Un marché des changes anormal

Le point macro

L’expansion du bilan de la Réserve Fédérale américaine, qui est similaire en amplitude au QE3 (troisième cycle de rachats d’actifs, aussi appelé programme d’assouplissement quantitatif), et les baisses de taux décidées par plus de 80% des banques centrales au niveau mondial sur l’année 2019 ont complètement anesthésié le marché des changes. La volatilité est à des points bas historiques.

Sur l’EUR/USD, qui est pourtant la paire la plus échangée et la plus susceptible de connaître des évolutions de fortes amplitudes, il n’y a tout simplement plus de volatilité. Lors de la séance de lundi dernier, la borne d’évolution en intraday de la paire était la plus étroite depuis vingt ans, de l’ordre de seulement 20 pips. La volatilité implicite dans les prochains mois, dont nous avons régulièrement parlé dans ces lignes, est aussi en chute libre. Sur un horizon de trois mois, la volatilité implicite pour l’EUR/USD a atteint la semaine dernière son plus bas niveau jamais enregistré à 4,27% contre un niveau de 7,16% en début d’année. Sur un horizon plus lointain, d’un an, c’est exactement la même tendance. La volatilité implicite s’est effondrée de deux points de pourcentage par rapport au début d’année, évoluant désormais autour de 5,50%.

Les annonces économiques n’ont qu’un impact très marginal sur les cours. Ainsi, la surprise liée à une inflation supérieure au consensus en zone euro (à 1% contre 0,7% précédemment) n’a abouti qu’à une hausse de 4 pips de l’EUR/USD lors de la séance de vendredi dernier.

Ce phénomène n’est pas circonscrit à l’EUR/USD, puisqu’on observe exactement la même évolution pour les paires en JPY, en CHF, en CAD et même en GBP. Par le passé, nous avons déjà connu des périodes de très faible volatilité sur le marché des devises. Cependant, il était rare qu’elles soient si prolongées et concernent quasiment toutes les monnaies majeures. De notre point de vue, cette faible volatilité, qui est durable, reflète directement l’interventionnisme exacerbé des banques centrales qui injectent à tout-va de la liquidité sur les marchés financiers, aboutissant à une situation d’atonie.

Le risque lié à ce phénomène c’est que le marché ne soit pas préparé à un rebond de la volatilité qui pourrait surgir du jour au lendemain, par exemple en cas de récession ou de dérapage des négociations sino-américaines. Plus que jamais, il convient d’être très vigilant à l’égard de cette situation qui est anormale et implique une sous-estimation manifeste du risque par les intervenants de marché.

Le point technique

Pour la semaine qui s’annonce, nous anticipons le maintien d’un marché des changes en situation de range pour les principales paires de devises, en dépit du retour des cambistes américains après les célébrations de Thanksgiving.
L’EUR/USD est susceptible de rester ancré dans son range de long terme situé entre les 1,0850 et les 1,1150, avec maintien d’un biais baissier.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,08781,09601,10721,1126
EUR/GBP 0,84030,84870,86200,8655
EUR/CHF 1,08111,08941,10251,1060
EUR/CAD 1,45111,45821,47481,4843
EUR/JPY 119,01119,38121,05122,08

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Les annonces à suivre

Enfin, trois thématiques vont ponctuer la semaine :

  • Les négociations sino-américaines qui pourraient entrer dans une nouvelle phase de tension du fait de la prise de position officielle des Etats-Unis en faveur des manifestants à Hong Kong. Nous nous attendons à ce que Pékin réagisse assez fermement, ce qui repousse de nouveau à plus tard la signature d’un protocole d’accord commercial.
  • Les indicateurs du secteur manufacturier qui ponctueront la semaine devraient confirmer un léger rebond, notamment aux Etats-Unis, ce qui éloigne le spectre d’une récession américaine.
  • Enfin, le focus majeur concernera l’emploi américain vendredi. Le consensus table sur un net rebond à 183 000 créations d’emplois, qui sont notamment attribuables à la fin de la grève chez General Motors. Même si les principaux fondamentaux du marché du travail américain restent bien orientés, certains signes de fragilité apparaissent au niveau des services et des plans d’embauche, ce qui devrait inciter la Réserve Fédérale à abaisser ses taux ce mois-ci et en mars prochain.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
02/1209:55PMI manufacturier (Novembre)Confirmation attendue de la précédente estimation à 43,8.
02/1210:30PMI manufacturier (Novembre)Estimation attendue à 43,8. 
02/1216:00ISM manufacturier (Novembre)Consensus à 49,4 vs 48,3 précédemment.
04/1214:15Rapport sur l’emploi ADP (Novembre)Consensus à 138k vs 125k le mois précédent.
04/1216:00Décision de politique monétaireLe consensus attend largement un statu quo à 1,75%.
06/1214:30Rapport sur l’emploi américain (Novembre)Fort rebond prévu par le consensus des créations d’emplois à 183k et maintien du taux de chômage inchangé à 3,6% de la population active.
06/1214:30Evolution de l’emploi (Novembre)Chiffre positif attendu à 15900 créations d’emplois.

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