Les monnaies refuge à l’honneur

Le point macro

C’est ce qu’on appelle une semaine noire. Pour la énième fois, le président de la Réserve Fédérale américaine (Fed) a répété que le scénario d’une reprise en V de l’activité économique est exclu. Les indicateurs chinois pour le mois d’avril ont corroboré sans l’ombre d’un doute que la demande ne repart pas une fois les mesures de confinement levées. Les ventes au détail se sont effondrées de -7,5% sur un an, avec une glissade à deux chiffres pour certains secteurs d’activité comme l’habillement et la restauration. La conjoncture déprimée en Asie est en outre une mauvaise nouvelle pour toutes les économies excédentaires, comme l’Europe, qui commercent beaucoup avec cette partie du monde. C’est également un signal négatif pour l’euro. A propos de l’Europe justement, les pays membres sont toujours incapables de mettre en œuvre une réponse coordonnée à la crise. La dynamique politique est en train de s’enliser. Lors du dernier Eurogroupe, les modalités du plan de relance et l’enveloppe totale ont à peine été discutées. Ajoutons enfin que le risque géopolitique confirme son retour avec une montée abrupte des tensions entre Pékin et Washington sur la question de la gestion du coronavirus. En toile de fond, c’est bien la campagne présidentielle américaine de 2020 qui est amorcée et qui cible, dans le camp Trump, comme il y a quatre ans de cela, la Chine.

Face à une accumulation de facteurs de risque, le marché des changes a réagi comme il le fait d’habitude en favorisant les valeurs refuges (yen japonais, dollar américain et, dans une moindre mesure, le franc suisse). Malgré les rumeurs de marché, infirmées par la Fed, selon lesquelles les Etats-Unis pourraient décider de mettre en place des taux négatifs dans un proche avenir – ce qui aurait mécaniquement pour effet d’affaiblir l’USD – la monnaie américaine reste en nette hausse. Elle a renforcé son avance au cours de la semaine passée face à la monnaie unique, et affiche un gain sur un mois de quasiment 1% et depuis le début de l’année de 3,5%. Le dollar index, qui permet de mieux apprécier l’évolution de la perception du risque sur l’ensemble du marché, est également en progression, de l’ordre de 4% depuis janvier.

Le point technique

Du point de vue de l’analyse technique, l’euro/dollar est toujours bien ancré dans son range de long-terme. Le prochain niveau à surveiller sera la zone de support située à 1,0770 qui, si elle est enfoncée, ouvrira la porte à une extension de la baisse vers les 1,0630.

L’euro est toujours dans un canal baissier face au yen. La pression à la baisse est notamment favorisée par le retour de la question épineuse de la guerre commerciale entre la Chine et les USA. Le support situé à 114,42, qui correspond à un point bas de trois ans, est le premier niveau clé à surveiller. S’il est atteint, la cible suivante sera à 113 avant de renouer avec les points bas de 2016 à 112,00-112,60.

La situation est plus complexe pour l’EURCHF étant donné les interventions massives de la Banque Nationale Suisse (BNS). La paire a toutefois atteint un point bas depuis 2015 la semaine passée, soulignant à quel point les pressions acheteuses sur le CHF sont importantes. Cela a contraint le président de la BNS à publiquement réaffirmer son engagement à intervenir sur le marché pour limiter l’appréciation de la monnaie suisse.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,06301,07701,10751,1288
EUR/GBP 0,86240,86800,89000,8995
EUR/CHF 1,04401,04881,05841,0633
EUR/CAD 1,48051,49501,53681,5641
EUR/JPY 113,00114,42117,22118,83

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Les annonces à suivre

Cette semaine, il n’y aura pas beaucoup d’indicateurs économiques à surveiller. En revanche, la thématique de la guerre commerciale qui revêt désormais une composante sanitaire avec la crise du coronavirus pourrait être l’un des moteurs principaux du marché. Il faudra aussi compter avec les craintes réaffirmées de nouvelle vague du coronavirus au fur à mesure que les économies développées entament le déconfinement. C’est évidemment un élément qui sera aussi favorable aux valeurs refuge. Très rapidement, une autre thématique va aussi s’imposer dans le paysage économique, celle du risque de faillites. Si les banques centrales ont avec succès évité une crise de liquidité, rien à ce stade ne permet d’éviter une vague de faillites sans précédent qui est en partie alimentée par une demande qui a assez peu de chances de redémarrer. Dès le mois de juin, nous devrions avoir, y compris en France, les premières faillites qui seront annoncées. Dans ce contexte, le dollar américain devrait continuer de tirer son épingle du jeu, notamment face à l’euro.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
19/0511:00Indice ZEW du sentiment économique (Mai)Effondrement attendu à -42,4.
21/0514:30Indice manufacturier de la Fed de Philadelphie (Mai)Consensus à -47,0.
22/0509:30PMI manufacturier (Mai)Rebond attendu à 39 contre 34,5 précédemment.

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