Récession américaine ?

L’euro a un peu bénéficié ces dernières séances des achats d’actifs libellés en euros par les fonds d’investissement. Mais la tendance de fond est toujours baissière. La macroéconomie européenne montre des signes évidents de faiblesse : Allemagne au fond du trou, secteur manufacturier qui se contracte, et difficultés politiques en France. Le dollar fort reste la norme. Selon nous, il est survalorisé de 9 % par rapport aux devises des principaux partenaires commerciaux des USA.

Régulièrement, les mêmes craintes ressurgissent sur les marchés financiers. La récession en est le parfait exemple. À la suite de chiffres de l’emploi décevants en juillet et d’un indice PMI manufacturier décevant publié la semaine dernière, le spectre de la récession est ressurgi. Selon le marché monétaire, la probabilité d’une récession aux États-Unis d’ici un an est de 41%. C’est élevé…trop élevé quand on regarde de près l’état de l’économie américaine.
La consommation – qui est le moteur principal de l’économie outre-Atlantique – se porte très bien. Les dernières ventes au détail l’ont montré. Certes, le taux d’épargne en chute libre. Mais ce n’est pas vraiment un problème pour les ménages américains qui n’ont plus vraiment besoin d’épargner : le salaire moyen a bondi au cours des dernières années, ceux possédant des actions (et ils sont nombreux !) ont vu leur valeur connaître une ascension fulgurante et les propriétaires possèdent désormais des logements dont la valeur a fortement augmenté depuis la Covid. En un mot, ils sont riches ! Rien à voir avec la situation des ménages européens qui est nettement moins reluisante. C’est ce qui explique pourquoi le taux d’occupation des hôtels est très élevé, pourquoi les spectacles à Broadway ne désemplissent pas et pourquoi le trafic aérien n’a jamais été aussi dense. Évidemment, l’économie ralentit. C’est normal à ce stade du cycle. Les effets bénéfiques des mesures de relance (Inflation Reduction Act et Chips Act) s’estompent progressivement. Mais tout porte à croire qu’une récession est encore un danger éloigné. Le marché aime se faire peur !
Cela risque d’avoir des implications importantes au niveau de la politique monétaire. Le marché monétaire estime que les taux de la Réserve Fédérale américaine (Fed) vont baisser de 100 points de base d’ici la fin de l’année. Il reste seulement trois réunions de la Fed. Cela suppose qu’elle décide de baisser son taux de 50 points de base lors d’une réunion. Peu probable. Nous pensons que la Fed n’a aucune raison de se précipiter. La stratégie des petits pas suppose d’opérer seulement des baisses de taux de 25 points de base. Au total, en 2024, la baisse des taux ne sera que de 75 points de base, selon nous.

Le point technique

Sur le marché des changes, l’euro a un peu bénéficié de la baisse des taux de rendement obligataires américains ces derniers jours. Concrètement, les investisseurs (comme les fonds d’investissement) retirent un peu de leurs avoirs libellés en dollars car le taux de rendement diminue et vont le placer ailleurs, par exemple dans des actifs en euros. C’est un arbitrage courant qui, lorsqu’il implique des flux de capitaux importants, peut vraiment avoir des effets sur le marché des changes. Pour autant, cela ne remet pas en cause la tendance de fond baissière pour l’euro. Tant que la macroéconomie européenne montre des signes de faiblesse, il est illusoire de prévoir une paire EUR/USD à 1,15, par exemple.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,07991,08901,11551,1201
EUR/GBP 0,83010,83110,84900,8500
EUR/CHF 0,92880,93000,95900,9611
EUR/CAD 1,47881,48221,50231,5222
EUR/JPY 157,43158,33161,99162,33

Les annonces à suivre

Cette semaine est particulièrement chargée. Le premier débat entre K. Harris et D. Donald Trump est prévu le 10 septembre. Ce sont deux visions diamétralement opposées de la société qui se font face. Le candidat à la vice-présidence d’Harris, T. Walz, plaide pour une « garden economy » (en opposition à la « jungle economy » que Trump voudrait). Selon lui, « l’idée selon laquelle vous êtes d’une certaine manière plus responsable sur le plan fiscal en n’investissant PAS dans l’éducation, les soins de santé et les transports est un argument politique séduisant, mais cela n’a aucun sens. Surtout lorsque nous pourrions avoir une main d’œuvre mieux éduquée, en meilleure santé, vivant plus longtemps etc. ». Si on résume, c’est une forme de social-démocratie européenne qui, pourtant, n’a jamais réussi à s’implanter de l’autre côté de l’Atlantique. À ce stade, il est évidemment difficile de savoir qui va l’emporter. Harris est légèrement en tête dans les dernières projections…mais l’écart est encore très insuffisant pour lui garantir la victoire.
Peu importe qui sera à la Maison Blanche en 2025, certaines caractéristiques de l’économie américaine ne devrait pas changer : le déficit devrait rester élevé (autour de 5% du PIB), l’immigration de travail restera importante, il n’y aura certainement pas de nouveau plan de relance massif en l’absence de consensus politique (ex : un Chips Act II) et le gouvernement américain devrait continuer de recourir massivement au protectionnisme et aux sanctions économiques. Environ un tiers des pays font l’objet d’une forme ou d’une autre de sanctions économiques américaines. C’est énorme.
Dans le reste de l’actualité, les prix à la consommation aux États-Unis en août seront la dernière grande statistique d’importance avant la réunion du FOMC. Sauf surprise, une baisse des taux de 25 points de base fait toujours consensus. La baisse devrait être de même ampleur en zone euro ce jeudi. Toutefois, des voix commencent à s’élever dans le débat public afin de pousser la Banque Centrale Européenne à agir plus vite et plus fort au regard du ralentissement économique à l’œuvre sur le continent. Pas certain que ces appels soient entendus à Francfort…

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 10/09/2024TBDUSAPremier débat présidentiel
Le 11/09/202414:30USAPrix à la consommation en aoûtConsensus à 2,9% sur un an.
Le 12/09/202414:15EURRéunion de la banque centraleBaisse des taux de 25 points de base
Le 12/09/202414:30USAPrix à la production en aoûtPrécédent à 0,1% sur un mois.

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