.

La Fed ayant lancé un QE (aussi appelé rachats d’actifs) quasiment illimité, elle dispose désormais d’assez peu de marges de manœuvre pour annoncer de nouvelles mesures significatives.

Quant à la BCE, elle a déjà altéré sa politique monétaire la semaine dernière en laissant les banques de la zone euro utiliser comme collatéral des actifs dégradés en catégorie spéculative durant la crise liée au coronavirus. Cette décision vise à éviter un effondrement de la distribution de crédit dans l’Union. Il est probable que le programme de rachats d’actifs soit également amplifié mais il n’y a pas d’urgence à agir. Nous n’anticipons donc pas de mesure allant dans ce sens cette semaine.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
28/0416:00Confiance des consommateurs du Conference Board (Avril)Chute attendue à 95.
29/0420:00Réunion de la FedTaux directeurs inchangés.
30/0413:45Réunion de la BCEStatu quo monétaire.

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