Les Abenomics sont de retour au Japon, ce qui devrait se traduire par une poursuite de la baisse du yen. En Europe, les mauvaises nouvelles économiques s’accumulent mais pèsent peu sur l’euro. Quid de la décision de la Fed en décembre ? Nous pensons toujours qu’il y a une possibilité de baisse des taux.
C’est officiel ! Le Japon s’oriente vers une relance économique massive. La nouvelle Première ministre, qui s’inscrit dans la droite ligne des Abenomics lancées en 2014, a présenté un plan de stimulus économique qui devrait atteindre au total 6% du PIB. C’est massif. Cela inclut des mesures pour augmenter la défense – alors que la situation s’envenime avec la Chine, des investissements dans la croissance et surtout des mesures pour lutter contre l’inflation qui commence à fragiliser les ménages les plus fragiles. La réaction du marché fut immédiate : hausse des taux de rendement sur l’obligataire japonais (sans que cela ne soit un sujet d’inquiétude) et poursuite de la baisse du yen. Pourquoi ? Jusqu’à présent, le marché tablait sur une hausse des taux par la Banque du Japon (BoJ) ce mois-ci, ce qui aurait permis au yen – extrêmement sous-valorisé – de reprendre du poil de la bête. Mais ce n’est pas l’avis du gouvernement qui a été très clair : la banque centrale doit être prudente dans le durcissement monétaire. Comme l’institution n’est pas formellement indépendante, nous voyons mal comment elle pourrait aller à l’encontre de la volonté de l’exécutif. Par conséquent, une hausse des taux directeurs est reportée à l’an prochain. Surtout, cela signifie que le yen pourrait continuer de rester faible. Nous ne serions pas surpris de voir la paire EUR/JPY atteindre les 185 dans les mois à venir.
En zone euro, les dernières statistiques économiques sont loin d’être réjouissantes. L’économie allemande ne devrait finalement pas sortir de la stagnation dans laquelle elle est entrée depuis la Covid. Seule lueur d’espoir, le plan de relance présenté en février qui devrait commencer à timidement avoir un effet sur l’activité l’an prochain. Attention, il ne faut toutefois pas s’attendre à un boom de la croissance. Dans ses prévisions de septembre, la Banque Centrale Européenne (BCE) avait estimé que la croissance dans la zone euro devrait être proche de 1% dans les trois prochaines années. C’est également notre avis. Même s’il y a des questions légitimes sur l’état de l’économie américaine, la triste réalité, c’est que les États-Unis risquent encore pendant longtemps de surperformer la zone euro. Finie la renaissance européenne de début 2025 ! Du point de vue du taux de change de l’euro, la morosité économique dans l’Union ne devrait pas exercer une influence décisive. Voici ce qui compte : le différentiel de taux, l’évolution de la balance commerciale, l’évolution des flux d’investissement (en particulier les positions des fonds spéculatifs) et parfois la géopolitique.
De l’autre côté de la Manche, la volatilité implicite à une semaine sur l’EUR/GBP a fortement augmenté ces dernières séances. En cause, la présentation du budget britannique qui va conduire à une hausse inévitable de la fiscalité. La situation budgétaire du Royaume-Uni n’est pas sans rappeler celle de la France. La seule différence, c’est que nous avons la BCE qui sert de pare-feu. Du côté britannique, la Banque d’Angleterre (BoE) refuse d’endosser ce rôle. Comme nous l’avions expliqué il y a plusieurs semaines de cela, le Royaume-Uni est certainement le seul pays européen qui est condamné tôt ou tard à passer par la case « austérité » afin de rétablir ses finances publiques. Nous estimons que la nervosité du marché, qui est perceptible aussi bien sur le marché des devises que sur l’obligataire, va continuer de peser sur la livre sterling. Tendance haussière pour l’EUR/GBP à moyen terme.
Enfin, lueur d’espoir en Chine. Les dernières statistiques, notamment celles portant sur les bénéfices et les marges des grandes entreprises, sont plutôt réconfortantes. Elles valident le scénario d’un raffermissement progressif de la croissance. Aucun effet notable sur le yuan qui reste proche des 8,20-8,40 face à l’euro. La bande de fluctuations est contrôlée par la banque centrale chinoise.
Le point technique
Sur le marché des devises, l’EUR/USD continue de faire du surplace. La tendance de fond est toujours haussière. Nous pensons que la paire pourrait rallier le seuil à 1,18 d’ici la fin d’année. On observe souvent un rallye haussier juste autour de la période des fêtes. L’EUR/GBP est la paire à surveiller en ce moment. En raison des inquiétudes budgétaires britanniques, la volatilité est élevée. Elle est proche de ses niveaux de 2023, heureusement encore loin de ceux de 2022 au moment de la crise du budget sous Liz Truss. Nous estimons que la tendance est toujours haussière avec une pointe possible autour de 0,89-90 à court terme. Enfin, du côté des devises d’Europe centrale et orientale, le zloty polonais tire toujours son épingle du jeu. Comment expliquer cela ? Economie résiliente, surtout au niveau de l’industrie et des ventes au détail. Seul bémol, la faiblesse des salaires qui pourrait inciter la banque centrale polonaise à abaisser de nouveau son taux directeur. L’effet négatif sur le zloty devrait être marginal. Depuis le début d’année, la monnaie polonais est en hausse de 1,8% face à l’euro.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
| Supports | hebdo | Résistances | hebdo | |
|---|---|---|---|---|
| S2 | S1 | R1 | R2 | |
| EUR/USD | 1,1433 | 1,1480 | 1,1688 | 1,1700 |
| EUR/GBP | 0,8633 | 0,8650 | 0,8800 | 0,8900 |
| EUR/CHF | 0,9188 | 0,9223 | 0,9388 | 0,9400 |
| EUR/CAD | 1,6100 | 1,6130 | 1,6300 | 1,6312 |
| EUR/JPY | 176,13 | 178,90 | 182,00 | 182,90 |
Les annonces à suivre
Baisse des taux ou pas par la Fed le 10 décembre ? Les statistiques américaines des prochains jours – ISM manufacturier et enquête ADP sur l’emploi – ne devraient pas permettre de trancher. Au cours des dernières semaines, la probabilité d’une baisse est passée de 90% à 68% (Polymarket). Certaines grandes banques américaines, comme JP Morgan, tablent désormais sur un statu quo monétaire. Au sein du FOMC, les avis sont partagés. Selon notre décompte, sept membres du douze devraient voter en faveur d’un nouvel assouplissement. Ça devrait passer de justesse. Mais ce n’est pas gagné d’avance.
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
| Jour | Heure | Pays | Indicateur | À quoi s'attendre ? |
|---|---|---|---|---|
| Le 01/12/2025 | 16:00 | USA | ISM manufacturier (Novembre) | Précédent à 51,9. |
| Le 02/12/2025 | 11:00 | Zone Euro | Estimation de l’inflation (Novembre) | Précédent à 2,1%. |
| Le 03/12/2025 | 14:15 | USA | Enquête ADP (Novembre) | Créations d’emplois à 42k en octobre. |
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