Semaine de l’emploi américain. C’est évidemment une statistique importante pour connaître la trajectoire des taux américains. Attention toutefois. Les statistiques américaines sont moins fiables que par le passé, et sujettes à d’importantes révisions. Par conséquent, prudence !
Commençons par une bonne nouvelle. L’activité du secteur privé en zone euro a connu un fort rebond en août – à la fois dans les services et le secteur manufacturier. Les exportations sont toujours à la traîne, notamment du fait de la force de l’euro. Mais les nouvelles commandes, essentiellement au sein même de la zone, sont en forte progression. C’est la première fois depuis mai 2024. Il est encore trop tôt pour savoir si un cercle vertueux est en train de se mettre en place. Néanmoins, c’est plutôt positif. On peut aussi espérer que la baisse du loyer de l’argent, sous l’impulsion de la Banque Centrale Européenne (BCE), va également avoir des effets positifs sur l’activité économique dans les prochains mois. Pas de triomphalisme pour le moment, seulement une reprise qui se précise. Petit bémol néanmoins. L’activité en France est toujours morose. Cela s’explique par le contexte politique compliqué et le fait que les chefs d’entreprise craignent que la fiscalité n’évolue de manière défavorable. Les projets d’investissement non essentiels et les embauches sont gelés.
Aux Etats-Unis, la dynamique économique reste toujours favorable. L’activité est sous le niveau de la croissance potentielle de 2%. Rien de dramatique étant donné la longueur du cycle économique américain. Nous pourrions même assister à une accélération de la croissance à partir de 2026 sous l’effet de diverses mesures de soutien à l’économie qui sont mises en œuvre. Par exemple, la prolongation des subventions au secteur des énergies renouvelables, notamment au solaire, jusqu’en 2033.
Enfin, en Chine, la banque centrale s’est engagée il y a une semaine à utiliser tous les instruments de politique monétaire possibles afin de garantir que l’économie ait suffisamment de liquidité. Objectif ? Réduire les coûts de refinancement et soutenir la reprise économique. Les coûts d’emprunt sont déjà contenus. Mais la baisse à venir devrait stimuler encore davantage le secteur manufacturier et renforcer la compétitivité chinoise. À l’inverse d’autres pays, une baisse des taux n’induit pas nécessairement une progression de la consommation. Au contraire, elle « taxe » les ménages (qui sont des épargnants nets) et subventionne les entreprises publiques, les collectivités locales et les industriels (qui sont majoritairement des emprunteurs nets). Tout cela réduit la part de la consommation par rapport à la production. Bonne nouvelle pour les partenaires de la Chine ? Pas vraiment. Du fait de la déflation à l’œuvre dans le pays et du protectionnisme américain, la Chine déverse massivement ses excédents chez ses partenaires commerciaux, en particulier l’Europe. Cela risque de compliquer la réindustrialisation tant attendue du Vieux-Continent. Au niveau du marché des changes, l’annonce de la banque centrale chinoise est une nouvelle confirmation que le yuan devrait poursuivre sa tendance baissière face à l’euro qui est déjà entamée depuis plusieurs mois.
Le point technique
Sur le marché des changes, le dollar continue de baisser. La banque américaine JPMorgan est à peu près alignée avec nous sur le sujet. Dans une note de recherche publiée il y a quelques jours, elle prévoit une baisse du Dollar Index (qui mesure l’évolution du dollar face aux devises des principaux partenaires commerciaux des États-Unis) de –5% sur les six prochains mois. C’est cohérent. La plus grande partie de la chute du billet vert est certainement derrière nous (-14% face à l’euro depuis janvier). Pour l’EUR/USD, cela signifierait que la paire pourrait rallier 1,25.
Attention à votre exposition au yen japonais. La devise pourrait se déprécier davantage en raison de la décision de la Banque du Japon (BoJ) de commencer à céder ses ETFs. Le calendrier prévoit 330 milliards de yens de ventes chaque année. En juin 2025, le stock atteignait encore 37 186,1 milliards de yens, soit l’un des plus élevés au monde. On peut donc s’attendre à des remous sur les actifs en JPY. Au niveau de l’EUR/JPY, la tendance est claire. C’est la hausse qui l’emporte. De nouveaux records pourraient être atteints prochainement.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
Supports | hebdo | Résistances | hebdo | |
---|---|---|---|---|
S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,1655 | 1,1703 | 1,1920 | 1,2000 |
EUR/GBP | 0,8539 | 0,8609 | 0,8774 | 0,8823 |
EUR/CHF | 0,9220 | 0,9280 | 0,9411 | 0,9431 |
EUR/CAD | 1,618 | 1,6245 | 1,6430 | 1,6480 |
EUR/JPY | 172,99 | 173,90 | 175,99 | 176,40 |
Les annonces à suivre
L’emploi américain est le principal point d’attention cette semaine puisqu’il va guider l’évolution de la politique monétaire américaine à court terme. La baisse du taux directeur attendue par le marché des changes en octobre de -25 points de base est conditionnée à un mauvais chiffre des créations d’emplois en septembre. Ces derniers mois, les statistiques américaines ont été fortement révisées. Ce n’est pas inhabituel. C’est lié à un problème de collecte des données qui est présent depuis une décennie mais qui s’est accentué avec la Covid. Les chiffres de l’assurance-chômage transmis par les États au Département du Travail à Washington sont moins fiables que par le passé, d’où un décalage parfois important entre la première estimation des créations d’emplois et la dernière. Évidemment, cela pose un sérieux problème pour savoir quel est l’état réel de l’économie américaine. Cela complique aussi la tâche de la banque centrale qui navigue un peu à vue. Par conséquent, il faudra éviter de surinterpréter les statistiques qui seront communiquées ce vendredi. Elles sont loin d’être définitives.
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
Jour | Heure | Pays | Indicateur | À quoi s'attendre ? |
---|---|---|---|---|
Le 30/09/2025 | 16:00 | USA | Confiance du consommateur du Conference Board (Septembre) | Précédent à 97,4. |
Le 01/10/2025 | 11:00 | Zone euro | Inflation (Septembre) | Précédent à 2% sur un an. |
Le 01/10/2025 | 14:15 | USA | Créations d’emplois agricoles ADP (Septembre) | Précédent à 54k. |
Le 03/10/2025 | 14:30 | USA | Emploi américain (Septembre) | Précédent à 22k. Fortes révisions possibles. |
Les informations présentées sur cette publication, vous sont communiquées à titre purement informatif et ne constituent ni un conseil d’investissement, ni une offre de vente, ni une sollicitation d’achat, et ne doivent en aucun cas servir de base ou être pris en compte comme une incitation à s’engager dans un quelconque investissement.