Difficile retour de vacances

Le réveil est peut-être brutal si vous n’avez pas prêté attention à l’évolution de l’économie et des marchés pendant la période estivale. Crise boursière, dégradation de l’économie, certains parlent même d’un risque de récession. Nous n’en sommes pas encore là, selon nous. Néanmoins, le ralentissement économique est perceptible et il pourrait être plus important en France qu’ailleurs.

Parfois, l’été, il faut savoir faire le dos rond. C’est ce qui s’est passé cette année avec des marchés financiers, surtout les actions, qui ont connu d’importants remous. À l’exception des paires en JPY, le marché des changes était heureusement plus calme. En cause, une macroéconomie qui se dégrade. Les résultats trimestriels des entreprises cotées étaient décevants. Les analystes n’avaient pas du tout anticipé le ralentissement de la consommation qui touche tous les secteurs d’activité et toutes les zones géographiques. Même McDonald’s, qui est un peu le baromètre pour mesurer l’état de l’économie américaine, s’en est mal sorti avec une baisse notable de ses ventes au deuxième trimestre. Point négatif : ça risque de perdurer.
Faut-il paniquer ? Non. Le mot « récession » était dans la bouche de nombreux analystes et économistes au cours des dernières semaines. Pourtant, ce risque n’est pas du tout crédible à l’instant T. Nous sommes toujours face à un scénario de soft landing, c’est-à-dire de ralentissement de l’activité économique. Le marché a d’ailleurs souvent mal interprété certaines données économiques, ce qui a conduit à des mouvements violents dans une situation où la liquidité est rare. C’est le pire pour les marchés financiers. Par exemple, les opérateurs de marché ont paniqué à la suite de la hausse du taux de chômage outre-Atlantique en juillet. La réalité, c’est que cette statistique était biaisée en raison de l’impact de l’ouragan Beryl qui a frappé le Texas au début du mois de juillet. Le taux de chômage a automatiquement augmenté du fait de l’accroissement des licenciements temporaires. Mais ça n’a pas vocation à perdurer. D’ailleurs, d’autres indicateurs portant sur le marché du travail américain dressaient au même moment une vision beaucoup plus nuancée. Simplement, personne ou presque n’a voulu y prêter attention. Nous ne pensons en aucun cas que la Réserve Fédérale américaine (Fed) a trop tardé pour baisser ses taux. Une première baisse ce mois-ci, certainement de 25 points de base, nous paraît opportune au regard de l’évolution de la conjoncture et de la prise en compte du calendrier politique.
Outre-Manche, comme prévu, la Banque d’Angleterre (BoE) a amorcé son cycle de baisse des taux. Il est peu probable qu’elle décide de baisser ses taux à chaque réunion de politique monétaire car il existe un risque important que les pressions inflationnistes se renforcent d’ici la fin de l’année et poussent de nouveau l’inflation légèrement au-dessus de 2%. En outre, l’inflation dans les services reste toujours un problème, comme dans beaucoup de pays développés. Elle est nettement supérieure à 5% en variation annuelle. Les cambistes sont toutefois positifs à l’égard de la livre sterling. Depuis mi-juillet, on observe un repositionnement à l’achat dans les données publiées par le CFTC américain (organe boursier américain).
En France, la situation économique correspond aussi à un atterrissage en douceur, même si l’incertitude politique qui a résulté des élections législatives anticipées pourrait peser négativement sur la dynamique de croissance. L’activité restait soutenue au deuxième trimestre (hausse du PIB de 0,3%) mais c’est essentiellement dû à des éléments exceptionnels, comme les JO. Les vrais moteurs de la croissance que sont l’investissement des entreprises et la consommation calent. Cela entraîne des conséquences sur le marché de l’emploi. Depuis environ deux ans, on observe une décrue lente des déclarations d’embauche. Elle a soudainement accéléré en juin. Il existe désormais des menaces réelles pesant sur les créations nettes d’emploi. Étant donné la situation budgétaire compliquée de la France, il faut également s’attendre à ce que la dépense publique ralentisse brutalement dans les mois à venir et surtout en 2025. Il n’y a donc rien de très réjouissant en ce qui concerne la macroéconomie française en cette rentrée. Le plus dur est certainement encore à venir…

Le point technique

Sur le marché des changes, c’est surtout le yen qui a beaucoup bougé pendant le mois d’août. Les investisseurs, en particulier les fonds américains, qui étaient depuis des mois positionnés à la vente sont passés brutalement à l’achat à la suite de la hausse des taux décidée par la Banque du Japon à la fin du mois de juillet (une autre est prévue d’ici la fin de l’année). Si on regarde en taux de change réel effectif (qui permet de savoir si une devise est surévaluée ou sous-évaluée par rapport à une autre), le yen est toujours très faible. Mais ça s’améliore et il n’est pas exclu que la monnaie nippone continue sa phase d’appréciation. En ce qui concerne l’EUR/USD, il y a eu quelques tentatives de l’euro pour reprendre le dessus. En vain. Le dollar fort reste la norme.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,07331,08221,11191,1190
EUR/GBP 0,83000,83220,85900,8612
EUR/CHF 0,93110,94330,98020,9901
EUR/CAD 1,47981,48331,52301,5300
EUR/JPY 157,88158,11163,99165,50

Les annonces à suivre

En cette rentrée, l’agenda économique est peu chargé. Le marché anticipe que la Banque du Canada (BoC) va baisser son taux directeur à chaque réunion jusqu’à la fin de l’année. Cela signifie que le taux directeur pourrait atteindre 3,5% en janvier 2025 et même 3% à la mi-2025, selon les anticipations du marché monétaire (qui sont amenées à fluctuer en fonction des statistiques). C’est déjà en partie intégré dans les prix offerts par le marché donc nous doutons que la réunion de la BoC provoque beaucoup de volatilité sur les paires en CAD. À noter que la Fed et la Banque Centrale Européenne (BCE) vont également baisser leurs taux ce mois-ci. Là aussi, c’est déjà anticipé.
Enfin, en ce qui concerne la France, le gouvernement va devoir présenter d’ici au 20 septembre un plan rectificatif de la situation budgétaire afin de renouer avec une cible de déficit soutenable à long terme. Ça va être très compliqué. Cela implique de couper dans les dépenses drastiquement…et peut-être aussi d’augmenter les impôts. Rien de bon pour la croissance, dans tous les cas.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 04/09/202416:00CANRéunion de la banque centraleNouvelle baisse du taux directeur de 25 points de base.

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