Du jamais-vu depuis 2020

Rien ne semble arrêter la dépréciation du dollar, surtout face à l’euro. Depuis le début d’année, la paire EUR/USD a augmenté de +14%. La cible que nous évoquions la semaine dernière à 1,20 pourrait être atteinte dès cet été. Nous avons également une bonne nouvelle à partager avec vous : l’économie devrait accélérer en fin d’année grâce à la liquidité abondante injectée par les banques centrales.

C’est l’été, donc commençons par une bonne nouvelle. La liquidité est très abondante sur les marchés financiers, y compris le marché des changes. Depuis le début d’année, il y a eu 64 baisses de taux de la part des banques centrales au niveau mondial. C’est un record depuis la pandémie de 2020. Par exemple, la Banque Centrale Européenne (BCE) a abaissé son taux directeur à quatre reprises depuis le début d’année. Au moins une nouvelle baisse des taux devrait survenir. Du côté de la Banque Nationale Suisse (BNS), de la Banque d’Angleterre (BoE) et de la Banque du Canada (BoC), il y a déjà eu deux baisses de taux chacune. D’autres sont à venir. Tout cela alors que la Réserve Fédérale américaine (Fed) est plutôt réticente à assouplir le loyer de l’argent, au grand dam du président Trump. La liquidité est cruciale car elle permet le bon fonctionnement des marchés financiers. En outre, elle vient aussi irriguer l’économie réelle. Les économistes ne sont pas d’accord sur le timing exact mais en général une baisse de taux a un effet sur l’économie avec un décalage de 8 à 12 mois (certains parlent de 18 mois). Dans tous les cas, cela signifie que la croissance en 2026 pourrait plutôt surprendre à la hausse. C’est déjà bien.

En zone euro, l’inflation allemande est ressortie à 2% sur un an en juin (la première estimation devrait être confirmée cette semaine). C’est exactement la cible de la BCE. Plus aucun grand pays de la zone euro ne fait face à des pressions inflationnistes notables. Nous doutons, en outre, que la guerre commerciale qui oppose Bruxelles à Washington aboutisse à une hausse des prix généralisée. Par conséquent, si la BCE le souhaite, elle est en mesure de baisser de nouveau son taux directeur. Il est actuellement à 2%. Il pourrait être porté à 1,50% selon nous.

En Chine, la situation est plus complexe qu’ailleurs. Depuis le début d’année, Pékin a décidé de se focaliser sur la relance de la consommation. Celle-ci est atone à cause de la crise immobilière (l’immobilier représente 60% du patrimoine des ménages chinois contre au maximum 30% dans les pays développés) et de la faiblesse des hausses de salaires. C’est sur ce dernier point que le gouvernement souhaite agir. Mais cela prendra du temps. Nous pensons qu’il faudra au moins deux à trois ans pour que la consommation se redresse durablement.

Du côté de l’industrie, il y a de belles pépites, en particulier un écosystème IA qui se développe rapidement (DeepSeek). En 2019, la Chine a dépassé les États-Unis en devenant le premier demandeur mondial de brevets. L’entreprise chinoise moteur dans ce domaine est Huawei, fournisseur d’équipements de communication et spécialiste de la 5G faisant l’objet de sanctions de la part des États-Unis dans le cadre de la guerre commerciale. Ainsi, pour la seule année 2023, Huawei a déposé pas moins de 4411 demandes de brevets, soit deux fois plus que le japonais Mitsubishi. Il y a également des segments entiers de l’industrie qui sont à la traîne, avec des secteurs où les marges et les profits sont en chute libre. Prenons l’exemple des semi-conducteurs. Il y a deux ans, le taux de rentabilité net moyen était de 14%. Il est désormais proche de zéro. C’est une chute abyssale en une période très courte. La Chine, avant de pouvoir un jour envisager de dépasser les États-Unis, va devoir d’abord gérer ses nombreux problèmes internes.

Le point technique

Sur le marché des changes, l’euro est toujours le grand gagnant de cette année avec une progression de +14% face au dollar, de +11% face au yuan chinois et de +4% face au yen japonais. Cela s’explique essentiellement par l’entrée massive de flux de capitaux en Europe, notamment de la part de gestionnaires d’actifs qui étaient surexposés au dollar en 2024. Ce n’est en revanche pas du tout lié à une meilleure dynamique macroéconomique européenne. Il suffit de regarder l’évolution de la production industrielle, qui est en contraction dans plusieurs grands pays européens, pour s’en rendre compte.

Dans le contexte actuel, nous pensons que l’EUR/USD devrait continuer de grimper. Notre première cible se situe à 1,20. En cas de franchissement, la paire pourrait tenter de rallier la résistance située à 1,2340. Du côté de l’EUR/GBP, nous avons un objectif à 0,8765.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,15901,16301,19101,2000
EUR/GBP 0,84900,85230,86990,8722
EUR/CHF 0,92500,93000,94110,9450
EUR/CAD 1,57901,58881,62121,6300
EUR/JPY 166,99168,10170,88172,22

Les annonces à suivre

Comme c’est toujours le cas en cette période, l’agenda économique est moins étoffé.

Le seul événement notable est la réunion de la Banque de Réserve d’Australie ce mardi qui pourrait aboutir à une baisse du taux directeur de 25 points de base. Cela ne devrait pas exercer d’influence réelle sur la paire EUR/AUD qui suit une pente ascendante depuis plusieurs mois.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 08/07/202506:30AUSTRALIERéunion de la banque centralePrécédent à 3,85%
Le 09/07/202508:00ALLEMAGNEInflation (Juin)Précédent à 0,1% sur un mois.

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