C’est le bon moment pour faire le point sur les grandes tendances du marché des changes. L’EUR/USD est toujours dans une dynamique haussière et pourrait atteindre 1,20 au deuxième trimestre selon le consensus Bloomberg. Tendance également favorable pour l’EUR/GBP en raison du différentiel de taux. Pas de surprise pour le yen qui reste décidément toujours à la traîne malgré la récente hausse des taux par la Banque du Japon.
Tous les chefs d’entreprise le savent. Ce qui fait la différence, c’est la productivité. Cet ingrédient secret qui permet de créer plus de richesses et de la partager. Une étude de l’European Employers’ Institute, publiée pendant la période des fêtes, devrait vous donner des sueurs froides. Elle compare l’évolution de la productivité des deux côtés de l’Atlantique. Sans surprise, les Américains s’en sortent mieux que nous. Mais allons dans le détail. Le décrochage européen a débuté au milieu des années 1990, marquant la fin de la dynamique de rattrapage d’après-guerre. En tendance longue (2000-2024), sur 25 ans, la croissance annuelle moyenne de la productivité est de 1,0 % en Europe, contre 1,7 % outre-Atlantique. Le fossé se creuse plus fortement depuis cinq ans. La croissance de la productivité européenne est tombée à 0,5% par an, tandis que celle des États-Unis a grimpé à 1,9%. En 2024, la productivité horaire moyenne dans l’UE s’établit à 72$, contre 116$ aux États-Unis (ajusté en parité de pouvoir d’achat). Soit un écart de 38%. C’est énorme. Malheureusement, avec le développement sans précédent de l’intelligence artificielle aux États-Unis, cela risque de s’accentuer très nettement.
Attention, cela ne signifie pas que les entreprises européennes ne vont pas être en mesure de créer de la richesse et d’affronter la concurrence internationale. Dans tous les secteurs, il y a de belles success stories. En revanche, au niveau européen, la croissance économique risque d’être stagnante. Dans le meilleur des cas, hors épisode Covid, la zone euro peut prétendre à une croissance autour de 1% alors qu’elle monte autour de 2,5% aux États-Unis. Ajoutons à cela le déclin démographique qui est un vrai problème en Europe, plus que de l’autre côté de l’Atlantique où l’immigration permet de contrebalancer en partie ce phénomène. Tout cela crée un cocktail plutôt défavorable dans les années à venir, malheureusement.
Le point technique
Sur le marché des changes, c’est le calme plat sur les paires majeures. La liquidité est faible. Rien d’anormal en cette période. Les grandes tendances sont inchangées.
L’EUR/USD suit toujours une tendance haussière, malgré quelques pullbacks (phases de respiration). Notre objectif à 1,18 est atteignable.
En outre, nous sommes toujours positionnés à la hausse sur l’EUR/GBP, par exemple. Même si le marché se plaît à débattre d’une éventuelle nouvelle baisse des taux par la Banque Centrale Européenne (BCE), celle-ci est peu probable. Les conditions de refinancement sont particulièrement accommodantes en zone euro. Comme c’était le cas avant la Covid, le problème économique numéro 1 reste la faiblesse de la demande intérieure. Une baisse des taux n’y changera rien. La BCE devrait donc maintenir son taux directeur inchangé à 2% toute l’année prochaine. À l’inverse, la Banque d’Angleterre (BoE) est loin d’avoir fini son cycle de baisse des taux. Nous estimons qu’elle devrait baisser le loyer de l’argent à deux reprises au cours du premier semestre, le portant à 3%. La dynamique de taux devrait bénéficier à l’euro et porter la paire EUR/GBP vers 0,89-0,90 dans les mois à venir.
Comme nous l’annoncions, pas de changement de tendance drastique sur l’EUR/JPY en dépit de la hausse des taux par la Banque du Japon (BoJ) en décembre. Contrairement à ce qu’on entend souvent dire, le yen faible est une aubaine pour le Japon. Il permet de doper les revenus des entreprises exportatrices nippones et est un des facteurs explicatifs de l’attractivité de la bourse japonaise depuis deux ans. Même si la BoJ devrait logiquement poursuivre son processus de hausse des taux (+25 points de base selon nous), nous doutons que ce soit suffisant pour soutenir le yen. Si la tendance haussière sur l’EUR/JPY se poursuit comme nous le prévoyons, la paire pourrait tester cette année des niveaux inédits depuis des décennies, comme la zone des 188-189. Point important, sans intervention des autorités japonaises pour contrer le phénomène.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
| Supports | hebdo | Résistances | hebdo | |
|---|---|---|---|---|
| S2 | S1 | R1 | R2 | |
| EUR/USD | 1,1599 | 1,1639 | 1,1810 | 1,2000 |
| EUR/GBP | 0,8600 | 0,8634 | 0,8800 | 0,8810 |
| EUR/CHF | 0,9133 | 0,9190 | 0,9318 | 0,9389 |
| EUR/CAD | 1,5891 | 1,5980 | 1,6200 | 1,6225 |
| EUR/JPY | 180,99 | 183,45 | 186,90 | 187,55 |
Les annonces à suivre
Sans surprise, l’agenda économique est quasiment vide en cette période.
Seule statistique à surveiller, la publication de l’indicateur PMI manufacturier pour le mois de décembre en Allemagne. Il est attendu en territoire de contraction (sous 50). L’industrie allemande peine à se remettre de la crise énergétique et de la fin de l’approvisionnement en pétrole et en gaz à bas coût en provenance de Russie. Nous nous attendons à ce que le plan de relance présenté en février dernier, d’un montant de 1000 milliards d’euros, ne commence à porter ses fruits sur la croissance qu’à partir du deuxième semestre 2026. Ce sera, en tout cas, certainement suffisant pour avoir une croissance proche de 1,5% en 2026 (contre 1% en France).
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
| Jour | Heure | Pays | Indicateur | À quoi s'attendre ? |
|---|---|---|---|---|
| Le 02/01/2026 | 09:55 | Allemagne | PMI manufacturier (Décembre) | Précédent à 47,7. |
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