LE SURSAUT DE L’EURO NE DOIT TROMPER PERSONNE

Le point macro

Le dollar a fait l’objet de mouvements de ventes sur le marché des changes en fin de semaine dernière, suite à la bonne surprise de l’emploi américain. Le panorama économique dressé est particulièrement positif : les créations d’emplois sont en hausse par rapport au consensus, le nombre de chômeurs est inférieur à 6 millions de personnes, soit un niveau inédit depuis 2000, et le taux de chômage rapporté à la population active est à un point bas depuis 1969, à 3,6%. Ajoutons à cela la hausse surprise de la productivité à un plus haut de 8 ans et le projet de relance par les infrastructures actuellement débattu au Congrès, on a le portrait d’une économie américaine très bien orientée pour les mois à venir. Une telle performance justifie pleinement le statu quo de politique monétaire de la Réserve Fédérale américaine, de nouveau réaffirmé lors de sa dernière réunion. Lorsque l’économie américaine va bien, cela induit un regain d’appétit au risque qui favorise les devises autres que le dollar. Ce fut le cas vendredi avec un regain haussier pour la livre sterling, le franc suisse mais aussi l’euro qui a pu ainsi afficher une performance hebdomadaire positive de +0,30% face au billet vert.

Très bonne performance de la livre sterling face à l’euro la semaine écoulée avec une progression de 1,50%. Deux explications à cela : les commentaires de la Banque d’Angleterre concernant une possible hausse des taux lors de la deuxième partie de l’année, à condition que les données britanniques restent aussi solides que jusqu’à présent, et surtout les propos du chef du Parti travailliste souhaitant qu’un accord sur le Brexit soit rapidement voté par le Parlement. Résultat : la paire EUR/GBP s’est effondrée et a atteint la zone basse de son canal d’évolution de long terme à 0,85, avant de rebondir faiblement.

Le franc suisse reste stable autour de 1,14 face à l’euro, mais les dernières statistiques en provenance de la Confédération vont certainement renforcer la volonté de la Banque Nationale Suisse d’affaiblir davantage la monnaie nationale. Comme les autres économies les plus exposées au commerce international en Europe, on observe une divergence entre le secteur manufacturier et le secteur des services. Selon les derniers chiffres, le PMI manufacturier reste en territoire négatif à 48,5 tandis que le PMI services est orienté à la hausse à 61,8. Cela signifie que la croissance du pays va surtout être alimentée par la demande intérieure dans les mois à venir, mais le levier du taux de change, via une baisse du CHF, pourrait être actionné afin de soutenir les exportations.

Le point technique

La volatilité est encore faible sur les principales monnaies. Sur l’EUR/USD, les fluctuations n’ont pas dépassé 50 points de base sur les cinq derniers jours ouvrés alors que l’actualité était pourtant propice avec la Réserve Fédérale américaine. Nous sommes face à un marché eurodollar qui est anesthésié et qui semble s’accommoder à peu près de tout, qu’il s’agisse de risque politique, d’indicateurs médiocres ou de revirement des banques centrales.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,10201,10811,12621,1323
EUR/GBP 0,84120,85080,85920,8610
EUR/CHF 1,12641,13161,14501,1532
EUR/CAD 1,48811,49411,50981,5195
EUR/JPY 122,87123,62125,60126,83

La hausse de l’euro en hebdomadaire n’est certainement pas amenée à durer. Deux arguments semblent aller dans ce sens. Premièrement, l’euro n’a pas profité de la hausse de l’inflation dans l’Union monétaire, ce qui traduit une défiance toujours importante du marché à l’égard de la dynamique économique en zone euro. Deuxièmement, graphiquement, l’euro reste toujours ancré sous une résistance majeure, à 1,1262, ce qui limite sérieusement le potentiel d’appréciation dans l’immédiat. On ne voit pas, à l’instant T, quel pourrait être le moteur permettant à la monnaie unique de franchir ce seuil. Par conséquent, notre vision baissière affirmée lundi dernier reste de mise.

Les annonces à suivre

Maintenant que les banques centrales sont passées, il risque d’y avoir moins d’actualité sur le marché des devises. La semaine qui débute comportera peu de marqueurs de première importance. Les négociations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis se poursuivent. Après des discussions officiellement «fructueuses» à Pékin la semaine passée, de nouveaux échanges sont prévus à partir du 8 mai à Washington. Peu d’informations filtrent sur le contenu des discussions. On sait seulement qu’un accord pourrait être annoncé au début du mois de juin.

Enfin, le PIB britannique au premier trimestre, qui sera annoncé ce vendredi, pourrait confirmer que l’orientation économique actuelle du Royaume-Uni reste positive malgré le Brexit. La semaine passée, un très bon indicateur PMI Services avait déjà été publié. Le consensus table sur une performance de 1,8% au premier trimestre sur un an. Toutefois, qu’on ne s’y trompe pas, la croissance britannique a certainement surtout été alimentée par une hausse des stocks, ce qui traduit des difficultés à écouler les marchandises.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
07/0506:30Banque centraleMaintien du taux directeur inchangé à 1,5%
08/0513:30Compte rendu de la dernière réunion de la BCEConfirmation de la nécessité de mettre la politique monétaire sur pause
10/0510:30PIB au premier trimestreHausse à 1,8% sur un an
14:30IPC core pour le mois d’avrilHausse à 0,2% sur un mois vs 0,1% précédemment