L’inflation est le thème de l’année

La réunion de la Banque Centrale Européenne (BCE) a engendré un regain de volatilité sur les paires en euro lors de la séance de jeudi dernier (borne de fluctuations de 180 pips pour l’EUR/USD, de 120 pips pour l’EUR/GBP et de 160 pips pour l’EUR/CAD, par exemple). Par la suite, la volatilité s’est un peu atténuée. La BCE n’a pas modifié sa politique monétaire. En revanche, elle a reconnu que l’inflation est plus persistante que prévu (en zone euro, elle a atteint 5,1% sur un an en janvier), ce qui va aboutir à une révision à la hausse de ses projections d’inflation en mars prochain. En outre, la BCE n’a pas fermé la porte à une hausse de son taux directeur dès 2022. Rappelez-vous, il y a encore quelques semaines de cela, tous les membres du Conseil des gouverneurs, dont la française Christine Lagarde, excluaient une telle éventualité. Le marché monétaire anticipe désormais une première hausse des taux dès le mois de décembre 2022. C’est un horizon lointain. Toutefois, cela a suffi à soutenir à court terme le taux de change de l’euro face à ses principales contreparties. Il est évident que la BCE fait face à un défi majeur. Elle souhaite soutenir davantage la reprise économique en zone euro mais elle fait face à des pressions inflationnistes dont elle avait manifestement négligé l’ampleur. La réunion de la banque centrale prévue le 10 mars prochain sera intéressante. Il est certain que la volatilité sera de nouveau au rendez-vous.

Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre (BoE) n’a pas pris à revers le marché cette fois-ci. Comme prévu, elle a annoncé une hausse de son principal taux directeur de 0,25% à 0,50%. En revanche, les cambistes ont été surpris d’apprendre que quatre membres sur les neuf que compte le Comité de politique monétaire (chargé de fixer le niveau des taux) ont voté en faveur d’un relèvement plus important de 50 points de base. Cela pourrait indiquer que le processus de normalisation monétaire outre-Manche sera plus rapide qu’initialement anticipé par les cambistes. L’inflation reste toujours un problème. Cela a conduit la banque centrale à revoir à la baisse sa prévision de croissance pour cette année, à 3,75% contre 5% anticipés en novembre 2021. Elle a jugé que « la forte hausse du prix de l’énergie au niveau mondial et des biens intermédiaires dont le Royaume-Uni est un importateur net vont nécessairement peser sur les revenus et les dépenses des ménages. C’est quelque chose que la politique monétaire n’a pas pu empêcher ». La sortie de la pandémie marquée par une croissance forte et bénéficiant au plus grand nombre est déjà un lointain souvenir à cause de l’inflation.

Aux Etats-Unis, le marché du travail envoie des signaux contradictoires. Selon l’enquête sur l’emploi privé ADP, l’économie américaine aurait détruit 301 000 emplois en janvier. Selon le rapport officiel du Département du Travail, elle en aurait créé 467 000. Un tel différentiel est rare. Il s’explique surtout par des différences de calcul et une difficulté de collecte des données du fait du variant Omicron. Dans tous les cas, cela ne devrait en aucun cas exercer une influence sur l’évolution de la politique monétaire de la Réserve Fédérale américaine.

Enfin, de nouvelles hausses de taux ont eu lieu dans les pays émergents. C’était au tour du Brésil la semaine dernière. La banque centrale brésilienne a augmenté drastiquement son taux directeur Selic de 150 points de base à 10,75%. Début 2020, son taux était à 2%. Elle a signalé que le cycle de hausse des taux est loin d’être terminé. Pour l’instant, l’inflation reste encore élevée (10,06% l’an dernier). En revanche, le durcissement monétaire est plutôt bénéfique pour la monnaie locale, le real brésilien, dont le taux de change s’est stabilisé en début d’année face à l’euro et au dollar américain.

Sur le marché des changes, l’euro a regagné du terrain face à ses principales contreparties. L’éventualité d’une hausse des taux par la BCE en 2022 a permis un rebond parfois impressionnant : +2,8% face au dollar américain et +2,5% face au dollar canadien sur les cinq dernières séances. Il est difficile de savoir si cela va durer. Il est probable qu’il y ait des prises de bénéfice dès cette semaine. Mais l’euro pourrait rester globalement assez fort dans les semaines à venir, au moins jusqu’à la prochaine réunion du mois de mars de la BCE. Nous ne serions pas surpris que la paire EUR/USD évolue dans un range assez large compris entre 1,11 et 1,15. Cela ne remet pas en cause notre vision baissière sur la paire à plus long terme.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,10301,12411,15821,1693
EUR/GBP 0,82180,83360,85190,8584
EUR/CHF 1,02811,04311,06521,0728
EUR/CAD 1,40701,43321,47231,4833
EUR/JPY 127,19129,44132,96134,24

+33 (0)1 48 09 09 83

Cette semaine, l’inflation sera encore l’un des points d’attention principaux du marché des changes. L’indice des prix à la consommation aux Etats-Unis est attendu en hausse à 7,2% sur un an en janvier, contre 7,0% en décembre. La pression s’accroît sur la Fed pour qu’elle augmente son taux directeur. Ce sera chose faite en mars prochain. La question qui demeure est de savoir si la banque centrale va opter pour la politique des petits pas (plusieurs hausses de 25 points de base cette année) ou pour une démarche plus agressive (hausse de 50 points de base en mars pour convaincre les cambistes de sa détermination à lutter contre l’inflation élevée). Pour l’instant, le marché monétaire table unanimement sur un premier relèvement de 25 points de base.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
08/0214:30Balance commerciale (Décembre)Consensus à -77,10B contre -80,20B en novembre.
10/0214:30Indice des prix à la consommation (Janvier)C’est la statistique la plus importante de la semaine. L’inflation est attendue de nouveau en hausse, à 7,2% contre 7,0% en décembre. La pression s’accroît sur la Fed pour qu’elle augmente ses taux.
11/0216:00Indice de confiance du consommateur de l’Université du Michigan (Février)La confiance du consommateur reste bien orientée, à 70,0 en février. C’est une hausse par rapport à l’estimation de janvier (67,2).

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