La politique tarifaire de la Maison Blanche continue de susciter de l’angoisse. À juste titre. Mais il y a heureusement de bonnes nouvelles sur le terrain économique. Par exemple, l’inflation continue son reflux en zone euro. C’est en revanche une autre histoire du côté américain où il faut s’attendre à une mauvaise surprise lors de la publication des prix à la consommation cette semaine.
Le panorama économique à court terme est toujours compliqué à cause de la politique tarifaire brouillonne de la Maison Blanche et des taxes douanières annoncées jeudi dernier. Il y a toutefois des nouvelles encourageantes : l’inflation en zone euro continue de diminuer, ce qui laisse une belle marge de manœuvre à la Banque Centrale Européenne (BCE) pour assouplir sa politique monétaire et atteindre un taux neutre autour de 2%. L’inflation dans les services a chuté à 3,4% sur un an au mois de mars. Ce n’était pas une surprise. Les indicateurs avancés allaient dans ce sens. L’inflation harmonisée au niveau européen est également sur une pente descendante. L’inflation sous-jacente a ainsi atteint 2,41% au mois de mars. C’est en-dessous de l’objectif de 2,5% formulé par la BCE pour le premier trimestre. Tout porte à croire que la baisse devrait perdurer au deuxième trimestre, avec un objectif d’inflation à 2,2% sur la période. Il y a évidemment toujours le risque inflationniste lié au regain du protectionnisme américain. Mais cela ne devrait pas contrecarrer la dynamique de fond, pour l’instant.
Sur le plan du réarmement – qui est une thématique importante pour l’Europe, plusieurs pays ont dévoilé leurs objectifs pour 2025 au cours de la semaine passée. La Finlande est en négociation pour que les dépenses de défense atteignent 3% du PIB cette année tandis que la Suède vise 3,5%. C’est le même niveau qui devrait être atteint en Allemagne après des discussions avec tous les partenaires de la coalition. La Pologne est toujours en tête avec 4,7% cette année. C’est permis par une situation budgétaire saine. L’ambition de Varsovie est d’avoir la première armée européenne. En termes économiques, même s’il est toujours difficile de savoir quel va être l’effet exact de ces dépenses, il est probable que cela devrait a minima stimuler la croissance européenne, surtout à partir de 2026. Pour 2025, c’est plus compliqué, notamment parce qu’il est difficile de mesurer à quel point les taxes douanières américaines vont pénaliser l’activité sur le Vieux-Continent.
Du côté des États-Unis, les dernières enquêtes d’opinion (aussi appelées soft data) confirment le ralentissement économique et la baisse de confiance des consommateurs. Il faudra toutefois attendre les hard data du mois d’avril et de mai pour commencer à avoir une idée de son ampleur. Rien toutefois d’inquiétant. L’économie américaine devrait afficher une croissance entre 1% et 1,7% cette année. L’écart important au niveau des estimations s’explique encore une fois par la difficulté à mesurer l’effet économique des annonces de mercredi dernier. Le risque de récession est toutefois écarté, selon nous. C’est déjà pas mal.
Enfin, sans surprise, la Banque de Réserve d’Australie (RBA) a maintenu son taux directeur inchangé le 1er avril. Nous nous attendons toujours à une baisse des taux de 25 points de base qui devrait survenir le mois prochain. C’est déjà intégré dans les cours du dollar australien. La devise est en baisse de 3,30% face à l’euro depuis le début d’année.
Le point technique
Sur le marché des changes, sans surprise, la volatilité était au rendez-vous la semaine passée, comme sur les actions et les obligations. La faute à l’administration Trump. Depuis le 28 février, l’euro a rebondi de 7% face au dollar américain. C’est conséquent. Nous observons de plus en plus nettement une méfiance des investisseurs institutionnels à l’égard du dollar américain. Pour être clair, ils craignent une dévaluation unilatérale du billet vert par l’administration Trump. L’euro joue temporairement le rôle de valeur refuge dans ce contexte. Nous pensons toutefois que si ces inquiétudes perdurent, ce sera surtout le franc suisse qui devrait être le grand gagnant (en dépit des taxes douanières prohibitives annoncées par Washington à l’égard de la Confédération suisse). L’aversion au risque qui se généralise continue de pénaliser les devises émergentes, particulièrement en Asie. Parmi les devises majeures, le dollar canadien est celle qui est la moins aimée par les investisseurs et les spéculateurs. Les positions vendeuses détenues atteignent des niveaux record. En cause, la crainte que le Canada, et par conséquent sa devise, soit le pays le plus touché par la guerre commerciale de Trump.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
Supports | hebdo | Résistances | hebdo | |
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S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,0659 | 1,0701 | 1,1100 | 1,1150 |
EUR/GBP | 0,8280 | 0,8290 | 0,8490 | 0,8510 |
EUR/CHF | 0,9349 | 0,9388 | 0,9600 | 0,9622 |
EUR/CAD | 1,5390 | 1,5400 | 1,5650 | 1,5700 |
EUR/JPY | 157,12 | 158,98 | 162,20 | 163,00 |
Les annonces à suivre
Ce sera l’heure de vérité pour la Réserve Fédérale (Fed) cette semaine. Le marché monétaire estime qu’il y aura trois baisses de taux par la banque centrale cette année, afin de soutenir une économie en fort ralentissement à cause des taxes douanières. Mais ce n’est pas aussi simple. Le protectionnisme fait aussi augmenter l’inflation, même si c’est difficile de savoir par avance de combien. L’inflation américaine au mois de mars, attendue cette semaine, nous donnera un premier aperçu du coût à payer résultant de la politique de Donald Trump. En février, l’inflation avait baissé plus que prévu. Les indicateurs avancés, notamment ceux du secteur manufacturier, laissent entendre que l’inflation va rebondir. Ainsi, le sous-indice des prix pour le secteur fabricant a bondi de 7,5 points en un mois. C’est le rythme mensuel le plus rapide depuis mi-2022. Il faut ajouter à cela des pressions inflationnistes sur l’immobilier – qui n’ont rien à voir avec le protectionnisme – et qui sont toujours présentes. Le coût du logement a fortement contribué à l’inflation ces derniers mois. À n’en pas douter, le chiffre de cette semaine sera surveillé de près. Il permettra de savoir si la Fed va devoir plutôt se focaliser sur le contrôle des prix à court terme ou si elle dispose d’une certaine latitude pour stimuler l’économie. Nous faisons le pari qu’elle privilégiera le contrôle de l’inflation.
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
Jour | Heure | Pays | Indicateur | À quoi s'attendre ? |
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Le 10/04/2025 | 14:30 | USA | Inflation (Mars) | Précédent à 2,8% sur un an. |
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