Comme prévu, la Fed a abaissé son taux directeur. Ce n’était pas une surprise. Même si d’autres baisses de taux sont à venir (-100 points de base selon le marché monétaire d’ici à fin 2026), il n’est pas certain qu’une nouvelle baisse intervienne en octobre. Tout va dépendre de la trajectoire de l’inflation. Beaucoup d’économistes estiment à juste titre que l’effet des taxes douanières va se faire ressentir sur l’inflation à la fin du T3 et au cours du T4. Prudence.
En économie, surveiller la masse monétaire, c’est-à-dire la liquidité qui entre dans l’économie, est une règle de base. En général, plus elle est importante, plus l’activité économique va être soutenue. La bonne nouvelle, c’est qu’elle continue de croître au niveau mondial et a atteint 140 000 milliards de dollars en juillet dernier au niveau mondial (dernier chiffre disponible). C’est évidemment énorme. Plus de 70% des banques centrales mondiales baissent leurs taux – notamment dans les pays émergents. C’est également sans précédent en phase d’expansion économique. Il y a de l’argent à foison. Bien que les coûts d’emprunt augmentent pour les pays développés – à l’exception de la Suisse qui fait figure de valeur refuge – il reste encore contenu pour les entreprises. Prenons L’Oréal, son taux d’emprunt est désormais inférieur à celui de la France. C’est d’ailleurs une anomalie.
Bien que beaucoup de pays soient proches de la fin de leur cycle d’assouplissement monétaire – en zone euro une seule nouvelle baisse des taux est possible – la liquidité mondiale va continuer d’augmenter dans les mois à venir. Comme prévu, la Réserve Fédérale américaine (Fed) a abaissé son taux directeur de -25 points de base la semaine dernière. D’autres baisses sont à venir – probablement dès le mois d’octobre si l’inflation reste contenue. Pour l’instant, le marché monétaire table sur un taux directeur à 3% d’ici la fin de l’année 2026 ce qui suppose que quatre baisses de taux de -25 points de base chacune sont possibles dans les mois à venir. Évidemment, cette anticipation est amenée à évoluer en fonction de l’évolution de la conjoncture.
L’essor de la masse monétaire devrait en tout cas permettre d’éviter une récession, y compris américaine. En revanche, cela n’assure en rien que la croissance renoue avec son potentiel. En France par exemple, la croissance cette année devrait être inférieure à son potentiel estimé de 1%. Au mieux, nous atteindrons 0,5% de hausse du PIB. Même chose pour les États-Unis. Les économistes estiment que la croissance potentielle américaine se situe entre 2% et 2,5%. La croissance devrait être en-dessous, autour de 1,7% cette année selon les prévisions de la Fed.
Comment expliquer cela ? Plusieurs études pointent du doigt qu’il faut désormais plus de liquidité en circulation pour atteindre un niveau de croissance donné. C’est le signe que l’économie est moins efficace, moins productive et qu’il existe probablement des poches d’inefficacité importantes. Il y a quelques années de cela, on parlait des entreprises zombies qui survivent grâce à un accès au crédit à bas coût. Elles existent toujours. D’une certaine manière, nous sommes certainement condamnés à des niveaux de croissance faible…Si on voit le verre à moitié plein, au moins on évite les récessions entraînant un coût social élevé qu’on a pu connaître par le passé.
Le point technique
Sur le marché des changes, l’euro continue d’augmenter face à quasiment toutes les devises majeures, à l’exception du franc suisse. La hausse face au dollar devrait perdurer. La principale résistance se situe désormais à 1,20 (celle à 1,1922 peut être aisément franchie). Il est probable que ce niveau soit atteint dans les semaines à venir. Le consensus prévoit une paire EUR/USD à 1,30 en moyenne l’an prochain. À prendre avec des pincettes, évidemment. L’euro devrait également poursuivre son ascension face au yen, avec un objectif à 175,44 – soit un point haut de cinq ans. Face au franc suisse, la situation est plus compliquée. La paire EUR/CHF est un peu en recul principalement parce que la devise helvétique fait figure de valeur refuge dans un contexte d’endettement public élevé en zone euro. Nous n’observons pas une ruée des investisseurs sur le CHF. Cela reste mesuré. Mais c’est suffisant pour faire baisser un peu l’EUR/CHF. Ce mouvement n’est peut-être pas durable. Nous anticipons un retour à la parité l’an prochain.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
Supports | hebdo | Résistances | hebdo | |
---|---|---|---|---|
S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,1609 | 1,1649 | 1,1922 | 1,2000 |
EUR/GBP | 0,8534 | 0,8589 | 0,8709 | 0,8723 |
EUR/CHF | 0,9220 | 0,9250 | 0,9410 | 0,9433 |
EUR/CAD | 1,6188 | 1,6200 | 1,6434 | 1,6490 |
EUR/JPY | 169,99 | 170,90 | 174,99 | 175,44 |
Les annonces à suivre
Cette semaine, la Banque Nationale Suisse (BNS) se réunit. Mais aucun changement de politique monétaire n’est anticipé par le marché. Pour l’instant, la force du franc suisse ne constitue pas un problème économique majeur. Il n’est donc pas nécessaire d’agir sur les taux ou d’accentuer les interventions directes sur le marché des changes qui ont été mesurées ces derniers mois.
Outre-Atlantique, il faudra prendre avec des pincettes la première publication du PIB pour le deuxième trimestre qui pourrait être affectée par l’essor des importations de lingots d’or (dans des proportions démesurées) et par la constitution de stocks par les entreprises américaines juste avant l’introduction des taxes douanières. Dans tous les cas, une entrée en récession de l’économie américaine est clairement hors de propos – rappelons-nous que c’était une des craintes de l’été.
Enfin, comme les signaux sont contradictoires concernant le marché du travail américain, il faudra faire attention aux inscriptions hebdomadaires au chômage qui permettent d’avoir un aperçu en temps réel de l’évolution de l’emploi américain. En se basant sur les indicateurs des derniers mois, la dynamique est moins favorable. On constate en particulier une hausse du taux de chômage des minorités. Pour autant, pas de panique. L’économie des États-Unis est encore très résiliente.
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
Jour | Heure | Pays | Indicateur | À quoi s'attendre ? |
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Le 25/09/2025 | 09:30 | Suisse | Réunion de la banque centrale | Aucun changement de politique monétaire |
Le 25/09/2025 | 14:30 | USA | Publication du PIB trimestriel | Précédent à 3,3% en donnée trimestrielle |
Le 25/09/2025 | 14:30 | USA | Inscriptions hebdomadaires au chômage | Important à surveiller en raison des récents signes de fragilité du marché du travail |
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