Comme sur le marché des actions, la perspective d’un éventuel accord de paix en Ukraine a soutenu les devises à risque, en particulier l’euro. Mais restons prudents à ce stade. Il y a encore beaucoup de points d’interrogation.
Les actions européennes ont augmenté la semaine dernière dans l’anticipation d’un éventuel accord de paix ou un cessez-le-feu en Ukraine. L’effet fut aussi perceptible sur le marché des changes, particulièrement sur les paires en euro. Les investisseurs considèrent qu’un accord pourrait donner un coup de fouet à la croissance européenne qui reste atone (consensus Bloomberg en date du 19 février à 1,1% cette année). Selon une étude de Goldman Sachs, cela pourrait faire augmenter le PIB réel de l’Union de 0,1% à 0,5%. Tout dépend bien évidemment des paramètres de l’accord et de sa mise en œuvre. Il reste beaucoup de points d’incertitude. Par exemple : qui sera chargé sur le terrain de s’assurer que les troupes russes respectent les engagements pris par le Kremlin ? Est-ce que l’OTAN sera impliqué ? Quelles vont être les concessions financières et territoriales de part et d’autre ? Qui va financer la reconstruction de l’Ukraine ? etc. Le calendrier est également incertain. Mais on peut s’aventurer à considérer qu’un accord, même partiel, pourrait être signé dans le courant de l’année. Nous restons toutefois prudents et ne partageons pas l’optimisme ambiant. Il ne faudrait pas que cet accord soit un nouveau Munich – en référence aux Accords de Munich signés par la France, le Royaume-Uni, l’Italie et l’Allemagne qui ont conduit à la disparition de l’État indépendant de Tchécoslovaquie. Pour la petite histoire, la Tchécoslovaquie n’avait pas été conviée aux négociations, à l’instar de l’Ukraine aujourd’hui…
En tout cas, une devise a clairement bénéficié des rumeurs d’accord, c’est le rouble russe. Depuis le début d’année, la devise russe a rebondi de 20% face au dollar américain – effaçant au passage les pertes liées au mini-krach de fin 2024. À noter que le rouble est une monnaie qui est partiellement administrée par la banque centrale (à l’instar du yuan chinois). La dynamique est différente pour la monnaie ukrainienne, la hryvnia. Le taux de change face au dollar et à l’euro est fixé de manière hebdomadaire par la banque centrale. Au début de la guerre, le taux de change fixe fut temporairement abandonné car la banque centrale n’était plus en mesure d’intervenir sur le marché des changes en raison de la chute dramatique de ses réserves de devises. Heureusement, depuis, les pays européens ont apporté beaucoup de fonds à la banque centrale, ce qui a permis de redresser la hryvnia. Du point de vue monétaire, le pire est certainement passé pour l’Ukraine.
Le Royaume-Uni était également sous les projecteurs la semaine passée, en raison de très solides statistiques portant sur le marché de l’emploi qui ne font pas les affaires de la Banque d’Angleterre (BoE). Sur les trois mois précédant décembre 2024, le taux de chômage est resté stable à 4,4% – ce qui est bas. C’est en-dessous du consensus (4,5%). Point plus important pour la banque centrale : l’inflation annuelle des salaires (qui inclut les primes et les bonus) a progressé de 5,6% à 6%. C’est beaucoup plus que prévu. Ces données expliquent en partie la résilience de la livre sterling, notamment face à l’euro. Avec une telle dynamique des salaires, ça va être compliqué pour la BoE de baisser fortement les taux directeurs à court terme. Le différentiel de taux avantage clairement la livre sterling par rapport à l’euro.
Le point technique
Sur le marché des devises, l’euro reste soutenu par les flux d’achats d’actions européennes qui sont fortement décotées par rapport aux actions américaines, de l’ordre de 33%. Pour l’instant, c’est un mouvement de court-terme, qui a débuté au début du mois de janvier. C’est encore trop tôt pour savoir si c’est structurel. Mais cela explique en partie la résilience de la monnaie unique.
De son côté, le yen a été soutenu par la possibilité d’une nouvelle hausse des taux par la Banque du Japon. Les cambistes anticipent une hausse de 25 points de base lors de la réunion du mois de juillet, ce qui porterait le taux directeur à 0,75%. Bien-sûr, c’est un horizon très lointain et beaucoup de choses peuvent se passer d’ici juillet. Mais ces anticipations pourraient soutenir au moins à court terme le yen face à l’euro et au dollar.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
Supports | hebdo | Résistances | hebdo | |
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S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,0299 | 1,0355 | 1,0515 | 1,0555 |
EUR/GBP | 0,8180 | 0,8200 | 0,8323 | 0,8400 |
EUR/CHF | 0,9299 | 0,9322 | 0,9488 | 0,9502 |
EUR/CAD | 1,4735 | 1,4788 | 1,4932 | 1,4956 |
EUR/JPY | 154,90 | 155,10 | 158,11 | 159,35 |
Les annonces à suivre
D’éventuels nouveaux commentaires sur un processus de paix en Ukraine ainsi que de nouvelles mesures tarifaires de la part de l’administration Trump pourraient encore attiser la volatilité sur les devises cette semaine. Cette dernière reste élevée, comme nous le mentionnions la semaine passée. Du côté des statistiques, il ne devrait pas y avoir de grandes surprises. Les prix à la consommation en zone euro devraient ressortir à 2,5% sur un an – ce qui confirme la marge de manœuvre pour baisser les taux directeurs en zone euro vers 2%, voire 1,85%. Aux États-Unis, le PIB au quatrième trimestre est prévu jeudi. Ce n’est pas une statistique qui est habituellement beaucoup regardée par les cambistes. Dans tous les cas, il faut s’attendre à un bon chiffre – prouvant une fois encore que la résilience incroyable de l’économie américaine.
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
Jour | Heure | Pays | Indicateur | À quoi s'attendre ? |
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Le 24/02/2025 | 11:00 | EUR | Prix à la consommation (Janvier) | Précédent à 2,5% sur un an. |
Le 25/02/2025 | 16:00 | USA | Confiance des consommateurs du Conference Board (Février) | Précédent à 104,1. |
Le 27/02/2025 | 14:30 | USA | PIB au T4 | Précédent à 2,3%. |
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