Un vrai casse-tête

L’inflation est toujours le principal casse-tête des banquiers centraux en ce début d’année. Ça ne risque pas de changer dans les prochains mois. En décembre, l’indice des prix à la consommation aux Etats-Unis a atteint 7% sur un an, ce qui correspond à un point haut depuis 1982. En excluant les éléments les plus volatils, comme l’énergie et l’alimentation, l’inflation reste élevée à 5,5%. C’est une très forte poussée par rapport au mois de novembre (4,9%). Les principaux postes de progression des prix sont les voitures d’occasion (40% sur un an), les achats alimentaires (6,5%) et l’immobilier (4,1%). Contrairement à ce qui avait été dit il y a quelques mois de cela, les pressions inflationnistes ne sont pas limitées à l’énergie. Elles sont perceptibles au niveau de tous les postes de dépense. Le pic d’inflation n’est certainement pas derrière nous aux Etats-Unis. De nombreux économistes anticipent que l’indice des prix à la consommation puisse monter à 8% dans les mois à venir. Si c’est le cas, la Réserve Fédérale n’aura certainement pas d’autres choix que d’augmenter plus rapidement que prévu les taux directeurs. A l’heure actuelle, le marché monétaire anticipe trois hausses de taux cette année aux Etats-Unis. La banque américaine Goldman Sachs prévoit quatre hausses et la banque ANZ (présente en Océanie) a réajusté ses anticipations la semaine dernière et table désormais sur cinq hausses de taux. En théorie, le processus de durcissement de la politique monétaire aux Etats-Unis devrait plutôt être favorable au dollar américain sur le long terme, en particulier face aux devises exotiques. Ce n’est toutefois pas le cas pour l’instant. Le dollar index, qui permet de mesurer l’évolution du dollar américain face aux monnaies des principaux partenaires commerciaux, était en baisse sur les dernières séances.

Le président de la Réserve Fédérale américaine, Jerome Powell, a réaffirmé que tous les outils sont sur la table pour lutter contre l’inflation lors de son audition de confirmation devant le Comité bancaire du Sénat américain. Il a notamment évoqué la possibilité de commencer la phase de réduction du bilan de la banque centrale dès cette année. Cette option a été confirmée par la présidente de la Réserve Fédérale de Kansas City, Esther George, dans la foulée. Une diminution du bilan permet de réduire l’afflux de liquidité nouvelle dans l’économie et donc les éventuelles pressions inflationnistes qui pourraient en résulter. Plusieurs autres membres du FOMC se sont exprimés la semaine dernière. James Bullard a plaidé en faveur de quatre hausses de taux cette année. De son côté, Mary C. Daly a affirmé souhaiter que la première hausse survienne dès le mois de mars prochain, lorsque le processus en cours de tapering (réduction des rachats d’actifs) aura pris fin. Comme on peut le voir, le calendrier de durcissement monétaire aux Etats-Unis n’est pas encore très précis.

Les Etats-Unis, à l’instar de nombreux autres pays, sont certainement entrés dans un nouveau régime d’inflation. La hausse des prix risque d’être durablement plus élevée dans les mois et les années à venir que pendant la période 2010-2020. Parmi les grandes économies mondiales, seuls quatre pays ont un niveau d’inflation actuellement plus élevé que celui des Etats-Unis : Mexique (7,4%), Russie (8,4%), Pologne (8,6%) et Brésil (10,1%). La Turquie est un cas à part puisque l’explosion de l’inflation est directement liée à une mauvaise gestion de la politique monétaire par le gouvernement. A l’inverse, seules cinq grandes économies mondiales ont un niveau d’inflation inférieur à 2% (ce qui était la norme avant la pandémie). Il s’agit du Japon (0,6%), de l’Arabie Saoudite (1,1%), de la Suisse (1,5%), de la Chine (1,5%) et de l’Indonésie (1,9%). La France est dans le groupe des pays à inflation contenue, heureusement pour nous !

La semaine dernière, nous évoquions la possibilité de rebond de la monnaie unique face au dollar américain au-dessus des 1,14. C’est désormais chose fait. La paire a gagné près de 0,87% en une semaine et se rapproche désormais des 1,15. A court terme, le momentum haussier pourrait perdurer mais il faudra être vigilant à la résistance située à 1,1530 qui pourrait stopper l’envolée de l’euro. A long terme, nous considérons toujours que la politique de durcissement monétaire de la Réserve Fédérale devrait plutôt favoriser une baisse de la paire EUR/USD.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,12101,13341,15301,1609
EUR/GBP 0,82000,82650,84210,8496
EUR/CHF 1,02871,03531,05461,0620
EUR/CAD 1,40001,41511,43761,4457
EUR/JPY 128,08129,00131,28132,03

+33 (0)1 48 09 09 83

L’inflation sera encore le thème de la semaine sur le marché des changes. Ce sera au tour du Royaume-Uni et de la zone euro de publier leurs chiffres pour le mois de décembre. L’inflation britannique est attendue à un niveau élevé, à 5,1% sur un an. Cela va renforcer les anticipations de nouvelle hausse du taux directeur par la Banque d’Angleterre (après la première hausse de début décembre). En zone euro, l’inflation en donnée finale devrait être conforme à la première estimation, à 5% sur un an. Il n’y aura pas de surprise. Cela veut dire que le marché des changes devrait peu réagir. Pour l’instant, la Banque Centrale Européenne refuse de considérer que les pressions inflationnistes soient durables. Il est peu probable que la communication de la banque centrale change à court terme.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
18/0111:00Indice ZEW du sentiment économique (Janvier)Nouvelle baisse prévue par le consensus à 25,1 contre 29,9.
19/0108:00
Indice des prix à la consommation (Décembre)Consensus à 5,1% sur un an.
20/0111:00
Nouvelle estimation de l’indice des prix à la consommation (Décembre)Confirmation attendue à 5,0% sur un an.
14:30Indice manufacturier de la Fed de Philadelphie (Janvier)Hausse annoncée par le consensus à 18,0 contre 15,4 en décembre.

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