Beaucoup de banques centrales sont à l’honneur cette semaine. Mais il y en aura une seule qui va vraiment concentrer l’attention, c’est la Fed. Au regard des derniers chiffres de l’emploi, une baisse des taux de -25 points de base est acquise. Ce sera certainement trop peu pour la Maison Blanche qui devrait exprimer son mécontentement dans la foulée. Le marché des changes est désormais habitué. Pas de remous particulier à attendre sur le dollar, selon nous.
Pas de surprise en Europe. La Banque Centrale Européenne (BCE) a maintenu son taux directeur inchangé à 2% lors de sa réunion de jeudi dernier. Elle l’avait annoncé. Elle l’a fait. Les taux se trouvent actuellement à un niveau idéal par rapport à la conjoncture et aux prévisions pour les mois à venir. Si nécessaire, la banque centrale peut à tout moment abaisser un peu plus le loyer de l’argent. Mais tout porte à croire que nous sommes arrivés à la fin du cycle d’assouplissement. L’institution a également pris le soin de ne pas commenter outre-mesure la situation politique française. La remontée du coût d’emprunt de la France continue. Toutefois, on est très loin des niveaux de crise. Surtout, lors des dernières adjudications du Trésor, la demande était toujours aussi forte que par le passé, ce qui signifie que les investisseurs étrangers ont confiance dans notre pays. Ils demandent seulement un premium un peu plus élevé en raison du dérapage budgétaire et de l’incertitude politique. Rien d’anormal. De notre point de vue, le problème français n’est pas tant financier dans l’immédiat. C’est surtout un sujet économique. La censure du gouvernement Baroin avait incité les chefs d’entreprise à la prudence – beaucoup repoussant les embauches et les investissements jugés non urgents. La même chose pourrait se produire. Notre croissance risque donc d’être très faible – loin de l’objectif du gouvernement à 0,7% et du niveau de 2024 à 1,1%.
Par ailleurs, la guerre commerciale rebondit – sans toutefois avoir un effet notable sur les devises. Lors d’une réunion stratégique entre l’UE et les USA à Washington en milieu de semaine dernière, le président Donald Trump a proposé à l’Union d’imposer des taxes douanières jusqu’à 100% sur les importations chinoises et indiennes pour faire pression sur la Russie. En cas de représailles, le niveau des taxes serait doublé – un schéma habituel avec l’administration Trump. L’objectif est d’inciter ces deux pays à cesser de commercer et d’importer du pétrole russe. Il y a peu de chances que la proposition aboutisse, surtout parce qu’elle vise la Chine – ce que les Européens refusent pour le moment en raison de leur forte dépendance à ce marché. La roupie indienne est la seule monnaie qui a un peu réagi dans la foulée. Elle a été fragilisée depuis le début du mois d’août par les taxes douanières massives imposées par les Américains aux Indiens à la suite du « Liberation Day ». Résultat, la roupie est la devise asiatique qui connaît la pire performance depuis janvier. Elle est en chute de 16% face à l’euro et de 3% face au dollar américain. Ce n’est certainement que le début.
Autre perdant cette année : la livre turque. Elle continue de s’effondrer avec une perte de valeur de 95% face au dollar depuis 2010. C’est le symbole de l’effondrement économique et financier de la Turquie. Le fait que la banque centrale ne soit pas indépendante et que le gouvernement la pousse à prendre des mesures complètement inadaptées – baisse des taux directeurs dans un contexte d’hyperinflation – ont durablement rompu le lien de confiance avec les investisseurs étrangers. Pourquoi le pays ne s’effondre pas ? Le secteur bancaire et financier est cloisonné, ce qui évite les fuites de capitaux et, à échéance régulière, des injections massives de liquidité dans l’économie ont lieu pour éviter une crise. Il n’en reste pas moins que le pays s’appauvrit à vitesse grand V.
Le point technique
Sur le marché des changes, les grandes tendances sont inchangées. L’EUR/USD est toujours inscrit dans un canal haussier. Il pourrait atteindre 1,20 d’ici la fin de l’année. Le consensus des économistes prévoit une poussée jusqu’à 1,30 l’an prochain. Attention, c’est loin d’être certain. On sait que le consensus se trompe souvent. Il n’est pas garanti que la tendance baissière du dollar américain se poursuive en 2026. Malgré des prises de bénéfice au cours des dernières séances, l’EUR/GBP poursuit sur sa tendance haussière, avec la possibilité de renouer avec la cible à 0,87. Enfin, tendance haussière pour l’EUR/JPY. La paire est en progression de +6% depuis le début d’année. Ce n’est pas terminé. Tant que la Banque du Japon ne bouge pas ses taux, la hausse sera de rigueur.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
Supports | hebdo | Résistances | hebdo | |
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S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,1489 | 1,1590 | 1,1813 | 1,1890 |
EUR/GBP | 0,8510 | 0,8588 | 0,8700 | 0,8733 |
EUR/CHF | 0,9222 | 0,9250 | 0,9400 | 0,9415 |
EUR/CAD | 1,5888 | 1,6098 | 1,6325 | 1,6390 |
EUR/JPY | 168,99 | 170,88 | 172,99 | 173,45 |
Les annonces à suivre
Cette semaine, les banques centrales sont à l’honneur. Au Royaume-Uni, au Japon, et au Canada, aucun changement de politique monétaire n’est attendu. Au Japon, une nouvelle hausse des taux, qui est annoncée depuis plusieurs mois, ne pourrait survenir que l’an prochain. La Réserve Fédérale américaine (Fed) va, en revanche, accaparer toute l’attention. En raison du ralentissement important du marché de l’emploi, et malgré des tensions inflationnistes persistantes, il est probable qu’elle abaisse son taux directeur de -25 points de base à 4,25% contre 4,50% actuellement. Une nouvelle baisse en octobre est encore incertaine – tout dépendra des prochains chiffres de l’inflation. Il faut s’attendre à ce que l’administration Trump exprime son mécontentement dans la foulée de la décision de la Fed. Le président américain et le secrétaire au Trésor ont plaidé ces derniers jours pour une baisse des taux de -50 points de base au moins. Peu d’impact à prévoir sur le marché des changes. Les opérateurs sont désormais habitués aux sauts d’humeur de la Maison Blanche et aux attaques contre le président de la Fed, J. Powell.
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
Jour | Heure | Pays | Indicateur | À quoi s'attendre ? |
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Le 17/09/2025 | 11:00 | Zone euro | Inflation (Août) | Précédent à 2,1% sur un an. |
Le 17/09/2025 | 15:45 | Canada | Réunion de la banque centrale | Aucune nouvelle baisse des taux attendue. |
Le 17/09/2025 | 20:00 | USD | Réunion de la banque centrale | Baisse du taux directeur de -25 points de base (actuellement à 4,50%) |
Le 18/09/2025 | 13:00 | Royaume-Uni | Réunion de la banque centrale | Aucun changement de politique monétaire |
Le 19/09/2025 | 05:00 | Japon | Réunion de la banque centrale | Aucun changement de politique monétaire |
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