Pas d’inflation

Les pressions déflationnistes s’accentuent en zone euro. Au premier abord, on pourrait penser que c’est une bonne nouvelle. Pas du tout. Cela reflète une économie européenne confrontée à une demande faible et à un euro trop fort qui commence petit à petit à nuire aux exportations.

Nous entrons dans la période estivale. Comme à chaque fois, les statistiques se font plus rares. En zone euro, la Banque Centrale Européenne (BCE) qui a craint, à un certain stade, une envolée des prix pourrait être confrontée au risque contraire. Les pressions déflationnistes s’accentuent. Nous nous attendons à ce que les prix à la consommation chutent sous le seuil de 2% en variation annuelle, ce qui pourrait contraindre la banque centrale à revoir à la baisse ses prévisions d’inflation en septembre. En théorie, cela ouvre la porte à plus de baisses de taux que prévu.
Le contexte international favorise la baisse de l’inflation, en particulier deux phénomènes :
La correction sur les prix de l’énergie, en particulier du pétrole. Après une envolée temporaire liée aux remous géopolitiques au Moyen-Orient, le Brent (qui est la référence en Europe) a chuté sous 60 dollars le baril. Cela survient dans une situation de surplus d’offre. Les membres de l’OPEP+ augmentent la production. En août, elle devrait atteindre 548,000 barils par jour. Tout cela alors que la demande est faible.
La force de l’euro, qui reflète aussi une baisse généralisée du dollar. Le taux de change effectif nominal de l’euro (qui est utilisé pour les comparaisons internationales) est en hausse de plus de 6% depuis le début de l’année, atteignant un niveau record. C’est une bonne nouvelle pour les importations. C’est évidemment une mauvaise nouvelle pour les exportations qui sont moins compétitives. Nous nous attendons à ce que le mouvement de progression de l’EUR/USD perdure dans les mois à venir, avec deux objectifs : 1,2000 et 1,2345 (forte résistance qui a peu de chances d’être franchie dans l’immédiat). En off, la Maison-Blanche et le Trésor américain voient d’un œil favorable la dépréciation du dollar même s’ils reconnaissent que pour le moment ça n’a pas eu d’effet positif notable sur l’économie américaine en termes de boom des exportations ou d’investissements nouveaux.
La baisse du dollar est aussi un sujet pour le reste du monde. Selon le marché des options, le dollar australien et le won sud-coréen figurent parmi les devises qui devraient le plus s’apprécier dans les mois à venir face au billet vert. Dans le cas du dollar australien, ce n’est pas impossible. Le différentiel de taux est plutôt favorable à la devise australienne. Surtout, on note que la Banque de Réserve d’Australie (RBA) n’est pas pressée d’assouplir sa politique monétaire. Mardi dernier, à la surprise générale, elle a laissé ses taux inchangés alors que le consensus tablait sur une baisse de 25 points de base.
Au niveau des devises émergentes, le dollar est surévalué de 20% en moyenne. Dans le cas de certaines devises asiatiques, comme le dollar de Taïwan, il est même question de 50%. C’est énorme. Il y a donc aussi une marge d’appréciation notable de ces monnaies face au billet vert.
Enfin, la pression monte en Chine pour que les autorités fassent davantage pour stimuler la consommation qui ne représente que 40% du PIB. C’est un niveau très bas pour une grande économie. Plusieurs conseillers du gouvernement se sont exprimés dans la presse afin d’appeler à ce que la consommation des ménages soit la priorité numéro un des dix ans à venir – avec un objectif de contribution au PIB à hauteur de 50%. Une telle prise de parole est inhabituelle. C’est peut-être un ballon d’essai…qui indiquerait que le gouvernement chinois va faire des annonces prochaines.

Le point technique

Sur le marché des changes, la volatilité a diminué ces dernières séances – c’est normal en cette période. La tendance est toujours haussière sur l’EUR/USD malgré quelques prises de bénéfices.
La hausse de l’euro face à la livre sterling est l’une de nos fortes convictions pour les prochains mois. Selon nous, le risque de récession est plus élevé au Royaume-Uni que dans les autres économies développées. Nous anticipons une baisse des rendements des obligations souveraines britanniques et sommes positionnés à la vente sur la livre sterling face à l’euro et au yen japonais. Nous nous attendons à ce que le ralentissement exacerbé du marché du travail outre-Manche conduise la Banque d’Angleterre (BoE) à baisser ses taux plus vite, et plus rapidement que ne l’anticipe le consensus.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,15981,16221,18901,2000
EUR/GBP 0,84990,85770,86990,8734
EUR/CHF 0,92580,93000,94100,9430
EUR/CAD 1,57881,59031,62001,6289
EUR/JPY 167,49168,90172,38172,88

Les annonces à suivre

Cette semaine sera essentiellement consacrée à la guerre commerciale et à l’économie américaine. C’est à partir d’aujourd’hui que la riposte tarifaire de l’Union Européenne sur les produits de consommation américains devrait être mise en œuvre. C’est une réponse immédiate aux taxes sur l’acier et l’aluminium. Celle-ci devrait être graduée afin d’éviter de froisser Washington alors que Bruxelles négocie actuellement avec l’administration Trump concernant les taxes douanières réciproques.

En outre, l’inflation américaine pour le mois de juin sera publiée dans la semaine. Sans surprise. Nous estimons que les prix à la consommation devraient rester entre 2-3% dans les trimestres à venir. C’est un peu loin de la cible de la banque centrale. Mais ce n’est pas suffisamment élevé pour mettre un terme au cycle de baisse des taux qui devrait reprendre en septembre. Il n’y a rien à attendre de la réunion du FOMC de fin juillet, en revanche.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 15/07/202514:30USAInflation (Juin)Précédent à 2,4% sur un an.
Le 16/07/202514:30USAPrix à la production (Juin)Précédent à 0,1% sur un mois.
Le 17/07/202511:00EURInflation (Juin)Précédent à 2% sur un an.
Le 17/07/202514:30USAVentes au détail (Juin)En contraction en mai.

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