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La baisse du dollar devient un vrai casse-tête pour les investisseurs et les entreprises. Le marché monétaire prévoit que la paire EUR/USD pourrait rallier le seuil psychologique de 1,23 d’ici la fin de l’année. C’est tout à fait possible au regard de la performance des derniers jours.

C’est sans appel. Selon le rapport hebdomadaire du régulateur américain, la CFTC, les gestionnaires de fonds n’ont jamais été aussi vendeurs sur le dollar de l’histoire. C’est un record. Tout le monde s’attend à ce que la devise américaine continue de faiblir dans les mois à venir. En cause, les problèmes de gouvernance aux États-Unis, les inquiétudes à propos de la guerre commerciale et les incertitudes concernant le budget.

La baisse du dollar pose un sérieux problème aux investisseurs. Historiquement, un Européen qui investissait aux États-Unis n’avait pas besoin de couvrir son risque de change. La volatilité de l’EUR/USD était limitée. Ce n’est désormais plus le cas. La paire a chuté de – 12% depuis le début d’année, impactant d’autant les performances des fonds sur les actions américaines. Malheureusement, ce n’est certainement pas fini. Les contrats à terme sur l’EUR/USD prévoient une baisse jusqu’à 1,23 voire au-delà en fin d’année – soit une dépréciation supplémentaire d’au moins +5%. C’est évidemment aussi un problème pour les entreprises qui, via les exportations et les importations, peuvent être soumises à une problématique de taux de change liée au dollar américain.

On le sait bien, les prévisions sur le taux de change sont toujours volatiles et peu fiables, même à trois mois. En revanche, il est rare qu’on constate une telle défiance pour le dollar qui est la monnaie la plus échangée au niveau mondial et la devise de réserve internationale. Il est trop tôt pour savoir si le déclin du dollar est conjoncturel ou structurel. Certains analystes évoquent un bear market séculaire pour le dollar (marché structurellement baissier). C’est un peu exagéré en l’état actuel des connaissances.

Notre avis : le dollar va certainement continuer de baisser, particulièrement face à l’euro, à la livre sterling ou encore face à certaines monnaies asiatiques. Une paire EUR/USD proche de 1,23 d’ici la fin de l’année n’est pas un objectif aberrant. En revanche, nous ne voyons pas ce qui pourrait pousser la paire au-delà. Prudence.

Au niveau macroéconomique, l’actualité des dernières séances était calme. Mardi dernier, à l’occasion d’une conférence de presse, le gouverneur de la Banque de France, Villeroy de Galhau, a laissé entendre que la Banque Centrale Européenne (BCE) pourrait procéder à de nouvelles baisses de taux : « les anticipations d’inflation restent modérées », tandis que « l’appréciation significative de l’euro » compense en partie la hausse des prix du pétrole. « Cela pourrait conduire à un nouvel assouplissement [de la politique de la BCE] dans les six prochains mois. » Nous tablons sur un taux terminal autour de 1,50% l’an prochain, contre 2% actuellement. Si cela se produit, ce sera une bonne nouvelle pour l’économie de la zone euro qui est encore un peu moribonde.

Enfin, la géopolitique revient en arrière-plan, pour le moment. Finies la crise au Moyen-Orient, les conséquences du blocage du détroit d’Ormuz (un scénario complètement improbable) et la 3ème guerre mondiale (nous caricaturons à peine). Ce qu’on peut retenir de cet épisode, c’est que les regains de tensions militaires ont généralement peu d’effets sur le marché des changes, y compris sur les valeurs refuge. On en parle beaucoup. Mais l’impact réel est souvent limité. À méditer.

Le point technique

L’euro poursuit son envolée face à quasiment toutes les devises, y compris le shekel israélien. C’est le phénomène de cette année. On aurait pu penser que la devise israélienne bénéficie du cessez-le-feu au Moyen-Orient. Même pas. La hausse la plus sensible est évidemment face au dollar américain avec le franchissement du seuil situé à 1,17 (+1,90% sur les cinq dernières séances). À moins d’un changement de paradigme brutal sur le FX dans les semaines à venir, nous pensons que l’euro devrait conforter sa performance pendant tout l’été.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,13881,14901,18301,2000
EUR/GBP 0,83880,84120,86120,8688
EUR/CHF 0,92550,93000,94120,9456
EUR/CAD 1,57991,58901,62901,6312
EUR/JPY 166,90164,99170,89172,11

Les annonces à suivre

La semaine est un peu écourtée à cause de la fête nationale américaine, ce qui va entraîner une clôture prématurée des bourses et donc moins de liquidité, y compris sur les devises. Le rapport sur l’emploi du Département du Travail américain, portant sur le mois de juin, va être la statistique la plus importante. Nous nous attendons à ce que le taux de chômage reste stable à 4,2%. C’est bas. Il faudrait qu’il grimpe à 4,5% pour que cela incite la Réserve Fédérale américaine (Fed) à agir précipitamment. Dans ce contexte, aucune chance que la Fed ne bouge ses taux à la fin du mois. Elle devrait être en mode pilotage automatique jusqu’en septembre, au moins. À ce moment-là, nous anticipons une baisse des taux de 25 points de base.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 01/07/202511:00Zone euroInflation (Juin)Précédent à 1,9% sur un an.
Le 02/07/202514:15USAEnquête ADP sur l’emploi non agricole (Juin)Précédent à 37k. Faible influence sur le marché.
Le 03/07/202514:30USA
Emploi américain (Juin)Précédent à 4,2% et 139k.

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