Les risques baissiers sont intacts sur l’euro

Le point macro

Les deux marqueurs de la semaine dernière ont été la baisse de l’aversion au risque et la volatilité élevée. Le dollar index, qui synthétise l’évolution du dollar américain par rapport aux devises majeures, a perdu du terrain et n’est plus en hausse que de 3% depuis le début de l’année contre un gain de plus de 6% une semaine plus tôt. Ce recul de l’aversion au risque a directement bénéficié à l’euro qui affiche un résultat positif en hebdomadaire face au dollar américain et au yen japonais. Cette baisse du risque s’explique en grande partie par les actions des banques centrales au cours des quinze derniers jours qui semblent enfin porter leurs fruits et rassurer les marchés financiers. A ce jour, seize banques centrales au niveau mondial ont entamé un programme de rachats d’actifs (aussi appelé QE) alors qu’elles n’étaient que quatre à le faire il y a moins d’un mois de cela. La dernière en date est la Banque du Canada qui a annoncé vendredi dernier un programme de rachats de dette souveraine canadienne à hauteur de 5 milliards de dollars canadiens sur une durée indéterminée. L’apport massif en liquidité sur les marchés parait endiguer – pour le moment – la panique qu’on a pu connaître il y a une dizaine de jours.

Le deuxième marqueur important en cette période est le maintien d’une volatilité élevée. Ainsi, le range de fluctuations de la paire EUR/USD était encore important la semaine dernière, de l’ordre de 200 points. La volatilité est condamnée à rester conséquente dans les semaines à venir tant que nous n’aurons pas davantage de visibilité à propos de la durée des mesures de confinement et de l’impact économique sur la durée du coronavirus.

Les premiers indicateurs pour le mois de mars, qu’il s’agisse des PMI européens ou encore des revendications hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis (qui ont atteint un point haut historique à plus de 3 millions en une semaine !), prouvent que nous sommes face à une crise économique sans précédent (qui n’a rien à voir avec la crise de 1929 comme nous avons pu le lire ici et là), qui va durement toucher le secteur des services, et aboutir à un bond du chômage massif dans plusieurs pays. Cependant, nous manquons de repères historiques pour vraiment comprendre toutes les conséquences de la crise actuelle et anticiper le scénario de retour de la croissance. La comparaison avec la Chine ne fait pas complètement sens. Selon les données fiables communiquées par FedEx, la Chine connaît un rebond en V (c’est-à-dire une reprise rapide) mais il convient de rappeler que toute la Chine n’était pas confinée et qu’elle a pris rapidement des mesures économiques plus significatives qu’en Europe pour rétablir l’activité. A ce stade, le consensus des économistes table plutôt sur une reprise en U, c’est-à-dire très graduelle, en Europe.

Le point technique

Du point de vue de l’analyse technique, l’EUR/USD a entamé une phase de remontée la semaine dernière du fait d’un reflux de l’aversion au risque qui lui a permis de franchir le seuil des 1,0935. La paire est désormais en phase de consolidation, juste sous sa moyenne mobile à 200 jours. Un repli vers les 1,08 n’est pas à exclure si les craintes des cambistes ressurgissent.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,06701,08581,1311
1,1486
EUR/GBP 0,81790,87020,94660,9747
EUR/CHF 1,04771,05141,06421,0724
EUR/CAD 1,47411,50411,58181,6294
EUR/JPY 115,39116,99121,61124,71

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Les annonces à suivre

Les différents indicateurs de la semaine vont être plus mauvais les uns que les autres. Il faut s’attendre à entendre les mêmes commentaires que la semaine passée de la part des analystes : « incroyable », « inédit », « cauchemardesque » etc…Pour l’instant, le flux continu de mauvaises statistiques n’a pas réellement eu d’effet négatif sur le taux de change de l’euro face au dollar. Pour preuve, la monnaie unique a connu sa plus forte séance de hausse de la semaine passée (+1,47%) le jour de la publication du chiffre désastreux des revendications chômage aux Etats-Unis. Cependant, il n’est pas certain que l’euro soit longtemps immunisé. Le marché des changes va être confronté à des statistiques horribles pendant au moins plusieurs mois et il n’est pas sûr que la liquidité fournie par les banques centrales soit encore suffisante pour rassurer les cambistes.

A cet égard, le premier vrai test va être la publication du taux de chômage aux Etats-Unis pour le mois de mars en fin de semaine. Il s’agit d’une publication qui est habituellement observée de près mais, du fait du contexte, elle aura une importance décuplée. Nous aurons une vue complète de l’impact du COVID-19 et des mesures de confinement sur la dynamique de l’emploi sur tout le territoire américain. Nous nous attendons à un mauvais chiffre. En tablant sur une estimation basse de 5 millions d’emplois détruits sur l’ensemble du mois de mars, le taux de chômage pourrait grimper de 3,5% en février à près de 7% en mars. Ce serait une hausse qui n’a jamais été observée sur un laps de temps si court dans toute l’histoire des Etats-Unis.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
31/0315:00Confiance des consommateurs du Conference Board (March)Fort repli mensuel attendu comme prévu, à 121,0 vs 130,7 le mois précédent.
01/0413:15PMI compositeLes attentes sont également à la baisse en raison de l’impact attendu du coronavirus sur l’activité économique.
13:15Créations d’emplois non agricoles – ADP (Mars)Dans la foulée des revendications hebdomadaires au chômage publiées la semaine dernière, il faut s’attendre à un niveau élevé de destructions d’emplois en mars.
15:00ISM manufacturier (Mars)Baisse attendue à 44,0 vs 50,1 en février.
03/0413:30Rapport sur l’emploi – NFP (Mars)Si on estime que les destructions nettes d’emplois atteignent 5 millions en mars (ce qui est une estimation basse), le taux de chômage devrait augmenter de 3,5% en février à près de 7% en mars.
15:00ISM non manufacturier (Mars)Si l’ISM non manufacturier suit la même tendance que les PMI services européens, l’indicateur a de fortes chances de tomber à un plus bas niveau historique.

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