Semaine noire pour l’eurodollar

Le point macro

Pendant plusieurs semaines, l’eurodollar était coincé dans une borne de fluctuations étroite comprise entre 1,18 et 1,19, traduisant l’indécision des cambistes concernant l’évolution macroéconomique. Les derniers chiffres européens portant sur le mois de septembre, notamment les indicateurs PMI, ont permis une sortie du range…à la baisse ! L’eurodollar a dégringolé sous la zone des 1,1750-1,1700 et pourrait désormais poursuivre sa phase de consolidation en direction des 1,1500.

Les chiffres européens ont servi de détonateur au marché. Pendant plusieurs mois, l’euro a capitalisé sur l’espoir d’une reprise économique plus rapide en zone euro qu’aux Etats-Unis, notamment sous l’effet du plan de relance coordonné décidé par l’UE fin juillet. Les statistiques portant sur l’activité dans le secteur manufacturier et le secteur des services en septembre ont douché ces espoirs. Les indicateurs PMI sont ressortis dans de nombreux pays, comme la France, en contraction, confirmant ce que les indicateurs à haute fréquence utilisés par les économistes (comme la consommation électrique ou les données sur la mobilité) avaient pointé du doigt depuis l’été, à savoir que la reprise économique s’est essoufflée après une phase initiale de fort rebond immédiatement après le déconfinement.

Le ralentissement de l’activité observé dans de nombreux pays européens est d’autant plus inquiétant qu’il fait suite à des mesures fiscales massives et ciblées qui n’ont manifestement pas pleinement porté leurs fruits et qu’il intervient AVANT que de nouvelles mesures de distanciation sociale ne soient imposées. En d’autres termes, le scénario que nous évoquions la semaine dernière d’un possible trou d’air de l’activité économique au quatrième trimestre en raison de la combinaison de la COVID, de la grippe saisonnière et de nouvelles mesures de restriction à la mobilité est plus que jamais d’actualité au regard des dernières statistiques européennes.

Le point technique

La hausse de l’aversion au risque a directement pénalisé l’euro face au dollar, qui est passé sous le support clé situé à 1,17. Plusieurs indicateurs techniques de première importance et qui sont surveillés de près par les cambistes, comme le RSI (pour Relative Strengh Index), sont désormais en territoire négatif (sous-entendu, vente). Etant donné l’ambiance régnant actuellement sur le marché des changes et l’accumulation de facteurs de risque dans les semaines à venir (exemples : Brexit, élection présidentielle américaine etc…), tout porte à croire que la baisse va se poursuivre à court et à moyen terme, avec pour objectifs les prochains supports situés à 1,1600 et à 1,1500 en extension. Pour renouer avec un mouvement haussier, la paire eurodollar doit absolument s’échapper au-dessus de la zone des 1,1850, ce qui parait être un scénario fort peu probable au moment où nous écrivons ces lignes.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,15001,16001,18501,1915
EUR/GBP 0,89870,90770,92620,9357
EUR/CHF 1,06371,07041,09061,1000
EUR/CAD 1,53501,54791,56861,5737
EUR/JPY 119,17121,76125,38126,94

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Les annonces à suivre

Après avoir eu un panorama assez large de l’activité économique en zone euro la semaine dernière, l’attention des cambistes va désormais se porter sur la santé de l’économie américaine avec la publication d’indicateurs de confiance (Conference Board), d’activité manufacturière (ISM) et d’évolution du marché de l’emploi (ADP et NFP).

Le marché a tendance à surtout réagir au chiffre du taux de chômage officiel (aussi appelé taux U-3) mais il convient de bien avoir en tête qu’il ne reflète pas fidèlement la réalité de l’état du marché de l’emploi américain. Si on regarde de près les dernières statistiques publiées, le marché de l’emploi est loin d’être en bonne forme outre-Atlantique. La durée de chômage augmente fortement, traduisant l’émergence d’un chômage de longue durée, tandis que le nombre d’Américains ayant définitivement perdu leur emploi ne cesse de grimper. Ajoutons à cela une polarisation encore plus accentuée entre travailleurs qualifiés (plus protégés contre les dégâts économiques de la COVID) et travailleurs non qualifiés (plus susceptibles de perdre leur emploi) et vous avez un cocktail parfait pour créer durablement des tensions sociales aux Etats-Unis. Comme c’est le cas en zone euro, la reprise américaine est fragile et masque aussi d’importantes disparités entre secteurs d’activité, entreprises et individus.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
29/0916:00Confiance du consommateur – Conference Board (Sept)Hausse prévue à 86,0 vs 84,8 précédemment.
30/0914:15Création d’emplois non agricoles ADP (Sept)L’évolution du marché de l’emploi reste notre baromètre privilégié pour juger de l’ampleur de la reprise. Dans la dernière estimation, l’économie américaine avait créé 428k en emplois non agricoles.
01/1016:00Indice PMI manufacturier de l’ISM (Sept)Repli prévu à 55,9 contre 56,0 précédemment.
02/1014:30Rapport sur l’emploi américain (Sept)Le consensus table sur des créations d’emplois en baisse à 750k contre 1,371k précédemment. Le taux de chômage est attendu en repli à 8,3% de la population active.

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