Le dollar n’a pas dit son dernier mot

Dans la foulée du « Jour de la Libération » en avril, le marché des changes pariait sur un effondrement durable du dollar. Ce n’est jamais aussi simple. L’évolution du dollar index l’a prouvé récemment. La semaine dernière, il a atteint un point haut de trois mois. Sursaut durable ou temporaire ? Difficile à savoir pour l’instant.

Le calendrier américain est quasiment vide en raison du conflit qui oppose les républicains et les démocrates sur le budget et qui a pour conséquence le report de la publication des statistiques publiques (à de rares exceptions). Á défaut de mieux, on doit se contenter des discours des membres du FOMC de la Réserve Fédérale américaine (Fed) pour avoir une idée de l’état réel de l’économie. Lors d’une intervention mardi dernier, Cook a indiqué que le ralentissement du marché de l’emploi n’a rien de préoccupant pour le moment. Rappelez-vous, au cours de l’été, la forte révision à la baisse des créations d’emplois avait ravivé les craintes de récession. Il a également ajouté s’attendre à ce que l’inflation renoue avec la cible de 2%, en dépit des taxes douanières, et explique le ralentissement des hausses d’emploi par la politique d’immigration de l’administration républicaine. Nous avons un point de désaccord : nous doutons que la Fed puisse renouer avec une inflation à 2% prochainement. Au contraire, en raison de tensions inflationnistes persistantes dans les services, elle devrait plutôt être proche de 3% l’an prochain. Ce n’est pas un détail. Une inflation structurellement élevée pourrait contraindre la Fed à moins baisser ses taux que prévu.

Globalement, l’économie américaine est toutefois en bonne santé. Il y a des points de fragilité. Prenons les dépenses de construction. Tout est en baisse à l’exception des dépenses liées aux infrastructures énergétiques et aux centres de données. Le boom de l’IA est clairement le moteur principal de la croissance des États-Unis.

Enfin, petit cocorico pour la Maison Blanche. Selon les données du Trésor américain publiées la semaine passée, les taxes douanières collectées entre avril (dans la foulée du jour de la Libération) et septembre cette année ont atteint 150 milliards de dollars – contre 30 milliards de dollars en moyenne au cours des cinq dernières années. C’est la preuve que la politique protectionniste fonctionne, au moins pour accroître les recettes.

En Europe, la microéconomie, c’est-à-dire les entreprises, se porte mieux que prévu. Certes, il y a des points noirs. Comme la France où l’investissement des entreprises est stagnant en raison de l’incertitude budgétaire qui devrait perdurer au moins jusqu’à la fin d’année. Mais dans l’ensemble, les grandes entreprises s’en sortent bien comme les derniers résultats financiers trimestriels l’ont révélé. Elles ont en particulier réussi à gérer le regain de protectionnisme américain et chinois et la hausse de l’euro qui ne faisait pas consensus en début d’année. Il est probable que la baisse rapide des taux par la Banque Centrale Européenne (BCE) a aussi été un levier de soutien pour les entreprises qui ont eu accès à un crédit à coût plus faible. Ce n’est pas négligeable.

Aussi bien en Europe qu’aux États-Unis, nous nous attendons à une accélération de la croissance l’an prochain du fait de l’effet bénéfique des baisses de taux effectuées en 2025.

Le point technique

Sur le marché des changes, le dollar index, qui mesure l’évolution du billet vert par rapport aux devises des principaux partenaires commerciaux des États-Unis, a rebondi à un point haut de trois mois la semaine passée. Dans le détail, la hausse était plus prononcée face aux monnaies émergentes que face aux monnaies majeures. Comme nous l’avons indiqué ces dernières semaines, nous n’excluons pas que le dollar continue de baisser un peu. Mais la majeure partie de la baisse est déjà derrière nous.

Du côté britannique, livre sterling n’a pas apprécié la présentation mardi dernier du nouveau budget qui va aboutir à une hausse généralisée des taxes afin d’éviter “l’austérité”, selon le chancelier de l’Echiquier. Selon nous, le Royaume-Uni est le pays européen qui fait face au défi budgétaire le plus compliqué (même pire que celui de la France !).

Enfin, bonne nouvelle pour le yuan chinois. Son internationalisation se poursuit. La Russie, qui s’est rapprochée de la Chine depuis 2014, pourrait émettre des obligations souveraines en yuan et non plus uniquement en rouble. Les montants notionnels devraient rester faibles. C’est toutefois symbolique et cela montre la dépendance économique et financière de Moscou à l’égard de Pékin. En termes de taux de change, nous estimons que la paire EUR/CNH devrait continuer d’évoluer entre 8,15 et 8,40 à court terme – la bande de fluctuations des derniers mois.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,12901,13201,16901,1700
EUR/GBP 0,86390,86990,89000,8933
EUR/CHF 0,91500,92110,93900,9422
EUR/CAD 1,61231,61801,63001,6338
EUR/JPY 173,34174,99180,00181,10

Les annonces à suivre

Du fait du shutdown, les prix à la consommation en octobre aux États-Unis ne devraient pas être publiés cette semaine. Est-ce grave ? Pas nécessairement. Le marché ne semble pas s’en préoccuper. Une majorité des participants du marché monétaire anticipe toujours une baisse des taux de 25 points de base par la Réserve Fédérale en décembre.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 12/11/202508:00AllemagneInflation en octobrePrécédent à 0,3% sur un mois.
Le 14/11/202508:45FranceInflation en octobrePrécédent à -1,0% sur un mois (risque élevé de désinflation)

Les informations présentées sur cette publication, vous sont communiquées à titre purement informatif et ne constituent ni un conseil d’investissement, ni une offre de vente, ni une sollicitation d’achat, et ne doivent en aucun cas servir de base ou être pris en compte comme une incitation à s’engager dans un quelconque investissement.