La vraie actualité en ce début d’année pour le marché des changes, c’est le retour de la volatilité, aussi bien sur les paires majeures que les paires mineures. La volatilité mensuelle sur la roupie indienne est de 4%, par exemple. La paire GBP/USD enchaîne les sessions avec une fluctuation supérieure à 1%. C’est la nouvelle normalité à laquelle les entreprises doivent s’habituer avec le retour du président Donald Trump.
La nouvelle politique tarifaire américaine suscite énormément de commentaires. Mais elle a un effet direct sur l’économie faible, jusqu’à présent. Ainsi, seulement 5% du PIB américain est directement touché par les mesures protectionnistes à l’égard du Mexique, du Canada et de la Chine. Ce n’est pas indolore. Mais ce n’est pas non plus très significatif. Même chose pour l’aluminium. Les mesures annoncées sont surtout symboliques et visent à satisfaire l’électorat du Midwest de Trump. En effet, l’aluminium est seulement la 43ème plus importante importation américaine. Pour l’instant, nous considérons toujours que la tactique américaine vise surtout à obtenir des concessions commerciales de la part des autres pays. Ce n’est pas démenti par les faits pour le moment.
Ce qui a certainement eu plus d’impact la semaine dernière, ce fut la publication de l’inflation américaine en janvier. Tout le monde s’attendait à un mauvais chiffre. Il fut très mauvais. L’inflation a augmenté en variation mensuelle de 0,5%. Cela porte les prix à la consommation à 3%. C’est énorme. Plusieurs composantes sont en forte hausse, en particulier l’énergie et les loyers. Il faut aussi ajouter des effets de saisonnalité qui ont amplifié les pressions inflationnistes. Dans tous les cas, une nouvelle baisse des taux par la Réserve Fédérale américaine (Fed) semble hors de portée dans ces conditions. Nous ne serions pas surpris si le taux terminal soit proche de 4%, ce qui impliquerait au mieux deux nouvelles baisses des taux directeurs. C’est déjà beaucoup. À l’inverse, en zone euro, la situation sur le plan macroéconomique est toujours mauvaise. Nous ne voyons pas ce qui empêcherait la Banque Centrale Européenne de continuer à baisser les taux, avec un taux terminal qui pourrait être compris entre 1,85% et 2%.
Le point technique
Sur le marché des changes, la volatilité commence progressivement à revenir. Prenons la paire GBP/USD (livre sterling/dollar américain). Depuis le début d’année, elle a connu des fluctuations journalières de plus de 1% sur plus de la moitié des sessions de trading contre moins de 20% des sessions en 2024. C’est significatif. On observe que la volatilité est en hausse sur quasiment toutes les paires. C’est une nouvelle donnée, qui est amenée à perdurer, et avec laquelle les entreprises vont devoir apprendre à jongler.
Au niveau des devises émergentes, la volatilité est évidemment présente. C’est moins surprenant. Pendant des semaines, la roupie indienne a enchaîné les points bas face au dollar américain. Tôt ou tard, la banque centrale indienne devait intervenir. Ce fut le cas lors de la session de mercredi dernier. L’intervention a permis à la roupie indienne d’atteindre un point haut depuis deux mois, à 86,47 pour un dollar. Mais la volatilité devrait demeurer élevée. La volatilité mensuelle sur la devise indienne est de l’ordre de 4%, soit un point haut depuis avril 2023. Cela reflète les tensions qui existent sur les marchés émergents en raison du retour de Trump. Ces tensions peuvent rapidement se diffuser à d’autres compartiments de marché. Il faut également s’attendre à ce que d’autres banques centrales émergentes n’aient pas d’autre choix que d’intervenir sur le FX dans les semaines à venir.
Un mot sur l’EUR/USD. La tendance de fond est toujours baissière, malgré la tentative de rebond en janvier qui était surtout liée à des flux entrants sur le marché des actions européennes et les espoirs d’accord de paix entre l’Ukraine et la Russie. Le différentiel de politique monétaire entre les deux bords de l’Atlantique, avec une banque centrale américaine qui va conserver son loyer de l’argent à un niveau élevé, constitue un facteur décisif de soutien du dollar face à la monnaie unique dans les mois à venir.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
Supports | hebdo | Résistances | hebdo | |
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S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,0270 | 1,0334 | 1,0511 | 1,0565 |
EUR/GBP | 0,8255 | 0,8299 | 0,8423 | 0,8484 |
EUR/CHF | 0,9291 | 0,9333 | 0,9469 | 0,9499 |
EUR/CAD | 1,4734 | 1,4799 | 1,4933 | 1,5009 |
EUR/JPY | 157,90 | 158,10 | 161,11 | 162,35 |
Les annonces à suivre
Il faut s’attendre à ce que l’administration Trump continue d’annoncer de nouvelles mesures protectionnistes, probablement plus à l’égard des pays amis que de la Chine. Cela va être un facteur de soutien à la volatilité.
Sur le plan des annonces, il y a peu de statistiques cette semaine. L’indice Philly Fed portant sur le secteur manufacturier est intéressant pour les économistes. Mais il n’a aucun effet sur l’évolution des devises. En revanche, le compte-rendu de la dernière réunion de la Fed, qui est attendu ce mercredi, devrait confirmer que, pour le moment, c’est le statu quo monétaire qui va perdurer du côté américain. C’est, a priori, une bonne nouvelle pour le dollar.
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
Jour | Heure | Pays | Indicateur | À quoi s'attendre ? |
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Le 18/02/2025 | 08:45 | FRA | Prix à la consommation (Janvier) | Précédent à 0,2% sur un mois. |
Le 20/02/2025 | 14:30 | USA | Indice manufacturier de la Fed de Philadelphie (Février) | Précédent à 44,3. |
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