Les statistiques européennes publiées la semaine dernière ont toutes confirmé que la situation économique en zone euro est plutôt bonne (c’est ce que nous cessons de répéter depuis des semaines). Le prix du gaz sur le marché de gros continue de s’effondrer. Il a atteint un plus bas de seize mois du fait d’une augmentation inattendue de l’offre. Comme c’est le cas en Europe, l’hiver est moins rude que prévu en Chine, ce qui entraîne automatiquement une baisse de la demande. Le gaz naturel liquéfié qui était normalement prévu pour la Chine est revendu sur le marché avec une décote ce qui entraîne tous les prix à la baisse. C’est plutôt une bonne nouvelle. Cela conduit également à une baisse du prix de l’électricité sur le marché de gros (en Europe, les marchés du gaz et de l’électricité sont interconnectés). En septembre dernier, le prix de l’électricité atteignait des pointes autour de 600 euros le MWh. Désormais, le prix évolue autour de 117 euros pour la France. C’est encore beaucoup. Avant la crise, les points hauts étaient autour de 60 euros. Mais cela reste raisonnable par rapport à ce que nous avons connu. Sans surprise, la baisse de l’énergie se répercute sur l’inflation. La semaine passée, Eurostat a publié le détail de l’indice des prix à la consommation en décembre en zone euro. La baisse de l’inflation est exclusivement le résultat d’une chute de l’énergie qui devrait perdurer au moins dans les mois à venir. Au niveau des autres segments (comme l’alimentation), les pressions à la hausse sur les prix subsistent. Cela signifie que la Banque Centrale Européenne (BCE) ne peut pas baisser la garde, pour le moment. De nombreux membres du Conseil des gouverneurs de la BCE se sont exprimés au cours des dernières séances. Il faut faire le tri entre les colombes et les faucons. Mais, dans l’ensemble, le message est clair : en février prochain, la BCE augmentera son taux directeur de 50 points de base, comme prévu par le marché. L’ampleur de la hausse des taux au mois de mars fait débat, en revanche. De plus en plus d’analystes prévoient une hausse de plus faible ampleur (25 points de base). Cela dépendra étroitement des derniers chiffres économiques (en particulier de l’inflation).
De l’autre côté de l’Atlantique, l’économie montre des signes de faiblesse (ventes au détail en berne, par exemple). C’est toutefois normal après un cycle expansionniste aussi long. Même si le risque de récession aux Etats-Unis a certainement un peu augmenté par rapport à il y a un mois, il n’en est rien certain que l’économie américaine devra passer par cette phase à court terme. Le chiffre de la croissance au quatrième trimestre 2022 qui sera publié cette semaine devrait d’ailleurs prouver la forte résilience de l’économie américaine. En termes de politique monétaire, plusieurs membres du FOMC (qui a en charge le pilotage des taux directeurs de la banque centrale américaine) ont plaidé en faveur d’une hausse du taux directeur de 50 points de base le 1er février prochain. C’est en particulier le cas de James Bullard, président de la Réserve Fédérale de Saint Louis. Ainsi, il espère envoyer un message clair au marché et s’assurer, en même temps, que l’inflation continue son reflux (ce qui est le cas depuis plusieurs mois). Un débat existe parmi les analystes du marché des changes sur le rythme de la hausse des taux aux Etats-Unis après la réunion du mois de février. En revanche, tout le monde s’accorde sur le fait que le taux terminal devrait se situer autour de 5% voire 5,25%.
De l’autre côté de la planète, la Chine a annoncé une croissance décevante de 3% en 2022. Considérant que les chiffres officiels chinois sont certainement enjolivés, la croissance réelle était certainement beaucoup plus basse. La raison principale : la politique zéro Covid qui a mis sous pression la structure économique. En sortir fût incontestablement une bonne décision du point de vue économique. Du point de vue sanitaire, il y a un débat. Dans les campagnes, il semble que la Covid fasse beaucoup de morts. Le consensus prévoit un redémarrage de l’économie chinoise en 2023 (avec une cible de croissance à 5%). Chez Mondial Change, nous anticipons l’annonce de mesures massives de soutien à l’économie à partir du mois de mars (à la fois des mesures fiscales mais aussi des mesures monétaires comme une baisse du taux de réserve obligatoire des banques). On ne peut pas exclure que la Chine cherche également à affaiblir sa monnaie ce qui aurait pour avantage de stimuler le secteur des exportations (toujours aussi crucial pour l’économie chinoise). Si la relance chinoise est aussi importante que nous l’espérons, ce serait une très bonne nouvelle pour l’Europe (et surtout pour l’Allemagne) en raison des liens d’interconnexion importants sur le plan économique. Mais c’est à confirmer.
