Marathon électoral

L’élection présidentielle américaine, qui a abouti à la victoire de J. Biden, n’a pas été l’élément perturbateur qu’on aurait pu craindre. Le marché des changes avait manifestement déjà bien anticipé la perspective d’un processus électoral émaillé de recours judiciaires. Résultat : pas de regain majeur d’aversion au risque. Au contraire, l’euro affiche de solides gains face au dollar américain sur les dernières séances. Sur le front économique, la situation va de mal en pis. La Commission Européenne a publié ses dernières prévisions économiques qui sont…désastreuses. En 2020, l’économie européenne devrait se contracter de 7,4% et connaitre un rebond économique plus faible que prévu initialement, de l’ordre de 4,1% en 2021. La mise en place de nouvelles mesures de confinement un peu partout en Europe et le spectre d’un confinement strict au printemps (la Pologne est le pays qui envisage sérieusement ce scénario à ce stade) pénalisent la capacité de rebond de l’Europe. Concrètement, la pandémie aura coûté au moins deux ans de croissance à l’UE. Notons également que le thème de l’Europe divisée ressurgit puisque les pays du Sud de l’UE connaissent une crise plus grave que les pays du Nord. Cette crise dans le Sud est notamment marquée par une explosion du taux de chômage. Ainsi, celui-ci dépasse désormais 40% chez les jeunes en Espagne alors qu’il est seulement à 6% en Allemagne. De l’autre côté de l’Atlantique, l’économie est aussi à la traîne et, comme l’a rappelé J. Powell la semaine dernière, il devient de plus en plus urgent de mettre en œuvre un nouveau plan de relance afin de soutenir l’activité économique. Selon les chiffres de Bloomberg, près d’un million d’emplois risquent de disparaitre dans l’industrie du voyage du fait de la crise. De même, ce sont près de 40% des restaurants aux Etats-Unis qui font face à un risque réel et imminent de faillite. Plus que jamais, l’enjeu des prochaines semaines ne va pas concerner la présidentielle américaine mais les discussions au Congrès entre Républicains et Démocrates pour aboutir à de nouvelles mesures de stimulus. A l’heure actuelle, le plan qui est en discussion porte sur un montant de 1000 milliards de dollars alors que celui du printemps était de 2000 milliards de dollars.

La semaine dernière, notre attention s’est portée spécialement sur deux paires : l’EUR/USD et l’EUR/GBP. L’EUR/USD a connu une forte envolée, avec une échappée proche de la zone des 1,1900, dans la foulée du 3 novembre. Le marché considère que d’éventuels recours judiciaires du camp républicain ne constituent pas réellement un facteur de risque et ne devraient pas peser durablement sur la trajectoire économique. Après ce fort bond en l’espace de quelques séances (+1,90% sur cinq séances), la logique voudrait que nous assistions à des prises de bénéfice dans les jours à venir sur la paire phare du marché des changes. En ce qui concerne l’EUR/GBP, la paire a quasiment fait du surplace la semaine passée. Les interminables discussions à propos du Brexit ne semblent toujours pas avoir d’effet sur le positionnement des cambistes. Notons, point important, que la Banque d’Angleterre est intervenue à la surprise générale en décidant, par neuf voix contre zéro, d’augmenter le programme de rachats d’actifs de 150 milliards GBP à 895 milliards GDP du fait d’inquiétudes soutenues à propos de la santé de l’économie britannique. En outre, la banque centrale s’attend désormais à une récession plus importante, de l’ordre de -11% cette année, assortie d’un rebond économique plus faible, autour de +7,25% l’an prochain. Là encore, les incertitudes à propos du Brexit pèsent sur les prévisions.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

Cette semaine, la thématique américaine restera bien évidemment au cœur de l’attention des cambistes mais il y aura aussi une statistique à surveiller de près et elle tombe d’ailleurs ce matin. L’indice ZEW du sentiment économique en Allemagne est d’importance puisqu’il s’agit du premier indicateur majeur publié depuis l’instauration de nouvelles mesures de confinement en Europe, et particulièrement en Allemagne. Le consensus des analystes s’attend à un effondrement de l’indice, à 45,4, ce qui confirmerait une nouvelle fois que la contraction de l’activité au quatrième trimestre risque d’être importante. La question en suspens à ce stade est de savoir s’il y aura un rebond de la confiance des agents économiques une fois le confinement levé, comme ce fut le cas en juin/juillet.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

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