Notre conviction pour 2025, c’est que le dollar fort va rester la norme. Les investisseurs internationaux ne parient que sur l’économie américaine, d’où des flux entrants qui vont irriguer la bourse américaine et soutenir le dollar qui sont à des niveaux records. À l’inverse, la zone euro semble condamnée à une longue stagnation économique. Le différentiel économique plaide clairement en faveur d’une baisse de l’EUR/USD sur la durée.
L’économie américaine continue de surperformer le reste du monde. La conséquence de cela, c’est que les capitaux ne cessent d’entrer aux États-Unis, ce qui alimente la hausse du marché des actions américaines et du dollar. Par exemple, sur la période allant du 5 au 13 novembre, les ETFs américains (qui répliquent la performance d’un indice boursier) et les fonds communs de placement ont attiré près de 56 milliards de dollars. C’est le deuxième plus grand afflux hebdomadaire depuis 2008. C’est juste incroyable. Tout le monde, ou presque, parie sur l’économie américaine. C’était déjà le cas avant l’élection de Trump car le bilan économique de Biden était plutôt très bon (relocalisation d’activité, maîtrise de l’inflation, transition énergétique, investissements dans l’intelligence artificielle etc.). C’est encore plus le cas depuis la présidentielle, puisque les investisseurs anticipent que le déficit budgétaire va rester très élevé – autour de 7% du PIB – et continuer d’irriguer positivement l’économie, apportant croissance et productivité. Tout l’inverse de ce qui se passe en zone euro, malheureusement. Chez nous, la dette est présente mais elle sert surtout aux dépenses de fonctionnement et à prolonger un modèle social qui doit être réformé, alors qu’il faudrait se concentrer sur ce qui crée de la richesse en plus.
La force du dollar, qui résulte de l’attractivité de l’économie américaine, ne devrait pas s’évanouir de sitôt. C’est souvent un problème pour les pays émergents – notamment parce que traditionnellement beaucoup empruntent sur les marchés internationaux en USD. Heureusement, la situation s’est améliorée par rapport à il y a une dizaine d’années de cela. Dans leur ensemble, les pays émergents ont des fondamentaux économiques meilleurs, ont réussi à mieux gérer la Covid que les pays du G10 (pays les plus développés) et ont réduit leur exposition aux financements en USD. L’Argentine est certainement le meilleur exemple en la matière. Il y a quelques trimestres de cela, le pays était au bord de la banqueroute. Désormais, la croissance redémarre, la dérive des prix a été stoppée et le début budgétaire qui était autour de 6% du PIB devrait être complètement résorbé l’an prochain. Cela a nécessité d’importants efforts en termes de baisse des dépenses publiques (seules les allocations universelles aux ménages ont été sanctuarisées) et crée quelques remous sur le marché des changes mais qui ont été rapidement endigués par les interventions de la banque centrale. La Turquie était également dans une situation proche. Désormais sa note de crédit a été rehaussée, la politique monétaire renoue avec l’orthodoxie et le contrôle de l’inflation, le système financier est moins dollarisé et la balance des paiements s’est nettement améliorée. La banque centrale intervient de temps en temps sur le marché des devises pour contrôler le taux de change de la monnaie nationale. Mais c’est normal. Contrairement à ce qu’il a pu se produire par le passé, la période de dollar fort dans laquelle nous sommes ne devrait pas se traduire par des remous majeurs du côté des pays émergents. Pour preuve, il n’y a eu aucune faillite de pays émergents en 2024 et il est peu probable qu’il y en ait l’an prochain. C’est une bonne nouvelle.
Le point technique
Sur le marché des changes, le différentiel de taux entre les deux bords de l’Atlantique plaide en faveur d’une baisse de la paire EUR/USD. Le marché table sur une baisse de 10 points de base par la Réserve Fédérale américaine – Fed en décembre (nous tablons sur 25 points de base) contre 31 points de base pour la Banque Centrale Européenne – BCE (nous tablons sur 50 points de base). Bien-sûr, si la Fed baisse ses taux de 25 points de base et la BCE de seulement 25 points de base, l’EUR/USD pourrait connaître une légère hausse. Mais elle a peu de chances d’être durable. La tendance baissière sur la paire est très marquée. On peut d’ailleurs observer d’importants mouvements vendeurs dans un contexte de faible volatilité, comme ce fut le cas lors de la séance de vendredi dernier.
Par ailleurs, pour l’instant, la paire EUR/JPY est autour de 160-163 – hausse de 5% depuis le début de l’année. Mais la perspective d’un durcissement monétaire important de la part de la Banque du Japon dès le mois prochain pourrait propulser la paire vers les 150 selon le consensus Bloomberg.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
Supports | hebdo | Résistances | hebdo | |
---|---|---|---|---|
S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,0359 | 1,0390 | 1,0645 | 1,0710 |
EUR/GBP | 0,8249 | 0,8283 | 0,8400 | 0,8410 |
EUR/CHF | 0,9244 | 0,9269 | 0,9400 | 0,9423 |
EUR/CAD | 1,4583 | 1,4600 | 1,4809 | 1,4845 |
EUR/JPY | 160,35 | 161,00 | 163,11 | 163,99 |
Les annonces à suivre
L’inflation en zone euro est la principale statistique de la semaine. Pas de surprise. L’inflation devrait continuer de refluer sous la cible de 2%, ce qui laisse une marge de manœuvre certaine à la Banque Centrale Européenne (BCE) pour poursuivre sa politique de baisse des taux. Certains analystes prévoient une accélération du rythme de baisse en raison des éventuelles taxes douanières de l’administration Trump. C’est mal connaître la BCE. Elle devrait continuer la stratégie des petits pas et opter pour une baisse de seulement 25 points de base du taux directeur en décembre (même si la pression du marché est forte en faveur d’une baisse de 50 points de base). Nous continuons de penser que la BCE n’agit pas suffisamment vite pour soutenir l’activité économique en zone euro, ce qui va faire perdre des points à la croissance cette année et en 2025. Qui dit croissance atone, dit généralement devise faible. À méditer…
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
Jour | Heure | Pays | Indicateur | À quoi s'attendre ? |
---|---|---|---|---|
Le 25/11/2024 | 10:00 | ALL | Climat des affaires (Novembre) | Précédent à 86,5. |
Le 27/11/2024 | 16:00 | USA | Indice PCE core (octobre) | Précédent à 2,7% en variation annuelle. |
Le 29/11/2024 | 11:00 | EUR | Prix à la consommation (Novembre) | Précédent à 1,7% en variation annuelle. |
Les informations présentées sur cette publication, vous sont communiquées à titre purement informatif et ne constituent ni un conseil d’investissement, ni une offre de vente, ni une sollicitation d’achat, et ne doivent en aucun cas servir de base ou être pris en compte comme une incitation à s’engager dans un quelconque investissement.