Avis de gros vent

Le point macro

La Banque Centrale Européenne n’a rien annoncé lors de sa réunion de jeudi dernier. Elle a été contrainte de reconnaitre que l’inflation continue d’augmenter. Le même jour, l’inflation en Espagne a atteint son plus haut niveau depuis que le pays a rejoint l’euro, à 5,5% sur un an en octobre contre une prévision des économistes de Bloomberg à 4,6%. La hausse des prix de l’énergie est le principal facteur poussant l’inflation vers de nouveaux records. Mais la Banque Centrale Européenne a tenu à rappeler que les pressions inflationnistes sont temporaires selon elle. Elles devraient commencer à s’atténuer l’an prochain. Il n’est pas certain que le marché l’ait cru. En se basant sur les contrats à terme, les cambistes anticipent une hausse de vingt points de base du taux directeur principal de la banque centrale en décembre 2022 pour contrer l’inflation élevée. Le calendrier de hausse des taux s’accélère. L’EUR/USD n’a pas manqué de réagir. La volatilité était importante lors de la session de jeudi après-midi. L’euro a augmenté en quelques heures de près de 100 pips, pour s’arrimer temporairement à quelques encablures des 1,17.
Aux Etats-Unis, l’inflation est également un sujet de préoccupation majeur. La probabilité est élevée que l’administration démocrate du président Joe Biden annonce cet hiver (soit d’ici la fin de l’année, soit au début de l’année prochaine) de nouvelles mesures de soutien à destination des ménages américains pour atténuer la hausse des prix. Sur un an, les prix de l’alimentation ont augmenté d’environ 5%, ceux de l’essence de plus de 30% et ceux des loyers de plus de 10%. L’impact négatif est immédiat pour les ménages les plus modestes. Ces nouveaux chèques envoyés aux Américains devraient être votés par le Congrès avant les élections de mi-mandat de 2022. Ce serait une bonne nouvelle qui permettrait de soutenir l’activité économique aux Etats-Unis. Au troisième trimestre, l’économie américaine a montré des signes d’essoufflement. Le PIB a augmenté de seulement 2% sur un an. C’est plus bas que ce que prévoyaient beaucoup de banques et d’institutions financières (3,8% par exemple pour Jefferies). Plusieurs facteurs ont pénalisé la croissance : la résurgence de la pandémie dans certains Etats et les désastres naturels, comme l’ouragan Ida qui a frappé durement la côte Est fin août-début septembre.

Dans le reste du monde, les hausses de taux sont d’actualité. Le Brésil a augmenté son taux directeur de 150 points de base – du jamais vu en vingt ans. L’objectif est de montrer la détermination de la banque centrale à lutter contre l’inflation. Le Canada a aussi ouvert la porte à une hausse du loyer de l’argent plus vite que prévu, probablement dès la première partie de l’année 2022.

Le point technique

Sur le marché des changes, le rebond de l’euro face au dollar américain a tourné court. Il s’agissait d’un rebond technique selon nous. La paire EUR/USD affiche une baisse de 0,50% sur la semaine écoulée. La chute vendredi dernier sous la zone de support des 1,1610 ouvre la porte à une dépréciation plus importante de la monnaie unique. Nous visons un ralliement du support situé à 1,1433 à moyen terme. Ce ne sera pas immédiat. Il y aura peut-être de nouveaux rebonds techniques. Mais la tendance de fond est claire. C’est la baisse qui l’emporte.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,14331,15311,17101,1825
EUR/GBP 0,83250,83960,84870,8515
EUR/CHF 1,04831,05101,07361,0805
EUR/CAD 1,42011,42141,44341,4465
EUR/JPY 129,39130,96134,08134,55

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Les annonces à suivre

Tous les ingrédients sont réunis pour qu’il y ait un fort bond de la volatilité sur le marché des devises cette semaine. L’issue des réunions de la Réserve Fédérale américaine (mercredi) et de la Banque d’Angleterre (jeudi) est loin d’être certaine. Aux Etats-Unis, l’indice des prix à la consommation est au-dessus du seuil de 5%. C’est une raison suffisante pour que la banque centrale annonce le début du processus de normalisation monétaire, selon nous. Les rachats d’actifs effectués dans le cadre du quantitative easing (aussi abrégé QE) devraient ralentir à partir de mi-novembre ou de début décembre. Le président de la Réserve Fédérale, Jérôme Powell, pourrait aussi évoquer la possibilité d’une hausse du taux directeur plus vite qu’initialement prévu par le marché. Il faut prévoir un regain important de la volatilité sur les paires en USD mercredi soir sur la plage horaire comprise entre 20h, heure de Paris, et 22h au moins.
La Banque d’Angleterre est confrontée à une situation assez similaire à celle qui prévaut aux Etats-Unis. L’indice des prix à la consommation outre-Manche devrait atteindre 4% d’ici la fin de l’année et grimper jusqu’à au moins 5% au début d’année prochaine, selon les prévisions. Ces dernières semaines, la banque centrale anglaise a clairement ouvert la porte à une hausse du taux directeur, potentiellement dès la réunion du 4 novembre. Ce n’est pas certain toutefois. Il faudra prévoir une stratégie de couverture de change idoine pour se protéger contre la hausse de la volatilité qui risque de survenir sur les paires en GBP cette semaine.

Enfin, l’emploi américain sera le dernier market mover de la semaine. L’enquête ADP publiée mercredi devrait attirer peu l’attention. Il ne s’agit pas d’un indicateur fiable afin de prévoir l’évolution du rapport officiel sur l’emploi américain prévu vendredi. Le consensus anticipe un taux de chômage stable à 4,8% de la population en octobre. Les créations d’emplois sont attendues en forte progression à 385k sur la même période, après un mois de septembre décevant (194k). La dynamique du marché du travail outre-Atlantique reste dans l’ensemble bonne malgré les craintes persistantes liées à la Covid et des départs en pré-retraite massifs qui ont fragilisé certains secteurs d’activité.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
01/1117:00Indice PMI manufacturier de l’IMS (Octobre)Léger repli à 60,4 contre 61,1 précédemment.
02/1110:55Indice PMI manufacturier (Octobre)Hausse à 58,5 contre 58,2 précédemment.
03/1114:15Création d’emplois non agricoles ADP (Octobre)Le consensus anticipe un net ralentissement à 369k contre 568k en septembre.
17:00Indice PMI non manufacturier de l’ISM (Octobre)Quasiment stable à 61,5 contre 61,9 précédemment.
20:00Réunion de la Réserve Fédérale américaineC’est l’évènement le plus important de ce semestre. La banque centrale américaine devrait annoncer un ralentissement des rachats d’actifs, aussi appelé tapering ;
21:30Conférence de presse de Jerome PowellPowell dévoilera son diagnostic à propos de l’économie américaine et commentera la décision du jour de la banque centrale. Il faut s’attendre à beaucoup de volatilité.
04/1114:00Réunion de la Banque d’AngleterreLe marché bruisse de rumeurs concernant une possible hausse des taux directeurs à l’occasion de cette réunion. Il faut s’attendre à beaucoup de volatilité sur les paires en GBP.
05/1114:30Rapport officiel sur l’emploi américain (Octobre)Les créations d’emplois sont attendues en forte hausse à 385k contre seulement 194k en septembre (ce chiffre est susceptible d’être révisé).

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