Les banques centrales à la rescousse

Le point macro

La panique ambiante, qui touche à la fois les marchés financiers et l’économie réelle, a une nouvelle fois obligé les banques centrales à intervenir en urgence la semaine passée. Autour de 22h hier, heure de Paris, la Réserve Fédérale a annoncé un nouveau train de mesures impliquant une baisse du taux directeur dans une fourchette comprise entre 0% et 0,25% et la relance du programme de rachats d’actifs, aussi appelé QE. Dans le détail, la banque centrale américaine prévoit d’acheter dans les prochains mois près de 500 milliards de dollars de bons du Trésor et 200 milliards de dollars de titres hypothécaires. L’objectif est de garantir que la liquidité continue d’affluer sur le marché et d’éviter que des entreprises ne soient en difficulté pour se refinancer. L’ampleur du QE est similaire au programme de rachats d’actifs lancé de novembre 2010 à juin 2011 dans la foulée de la crise financière.
Une myriade d’autres banques centrales sont également intervenues au cours des derniers jours. Dans un effort de coordination sans précédent entre la politique monétaire et la politique budgétaire, le Royaume-Uni a annoncé une baisse de taux de 50 points de base par la Banque d’Angleterre, à 0,25%, et un plan de relance budgétaire plus conséquent que celui mis en œuvre pour faire face à la dernière grande crise financière.

La réunion de la Banque Centrale Européenne a en revanche déçu. Comme prévu, l’institution a annoncé de nouvelles mesures de liquidité, notamment afin de permettre aux entreprises de se refinancer dans les meilleures conditions possibles. Toutefois, contrairement aux attentes, le taux de dépôt n’a pas été abaissé davantage en territoire négatif. Il reste à -0,50%. La mauvaise nouvelle est surtout venue de la conférence de presse de Christine Lagarde dont la prestation a été jugée sévèrement par les acteurs de marché. En se distanciant du « Whatever it takes » de son prédécesseur Mario Draghi, elle fut en grande partie responsable du krach de la bourse jeudi dernier. L’euro a également fait les frais de l’impréparation de Christine Lagarde puisque la monnaie unique était en retrait de presque 0,7% face au dollar américain sur la séance en question.

Enfin, juste avant le week-end, la Banque du Canada a pris de court le marché des changes en annonçant une nouvelle baisse de taux, d’un demi-point, à 0,75%. Dans le même temps, le gouvernement du Premier ministre Trudeau a annoncé qu’il débloque 10 milliards CAD en crédit pour aider les entreprises canadiennes durement touchées par le COVID-19. Le pays fait partie de ceux qui risquent de sombrer en récession cette année. Il faut donc s’attendre à ce que de nouvelles baisses de taux, hors du calendrier habituel de réunion de la Banque du Canada, puissent être annoncées dans les semaines à venir.

Le point technique

Ce matin, l’euro affiche une légère hausse face au dollar américain mais la tendance reste baissière. En variation hebdomadaire, la monnaie unique a perdu près de 2,70%. Un franchissement à la baisse de la zone des 1,11, qui a déjà été enfoncée la semaine passée, constituera un nouveau signal de vente en direction des 1,10 puis des 1,09. Tant que le contexte de crise perdurera, les cambistes continueront de privilégier les valeurs refuge, ce qui signifie que le dollar américain devrait continuer son ascension face aux autres monnaies.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,09081,10001,13661,1417
EUR/GBP 0,85140,85830,89640,9229
EUR/CHF 1,03531,04881,06721,0759
EUR/CAD 1,45241,48401,55631,6082
EUR/JPY 117,01117,99120,44121,93

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Les annonces à suivre

En lien avec les récentes annonces de la Réserve Fédérale, le G7 qui doit se réunir ce jour en visioconférence devrait aboutir à une action coordonnée, a minima sur le plan sanitaire, et probablement aussi sur le plan d’une relance budgétaire. Plusieurs Etats au cours des derniers jours ont déjà annoncé des mesures de soutien. En fin de semaine dernière, les Etats-Unis ont déclaré l’état d’urgence qui ouvre la porte à des aides fédérales aux Etats et aux localités pour faire face à la crise. L’Allemagne a déjà annoncé un stimulus budgétaire massif, de l’ordre de 550 milliards d’euros. On attend également, comme l’a esquissé le président Macron, qu’un plan de relance pour la France soit dévoilé dans les prochains jours pour aider les entreprises à faire face au choc résultant de la crise sanitaire actuelle.

En outre, les différentes statistiques des deux côtés de l’Atlantique, en particulier l’indice ZEW allemand et l’indice manufacturier de la Fed de Philadelphie, vont permettre de déterminer l’ampleur de l’impact économique du coronavirus qui représente à la fois un choc d’offre mais également un choc sur la demande.

La réunion de la Réserve Fédérale initialement prévue ce mercredi est annulée.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
17/0311:00Indice ZEW du sentiment économique (Mars)Sans surprise, l’impact du coronavirus sur le sentiment économique devrait être majeur. Un nouveau repli est attendu.
18/0319:00Réunion du FOMC de la Fed et mise à jour des prévisions économiques.Les attentes sont très élevées puisque le marché table sur une baisse des taux de 75 points de base.
19/0313:30Indice manufacturier de la Fed de Philadelphie (Mars)Effondrement attendu de l’indicateur qui devrait passer de 36,7 en février à 10,0 en mars essentiellement sous l’effet du choc sur l’offre en lien avec le coronavirus.
20/0315:00Ventes de logements existants (Février)Le consensus table sur une légère hausse à 5,52M contre 5,46M précédemment.

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