Marché des changes : l’emploi américain donnera le là

Le point macro

L’EUR/USD est resté comme prévu dans son range des dernières semaines, compris entre 1,09 et 1,1150. Sur la semaine écoulée, l’euro a perdu 0,60% face au billet vert, essentiellement sous l’effet de l’accumulation de mauvaises statistiques européennes. L’effondrement du secteur manufacturier en Allemagne et en France couplé au risque de contagion au secteur des services font craindre un ralentissement économique marqué en fin d’année pour la zone euro. En revanche, l’enclenchement d’une procédure de destitution par les Démocrates visant le président Trump n’a quasiment eu aucun impact sur la paire. Les cambistes doutent que le processus puisse aboutir en raison du blocage des Républicains au Sénat, et ils sont majoritaires à considérer que le président en exercice finira son mandat. L’accroissement du risque politique outre-Atlantique devrait avoir des effets très limités sur les changes dans les semaines à venir.

Malgré la diminution des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, l’euro restait en repli face aux valeurs refuge. La monnaie unique a perdu 0,30% face au yen et 0,75% face au franc suisse lors de la semaine dernière. Cet intérêt continu pour les valeurs refuge s’explique en grande partie par les craintes qui pèsent sur l’activité économique mondiale. Pas une seule journée ne passe sans que des mauvais indicateurs ne soient publiés, particulièrement en Asie. La hausse du franc suisse face à l’euro ne semble pas à court terme poser problème à la Banque Nationale Suisse (BNS). La paire se stabilise proche du niveau des 1,08 mais, si ce dernier est enfoncé, il est probable que la BNS reprenne ses interventions sur les changes. En se basant sur les derniers chiffres des dépôts à vue à la BNS, cette dernière a stoppé ses achats d’euros lors de la semaine du 19 septembre.

Enfin, l’euro a rebondi de plus de 0,70% face à la livre sterling lors des cinq dernières séances. On reste sur un marché EUR/GBP qui est très spéculatif. Il y a quelques jours de cela, les ambassadeurs auprès de l’UE ont été briefés par la Commission Européenne sur le processus de Brexit. A ce stade, aucune avancée significative n’a eu lieu permettant d’éviter une sortie le 31 octobre prochain. Ajoutons à cela que l’assise politique du Premier ministre Boris Johnson est de plus en plus fragile. Il a perdu les sept votes qu’il a soumis au Parlement britannique, ce qui renforce l’hypothèse d’élections législatives anticipées. Nous nous attendons dans les semaines à venir à un regain substantiel de volatilité sur l’EUR/GBP et à des mouvements erratiques. Tout est possible, y compris survenue d’un flash crash, c’est-à-dire d’une chute massive du GBP en l’espace de quelques secondes, comme c’est arrivé en octobre 2016.

Le point technique

L’EUR/USD devrait rester dans le range précité encore pendant quelques semaines. Nous voyons seulement deux risques qui pourraient faire chuter l’euro sous les 1,09 s’ils se matérialisaient : la mise en place par l’administration Trump de tarifs douaniers à l’égard des Européens et/ou un no-deal Brexit. Dans ce cas de figure, la baisse pourrait conduire vers les 1,0820 dans un premier temps, ce qui correspond au bas du canal baissier dans lequel évolue la paire depuis le mois de juin dernier.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,08391,09361,10741,1129
EUR/GBP 0,87250,87810,88970,8958
EUR/CHF 1,07361,08031,90901,1058
EUR/CAD 1,43171,44721,47001,4783
EUR/JPY 116,21117,58119,43120,31

Pour des conseils personnalisés sur les tendances et couvertures de change, contactez notre salle de marché :

+33 (0)1 48 09 09 83

Les annonces à suivre

Cette semaine, la macroéconomie devrait de nouveau être sur le devant de la scène et faire bouger les cours. L’annonce la plus importante concernera l’emploi américain. Ces derniers mois, le rapport sur l’emploi communiqué chaque premier vendredi du mois avait soulevé peu d’intérêt de la part des cambistes. Le rapport pour le mois de septembre sera cette fois scruté de très près après que plusieurs statistiques publiées ces dernières semaines aient laissé entrevoir un ralentissement des créations d’emplois.

Ce fut notamment le cas de la sous-composante d’emploi pour le secteur manufacturier et le secteur des services aux Etats-Unis qui a chuté pour la première sous 50 (en territoire de contraction) depuis 2009. En d’autres termes, cela signifie que la dynamique de l’emploi américain commence à s’essouffler. On ne peut donc pas exclure une mauvaise surprise ce vendredi qui serait négative pour les valeurs à risque (comme l’euro) et positive pour les valeurs refuge (dollar, franc suisse et yen).

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
01/1009:55PMI manufacturier (Septembre)L’indice est attendu en repli à 47 vs 47,4 précédemment. Un chiffre sous le consensus pourrait se répercuter négativement sur l’euro.
16:00ISM manufacturier (Septembre)L’indice est attendu pile en territoire neutre, à 50. Une baisse sous ce niveau serait un mauvais signal pour l’économie américaine.
02/1014:15Enquête ADP (Septembre)Baisse des créations d’emploi attendue à 140k. Même si la corrélation positive est faible entre l’enquête ADP et le rapport NFP, un mauvais chiffre ne sera pas de bon augure pour la publication attendue vendredi.
04/1014:30Rapport NFP (Septembre)Le consensus table sur un rebond par rapport à août à 140k mais le risque de déception est élevé étant donné l’évolution des sous-composantes d’emploi au niveau du secteur manufacturier et du secteur des services. Un mauvais chiffre risque d’être négatif pour l’euro et positif pour le dollar.

Les informations présentées sur cette publication, vous sont communiquées à titre purement informatif et ne constituent ni un conseil d’investissement, ni une offre de vente, ni une sollicitation d’achat, et ne doivent en aucun cas servir de base ou être pris en compte comme une incitation à s’engager dans un quelconque investissement.