La Chine tousse

Comme presque chaque été, les inquiétudes sont nombreuses concernant la Chine. C’est cette fois-ci son secteur bancaire qui est le principal point d’attention. Mais peu d’effet immédiat sur le yuan. Attention, la Banque d’Angleterre pourrait assouplir sa politique monétaire cette semaine. Comme tous les ans, nous faisons une pause estivale. On se retrouve le 2 septembre ! Bonnes vacances.

C’est quasiment tous les étés pareils. La situation en Chine provoque des sueurs froides aux investisseurs du monde entier. Cette fois-ci, c’est le secteur bancaire qui est le principal point d’attention. En l’espace d’une semaine, 40 banques ont disparu. Le pays est confronté à une crise bancaire silencieuse qui, pour l’instant, ne constitue pas un problème pour l’économie mondiale. Au total, selon des chiffres non officiels, 3800 petites banques locales – essentiellement situées dans des zones rurales – sont en difficulté. Cela représente environ 55 000 milliards de yuans d’actifs, soit l’équivalent de 13% du système bancaire chinois. Les banques les plus en difficultés ont jusqu’à 40% de prêts non performants dans leur bilan, reflétant essentiellement une forte exposition au secteur immobilier en crise et à des fraudes à grande échelle (qui concernent en particulier le secteur public). Dans l’immédiat, la Chine a opté pour deux solutions afin de juguler le problème : 1) laisser faire faillite les plus petites banques dont la disparition n’entraîne pas de sérieux problèmes économiques et financiers ; 2) pousser en faveur des fusions bancaires. Ainsi, par exemple, dans la seule province de Liaoning, 36 banques ont fusionné en une seule. Mais cette dernière option ne résout pas complètement les problèmes car les prêts défaillants sont toujours là. Afin d’éviter que la situation n’empire, la Chine doit accélérer dans la législation sur la stabilité financière. Elle accuse un retard important en ce qui concerne les petites banques. En revanche, il faut reconnaître que les cinq principales banques systémiques sont bien protégées et parfaitement capitalisées. En outre, Pékin va certainement être contraint de recapitaliser davantage les banques issues des fusions via des obligations spéciales, ce qui implique que le marché obligataire soit dynamique. Nous ne faisons pas partie du camp de ceux qui considèrent qu’il y a, aujourd’hui, un risque de contagion à l’économie mondiale. Tant que les cinq banques systémiques sont à l’abri – ce qui est le cas depuis 2015 – il ne devrait pas y avoir de problèmes. En revanche, c’est un souci indéniable pour l’économie locale et en particulier les PMEs situées dans les provinces qui sont très dépendantes du crédit bancaire. La Chine a récemment décidé de baisser de 10 points de base son taux directeur afin de redynamiser un peu l’économie. Nous considérons que c’est très insuffisant. Il est probable que la croissance chinoise reste molle cette année et l’an prochain et que les problèmes structurels liés à l’immobilier et au secteur bancaire constituent des freins importants à l’activité. Sans système bancaire sain, on sait qu’une politique de relance massive du crédit est vouée à l’échec. C’est certainement pour cela que le gouvernement chinois n’envisage pas de grand plan de soutien à l’économie et opte plutôt pour des mesures très ciblées. Pour l’Europe, et en particulier pour l’Allemagne, le manque de dynamisme chinois est évidemment une mauvaise nouvelle. Une plus forte croissance en Europe ne va pas passer, dans l’immédiat, par un commerce extérieur plus soutenu.
Au Japon, la banque centrale commence à s’inquiéter de la faiblesse de la consommation. En dépit de hausses de salaire négociées historiques au cours du printemps, la consommation s’affaiblit. Certains économistes considèrent qu’il ne s’agit que d’un décalage temporel. D’autres sont plus pessimistes. Au sein de la Banque du Japon (BoJ), plusieurs membres considèrent que la fenêtre d’opportunité pour augmenter de nouveau le taux directeur se referme rapidement. C’est pourquoi ils militent en faveur d’une hausse du loyer de l’argent dès le 31 juillet. Nous pensons que c’est un scénario probable. Une hausse du taux directeur de 10 points de base pourrait un peu aider le yen, qui reste très faible. En revanche, nous doutons sérieusement que cela inverse la tendance de fond baissière, en particulier face au dollar américain. Selon nous, seule l’amorce du cycle de baisse des taux par la Réserve Fédérale américaine (Fed) en septembre prochain pourrait réellement avoir un effet positif durable sur le yen.

Le point technique

On estime souvent que l’été est propice à de fortes fluctuations sur les monnaies, notamment parce que les volumes échangés sont plus faibles. Nous nous attendons plutôt à une stabilisation des principales devises proche des niveaux actuels. C’est notre scénario central. Il n’y a pas de risque majeur à l’horizon au cours du mois d’août. Du côté de l’Asie, on note que ce sont les anticipations de baisse de taux par la Fed qui ont le plus d’influence sur les taux de change – bien plus que les décisions des banques centrales de la région. C’est logique. En ce qui concerne la paire EUR/USD, nous nous attendons à ce qu’elle évolue dans son grand range des dernières semaines, entre 1,06 et 1,10, au cours du mois d’août – avec une zone pivot vers 1,08.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,06331,07211,09191,0988
EUR/GBP 0,83010,83330,85110,8566
EUR/CHF 0,95110,95330,98330,9933
EUR/CAD 1,46981,48721,50301,5303
EUR/JPY 163,88165,11171,99172,56

Les annonces à suivre

Avant notre pause habituelle du mois d’août, il y a deux banques centrales à surveiller. Le 31 juillet, nous estimons que la probabilité est élevée que la BoJ augmente ses taux. Le 1er août, la Banque d’Angleterre (BoE) devrait prendre le relais, pour baisser les taux de 25 points de base. L’évolution sur le front de l’inflation et de la croissance outre-Manche est plutôt positive. C’est le bon moment pour agir. Surtout, nous doutons que la BoE puisse longtemps rester à l’écart de la baisse des taux attendue par la Fed. C’est en partie déjà pricé par le marché, ce qui signifie que l’impact sur la livre sterling devrait être contenu. Comme nous l’indiquions plus haut, nous pensons que ce mois d’août sera plutôt calme sur les monnaies. Vous pouvez partir en vacances tranquille. On se retrouve le 2 septembre.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 31/07/202405:00JAPRéunion de la banque centralePossible nouvelle hausse des taux.
Le 31/07/202420:00USARéunion de la banque centraleRien
Le 01/08/202413:00UKRéunion de la banque centraleAmorce du cycle de baisse des taux
Le 02/08/202414:30USAChiffres de l’emploi et du chômage en juilletTaux de chômage en juin à 4,1%.

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