Sur le marché des devises, la monnaie unique européenne était en nette hausse face à toutes ses contreparties la semaine dernière (à l’exception du yen japonais). La progression la plus importante a eu lieu face au dollar américain (+1,75%). Les cambistes anticipent désormais que la Banque Centrale Européenne (BCE) va probablement être plus hawkish que la Réserve Fédérale américaine (Fed) dans les mois à venir. Cela devrait logiquement soutenir le cours de l’euro. Le dernier rapport de la CFTC aux Etats-Unis (Commodity Futures Trading Commission – agence fédérale indépendante chargée de la régulation des bourses) confirme que les investisseurs institutionnels (comme les banques) sont toujours majoritairement positionnés à l’achat sur l’euro. Du point de vue de l’analyse technique, le franchissement de la zone des 1,08 constitue également un signal d’achat important. La remontée de l’euro pourrait se poursuive jusqu’à la zone des 1,10 (ce sera néanmoins un niveau difficile à dépasser d’après nous).
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
SUPPORTS | HEBDO | RÉSISTANCES | HEBDO | |
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S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,058 | 1,0707 | 1,0950 | 1,1070 |
EUR/GBP | 0,8464 | 0,8628 | 0,895 | 0,9140 |
EUR/CHF | 0,9701 | 0,9873 | 1,0129 | 1,0330 |
EUR/CAD | 1,4320 | 1,4456 | 1,4778 | 1,503 |
EUR/JPY | 136,21 | 138,28 | 142,05 | 143,75 |
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Sur le marché des devises, il y a eu beaucoup d’activité la semaine passée. L’EUR/CAD a atteint un point haut de onze mois à 1,4640. La tendance de fond est toujours haussière. L’euro est porté par le retour de l’optimisme de ce côté-ci de l’Atlantique. La paire EUR/USD semble toujours bien orientée, même si la performance hebdomadaire est médiocre (hausse de 0,10%). Le marché semble reprendre son souffle. L’euro a également repris du terrain face au yen japonais (hausse de 1,27% en une semaine). Ce n’est pas tant lié à un retour de la confiance à l’égard de l’euro qu’à une déception des cambistes concernant la réunion de la Banque du Japon. Tout le monde s’attendait à ce que la banque centrale ajuste sa politique monétaire. Des informations de presse d’habitude fiables avaient circulé en amont de la réunion. Peine perdue. La banque centrale n’a pas bougé d’un iota (taux directeur négatif à -0,1% et maintien des objectifs sur les taux courts et longs). On ne peut pas exclure que la banque centrale soit contrainte d’ici sa prochaine réunion prévue les 9 et 10 mars prochains d’intervenir en urgence. Mais, pour l’instant, le plus sage est de réduire son exposition acheteuse à l’égard du yen japonais. C’est ce qu’ont fait beaucoup d’investisseurs institutionnels au cours des dernières séances, d’où le renforcement de la paire EUR/JPY. Cet épisode nous rappelle qu’il ne faut jamais croire sur parole les fuites dans la presse.
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
JOUR | HEURE | PAYS | INDICATEUR | A QUOI S'ATTENDRE ? |
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24/01 | 09:30 | Première estimation de l’indice PMI manufacturier (Janvier) | Il n’y a pas de grande surprise à attendre, l’indice devrait rester en contraction (sous le seuil des 50). | |
25/01 | 10:00 | Indice IFO du climat des affaires (Janvier) | Cette publication entraîne parfois de la volatilité sur l’euro. Le consensus prévoit un chiffre à 87,4 (en baisse). | |
26/01 | 14:30 | PIB au quatrième trimestre 2022 | Consensus à 2,8% - ce qui est un chiffre tout à fait honorable. |
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