Jeu, set et match !

L’évolution de la politique monétaire américaine est certainement l’un des principaux sujets d’incertitude pour 2026.  Notre avis : la raison va l’emporter. Il n’y aura pas de baisses de taux massives qui n’ont lieu que pendant les périodes de récession ou de crise financière. La Fed va abaisser son taux directeur de 50 points de base, probablement en deux fois, pour atteindre un taux terminal à 3%. Et ça risque de ne pas plaire à Donald Trump !

C’était un secret de Polichinelle. La Réserve Fédérale américaine (Fed) a abaissé son taux directeur de 25 points de base entre 3,50% et 3,75% lors de sa réunion de mercredi dernier. En revanche, la direction que la politique monétaire américaine va prendre en 2026 est plus incertaine.

Une minorité de membres du FOMC (l’organe décisionnel) s’inquiète d’un éventuel retour de l’inflation qui peine toutefois à se matérialiser dans les chiffres. D’autres anticipent une reprise forte de la croissance américaine l’an prochain grâce aux investissements dans l’intelligence artificielle. Pour eux, il n’y a donc pas de raison de se presser de baisser le loyer de l’argent. Enfin, la majorité semble s’inquiéter du ralentissement du marché de l’emploi et de certaines statistiques indiquant des difficultés de plus en plus importantes des Américains à boucler leurs fins de mois. Par exemple, 17% des ménages américains sont en retard sur le paiement de leurs factures d’électricité qui ont grimpé à cause de la consommation massive des centres de données. Ils plaident, logiquement, pour des taux courts (taux de la Fed) plus bas afin de soutenir l’activité économique.

Autre facteur à prendre en compte. J. Powell, qui préside le FOMC, doit quitter ses fonctions au printemps prochain. Son remplaçant, choisi par Donald Trump, va-t-il baisser massivement les taux comme la Maison-Blanche le souhaite ou va-t-il prendre son indépendance à l’instar de Powell ?

Selon nous, le cycle de diminution des taux courts américains n’est pas terminé. Nous estimons que le taux terminal se situe autour de 3% – ce qui signifie que la Fed pourrait encore baisser les taux d’au moins 50 points de base, probablement en deux fois. C’est notre scénario central qui tient compte d’une inflation un peu élevée (autour de 3%) et d’une croissance américaine résiliente mais avec des signes de fragilité, en particulier sur le marché du travail. Nous doutons que la Fed, à partir du printemps, opère des baisses de taux massives de 50 voire 100 points de base – comme certains membres de l’administration Trump l’ont suggéré ces derniers mois. Pour que cela se produise, il faudrait une crise économique ou une crise financière. Personne n’y croit. Nous restons du côté de la raison.

En zone euro, l’activité économique est toujours stable, mais stagnante. Beaucoup d’analystes espèrent un raffermissement de la croissance en 2026, notamment si l’épargne massive accumulée par les Européens est finalement injectée dans l’économie réelle. En France, la hausse du taux d’épargne est liée à trois phénomènes : l’indexation pleine et entière des retraites, le très net rebond des intérêts capitalisés sur les produits d’épargne (Livret A, par exemple), et le rôle du crédit habitat (facteur plus marginal, toutefois). Cela fait plusieurs années que les économistes s’attendent à ce que cette épargne abondante vienne stimuler l’activité économique. En vain. Malheureusement, nous ne voyons pas ce qui serait différent en 2026. Il est probable que l’activité économique en zone euro reste atone, plombée par une demande faible et aussi par une concurrence chinoise qui s’attaque de plus en plus aux fleurons de notre industrie, faute de mesures de protection. Le lent déclassement économique européen risque de se poursuivre…

Le point technique

Sur le marché des devises, le dollar a été un peu aidé par les tensions sur le marché obligataire – la hausse des taux longs est un signal d’aversion au risque ce qui favorise le billet vert. Il est probable que la thématique obligataire reste présente l’an prochain. Le consensus Bloomberg s’attend toujours à ce que l’EUR/USD poursuive sa hausse dans les mois à venir, avec une cible à 1,18 au T1 2026 et à 1,20 au T2. Attention, le consensus s’est souvent trompé par le passé donc il convient aussi d’envisager, dans le cadre d’une couverture de change, un scénario où l’EUR/USD pourrait s’affaiblir l’an prochain. L’évolution du marché des devises cette année nous a montré qu’on peut avoir des mouvements erratiques de forte ampleur, y compris sur les paires majeures.

En revanche, s’il y a une paire dont la direction ne fait pas de doute, c’est l’EUR/JPY. Nous sommes toujours positionnés à la hausse, avec un possible objectif à 183,50.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,14431,14901,17201,1800
EUR/GBP 0,86000,86300,88000,8834
EUR/CHF 0,91990,92880,93800,9400
EUR/CAD 1,58341,59001,61881,6234
EUR/JPY 179,90180,91182,90183,50

Les annonces à suivre

Les banques centrales sont encore au rendez-vous cette semaine.

La Banque d’Angleterre (BoE) devrait baisser son taux directeur de 25 points de base – c’est déjà intégré dans les cours. Selon nous, deux baisses supplémentaires sont envisageables au cours du premier semestre 2026. Le découplage de politique monétaire entre la BoE et la Banque Centrale Européenne (BCE) devrait favoriser une baisse de la livre sterling. Nous estimons que la paire EUR/GBP pourrait prochainement atteindre 0,89.

La BCE se réunit également. Il n’y a toutefois aucun enjeu. Les économistes débattent entre eux de l’opportunité d’une nouvelle baisse des taux de 25 points de base. Ce qui est certain, c’est que ce scénario n’est pas validé par le Conseil des gouverneurs, pour le moment. Le taux directeur principal est attendu inchangé à l’issue de la réunion de jeudi.

C’est du côté de la Banque du Japon (BoJ) que l’incertitude est la plus élevée. Depuis plusieurs mois, le marché monétaire table sur une hausse des taux afin de raffermir le yen japonais et de soutenir l’inflation. Pendant longtemps, la déflation a été le principal problème du Japon. Nous doutons toutefois qu’une hausse des taux ait lieu en décembre. Le gouvernement japonais, qui exerce une tutelle sur la BoJ, s’y oppose. Pourquoi ? Le plan de relance présenté en novembre va être en grande partie financé par des émissions de dette sur le marché obligataire. Il est donc préférable que les taux restent faibles. En outre, l’inflation a fait son retour dans l’archipel et commence à atteindre des niveaux qui pénalisent les plus fragiles (d’où des mesures de lutte contre la hausse des prix prévues dans le plan de relance). Cela ne signifie pas qu’une hausse des taux de la BoJ n’aura jamais lieu. Mais c’est peu probable dès cette année. Le yen devrait donc logiquement rester faible encore pour un moment face à l’euro et au dollar américain.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 16/12/202514:30USAChiffres de l’emploi (Novembre)Précédent à 119k.
Le 18/12/202513:00Royaume-UniRéunion de la banque centraleBaisse du taux directeur de 25 points de base.
Le 18/12/202514:15Zone euroRéunion de la banque centraleMaintien du taux directeur inchangé.
Le 19/12/202504:00JaponRéunion de la banque centraleMaintien du taux directeur à 0,50%.

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