La baisse du dollar continue face aux devises majeures. Et ça ne devrait pas s’arrêter de sitôt. La crainte d’une dévaluation unilatérale par l’administration Trump du billet vert incite tout le monde à réduire son exposition à l’USD. C’est le bon moment pour revoir sa stratégie de couverture du taux de change, comme tous les grands acteurs institutionnels sont en train de le faire. Une baisse de 2-3% du dollar, c’est gérable. Une dévaluation de 15% voire 20%, c’est une autre affaire.
Le dollar américain s’affaisse. Mais pas face à toutes les monnaies. En Asie, la guerre des devises fait rage. C’est le dollar qui est le grand gagnant. La semaine dernière, le dong vietnamien s’est effondré à un point bas historique face au dollar américain, ce qui devrait obliger les autorités à intervenir sur le marché des changes. La plupart des monnaies de la région, notamment la roupie indienne, sont confrontées à la même problématique. Ce qui se passe en Asie montre que le dollar joue toujours son rôle de valeur refuge face aux monnaies émergentes. En revanche, il est contesté face aux devises majeures comme l’euro, la livre sterling ou le franc suisse.
La monnaie helvétique a atteint un point haut face au dollar américain à 0,80 CHF pour 1 USD. Cela va compliquer la tâche de la Banque Nationale Suisse (BNS). Le marché monétaire anticipe qu’elle va porter son taux directeur à 0% dès le mois de juin. Mais elle pourrait aller plus loin et renouer avec les taux négatifs qui ont eu cours de 2014 à 2022. C’est déjà intégré par le marché obligataire puisque le taux de rendement des obligations souveraines suisses à courte maturité est de nouveau en territoire négatif. C’est évidemment une anomalie. Cela montre à quel point le contexte économique et financier actuel est inédit. Du point de la croissance, le franc fort est évidemment une monnaie nouvelle pour la Confédération. Il faut garder en tête que les exportateurs suisses font face aux tarifs « réciproques » de 31% imposés par l’administration Trump, ce qui va immanquablement rogner sur leurs marges.
Les grands acteurs institutionnels (banques, compagnies d’assurance, fonds spéculatifs) continuent de réduire leur exposition aux actifs en dollars. Le dernier rapport du gendarme boursier américain, la CFTC, montre que le dollar index n’a jamais été autant vendu depuis la période Covid de 2020. Habituellement, lorsqu’il y a des ventes excessives, un rebond rapide survient. Nous sommes prudents. Le contexte reste incertain. Dans les salles de marché, on évoque encore la possibilité que la Maison Blanche puisse vouloir dévaluer le dollar américain cet été (les grands changements monétaires ont la mauvaise habitude de survenir pendant la période estivale). Difficile de savoir si c’est vrai. En tout cas, cela incite tout le monde à hedger les positions détenues en dollar. Rien ne devrait changer avant au moins plusieurs mois. Si vous êtes exposés au marché des États-Unis, pensez à revoir votre stratégie de couverture. Dans le meilleur des cas, si le dollar se déprécie de 8-10%, c’est encore gérable (bien que douloureux). Mais imaginez une dévaluation unilatérale de 15% voire 20%, comme c’est évoqué par certains membres de l’administration Trump, cela peut sérieusement mettre en danger votre activité. Le risque de change sur le dollar est, selon nous, la principale menace cette année.
Le point technique
Sur le marché des changes, l’euro a continué de se renforcer face au yen japonais après la réunion de la Banque du Japon. Comme prévu, cette dernière a maintenu son taux directeur inchangé à 0,5%. En outre, elle a revu à la baisse ses prévisions de PIB et d’inflation en raison de la guerre commerciale, ce qui a eu un effet négatif sur la devise nippone. Elle a également chuté face au dollar. Du côté de l’EUR/USD, il y a eu des prises de bénéfices en fin de semaine dernière. Mais la tendance de fond est toujours nettement haussière. La résistance située à 1,1494 est à surveiller pour espérer une nouvelle poussée haussière. Enfin, du côté des devises d’Europe centrale et orientale, il est probable que la couronne tchèque poursuive sa hausse face à l’euro (+1,11% depuis le début d’année). La banque centrale tchèque devrait baisser son taux directeur de 25 points de base le 7 mai mais elle devrait adopter un ton hawkish, ce qui tend à soutenir la devise tchèque.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
Supports | hebdo | Résistances | hebdo | |
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S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,1129 | 1,1233 | 1,1494 | 1,1522 |
EUR/GBP | 0,8324 | 0,8377 | 0,8611 | 0,8650 |
EUR/CHF | 0,9190 | 0,9266 | 0,9390 | 0,9390 |
EUR/CAD | 1,5490 | 1,5433 | 1,5700 | 1,5734 |
EUR/JPY | 160,22 | 161,89 | 164,10 | 164,77 |
Les annonces à suivre
Comme c’est systématiquement le cas au mois de mai, les volumes vont diminuer sur le FX. C’était déjà le cas en avril, beaucoup d’investisseurs optant pour la prudence. Les deux réunions de banque centrale de la semaine ne devraient pas aboutir à des changements notables. La Réserve Fédérale américaine est en mode pause, attendant plus de statistiques avant de savoir si elle doit accélérer la baisse des taux. Outre-Manche, la Banque d’Angleterre devrait baisser son taux directeur de 25 points de base – c’est intégré depuis des semaines dans les cours de la livre sterling. Il n’y aura donc pas de surprise.
Dans un autre registre, le conclave pour élire un nouveau pape commence ce mercredi.
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
Jour | Heure | Pays | Indicateur | À quoi s'attendre ? |
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Le 07/05/2025 | 20:00 | USA | Réunion de la banque centrale | Aucun changement de politique monétaire |
Le 08/05/2025 | 13:00 | UK | Réunion de la banque centrale | Baisse du taux directeur de 25 points de base |
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