Nouveau trimestre, même aversion au risque sur les devises

Le point macro

Le premier trimestre qui vient de se terminer a été marqué par une forte dépréciation de l’euro face aux valeurs refuge (-4% face au JPY, -3,6% face à l’USD et -2,8% face au CHF). L’expansion géographique du coronavirus et les conséquences économiques en résultant ont incité les cambistes à opter pour la prudence. Le deuxième trimestre qui vient juste de commencer semble confirmer cette tendance. L’euro a continué de perdre du terrain, chutant en variation hebdomadaire de près de 3% face au dollar, ce qui l’a conduit à renouer avec le niveau des 1,08 en fin de semaine dernière.

Le panorama économique continue de favoriser les monnaies refuge. L’indicateur qui est certainement le plus révélateur de l’ampleur de la crise est celui des revendications hebdomadaires au chômage pour la semaine allant au 28 mars. En l’espace d’une semaine, plus de 6,6 millions d’Américains se sont inscrits à l’équivalent américain de Pôle emploi. Depuis mi-mars, ce chiffre grimpe à 9,9 millions. C’est sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. Même pendant la dernière crise financière de 2007-08 ou la récession de 1982, un niveau si élevé de licenciements n’avait jamais été atteint. Dans ces circonstances, le taux de chômage officiel devrait grimper à près de 15% outre-Atlantique au deuxième trimestre selon le consensus des économistes.

Pendant encore plusieurs mois, les cambistes vont devoir continuer de naviguer dans un environnement économique qui sera uniquement marqué par les mauvaises nouvelles.

Le point technique

En début de semaine dernière, l’euro avait grimpé au-dessus des 1,11 face au dollar américain après que la banque centrale américaine ait ouvert une nouvelle ligne de swaps de devises qui conduit à approvisionner davantage en USD le système financier international. C’est un mécanisme de crise qui est notamment nécessaire pour aider les pays émergents qui ont un besoin élevé en dollars. Cependant, l’effet sur le taux de change de l’EUR/USD fut de courte durée puisque l’euro a renoué avec la zone des 1,08 en fin de semaine dernière. Nous maintenons notre cible à 1,06 dans les semaines à venir tant que le contexte économique sera dégradé.

L’euro a aussi opéré un retrait marqué face au yen japonais au cours des derniers jours. Une extension de la baisse vers la zone des 116.00-116-25 est probable.

En revanche, la probabilité de baisse de l’EUR/CHF est plus limitée à court terme du fait d’une très forte intensification des interventions de la Banque Nationale Suisse (BNS) sur les changes pour limiter la montée du CHF. Selon les dernières données disponibles, qui remontent à fin mars, la BNS aurait dépensé pas moins de 10 milliards de francs en une semaine, un niveau qui rappelle les interventions massives de fin 2014-début 2015. A court terme, le seuil stratégique des 1,05 devrait être conservé. Au cours des dernières semaines, la BNS a montré à maintes reprises sa volonté de défendre à tout prix ce niveau.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,04611,06001,11681,1311
EUR/GBP 0,81110,85950,92520,9562
EUR/CHF 1,03401,04671,07201,0840
EUR/CAD 1,46811,51271,57961,6018
EUR/JPY 112,86116,00121,68123,13

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Les annonces à suivre

Pour l’EUR/USD, le prochain test va être cette semaine à l’occasion de la réunion des ministres des finances de la zone euro (Eurogroupe) qui aura lieu demain, en soirée. Le risque politique, lié à des divergences de point de vue majeures entre le Nord et le Sud de l’Europe concernant les mécanismes budgétaires à actionner, semble avoir pesé sur l’euro ces dernières séances. L’Autriche, les Pays-Bas et l’Allemagne refusent catégoriquement tout mécanisme de mutualisation de la dette (eurobonds ou coronabonds) tandis que l’Espagne, l’Italie et la France soutiennent farouchement cette option.

D’après les derniers échanges parus dans la presse, une solution médiane consistant en un fonds de secours doté de plusieurs dizaines de milliards d’euros pour venir en aide aux pays de la zone euro serait en discussion. Il n’est cependant pas certain que cela suffise à faire taire les divergences européennes qui nous rappellent les pires épisodes de la crise de la dette souveraine européenne de 2012. Concluons cette analyse sur une note positive et pleine d’espoir, en citant Jean Monnet : « Les hommes n’agissent qu’en cas de nécessité et ne reconnaissent généralement la nécessité qu’en période de crise ». Cette phrase résume parfaitement le fonctionnement de l’UE.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
07/04En soiréeVidéoconférence de l’EurogroupeNouvelle réunion technique de l’Eurogroupe après l’échec du sommet européen de fin mars. L’objectif est de trouver un terrain d’entente concernant les mesures budgétaires coordonnées à mettre en œuvre.
09/0416:00Indice Michigan de confiance du consommateur (Avril)Cette première estimation pour le mois d’avril devrait confirmer que la hausse du chômage commence à impacter la confiance du consommateur. L’indice est attendu en net repli à 89,1 par le consensus.

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