On entend un peu tout et n’importe quoi concernant le dollar. Certains parlent d’un effondrement, de la fin de son statut de valeur refuge, voire de future dévaluation. Pour l’instant, il n’y a rien de tout cela. Le dollar est certes contesté en raison des incertitudes économiques et monétaires liées à l’administration Trump. Mais il est encore surévalué et surtout ne s’effondre pas face à toutes les monnaies. C’est donc plus compliqué qu’il n’y paraît.
Le roi dollar est contesté, mais il n’est pas encore défait. Il s’effondre face aux devises majeures, comme l’euro et la livre sterling, mais il reste fort face aux devises émergentes. Le dollar Index reste encore 30% supérieur à son point bas de 2008 et dans la zone de fluctuations de 2015-2023. Au regard de l’incertitude qui règne concernant la politique économique et monétaire américaine (avec les rumeurs de renvoi de Powell par Trump), il est probable que le dollar va s’affaiblir davantage. Une chute supplémentaire de 3 à 7% est envisageable. En cas de récession américaine, elle pourrait être beaucoup plus importante, allant jusqu’à 20%. Une récession n’est toutefois pas notre scénario central, à ce stade. Pour qu’il y ait récession, il faudrait non seulement une chute massive de la consommation et de l’investissement des entreprises mais également une déstabilisation financière. Pour l’instant, ce n’est pas le cas. La liquidité est certes très basse sur quasiment tous les compartiments de marché mais même sur le crédit à haut rendement, qui est un point faible du système, il y a à la fois des vendeurs et des acheteurs.
En parallèle, la possibilité d’une guerre des devises se renforce. La baisse du dollar devient un casse-tête pour le Japon. Tokyo a menacé d’intervenir directement sur le marché des changes alors que le billet vert s’est effondré sous le seuil symbolique de 140 yens. Une intervention monétaire risque d’attiser le mécontentement de l’administration Trump au pire moment. Les négociations commerciales entre le Japon et les Etats-Unis sont au point mort après que le gouvernement japonais ait refusé d’accepter d’échanger ses bons du Trésor américains à 10 ans pour des obligations à 100 ans. Cette opération devait permettre de réduire la charge de la dette pour les Américains.
Le contexte actuel, qui est délétère, est évidemment favorable aux valeurs refuge. L’euro en bénéficie, à la surprise générale, ainsi que le franc suisse. Mais c’est l’or qui est le vrai gagnant, atteignant de nouveaux records historiques presque chaque semaine. Selon une étude publiée par Goldman Sachs le 18 avril, les institutionnels en Asie restent les principaux acheteurs. Depuis le 8 avril, ils représentent près de 90% des achats, les particuliers n’exerçant qu’une influence mineure sur les cours. Le consensus de marché s’attend désormais à ce que l’once d’or atteigne les 3700 dollars d’ici la fin de l’année. Quand l’or affiche de telles performances, c’est clairement le signe que les investisseurs ont peur. Prudence.
Le point technique
Sur le marché des changes, l’euro continue d’être orienté à la hausse. Point important, les corrélations historiques qui permettaient souvent d’anticiper l’évolution des taux de change ne sont plus opérantes depuis quelques semaines. Historiquement, la corrélation entre l’EUR/USD d’un côté et le spread entre les obligations souveraines à deux ans de l’Allemagne et des États-Unis de l’autre est négative. Elle est désormais inversée. C’est une anomalie. Cela témoigne d’une méfiance élevée des investisseurs à l’égard des actifs américains. Notons toutefois que ce sont uniquement les investisseurs occidentaux qui se délestent de leurs actions et bons du Trésor américain et non les investisseurs des pays émergents. Le cas de la Chine est à part. Il y a beaucoup de rumeurs à propos de ventes massives par Pékin de bons du Trésor américain. Mais il s’agit de spéculation pour le moment. Il faudra attendre la fin du mois prochain afin d’avoir la mise à jour des réserves d’actifs détenus par la banque centrale chinoise. Évidemment, le fait que les corrélations historiques ne soient plus un indicateur complique l’exercice de prévision. Selon nous, tant qu’il n’y a pas d’amélioration au niveau de la guerre commerciale, il est probable que l’euro poursuive sa hausse avec un objectif crédible pour l’EUR/USD à 1,17.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
Supports | hebdo | Résistances | hebdo | |
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S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,1124 | 1,1290 | 1,1500 | 1,1566 |
EUR/GBP | 0,8400 | 0,8412 | 0,8656 | 0,8691 |
EUR/CHF | 0,9148 | 0,9212 | 0,9377 | 0,9390 |
EUR/CAD | 1,5600 | 1,5633 | 1,5799 | 1,5833 |
EUR/JPY | 157,22 | 159,89 | 162,88 | 163,00 |
Les annonces à suivre
Les statistiques américaines sont à l’ordre du jour cette semaine. L’emploi en mars ne devrait pas être au cœur de l’attention des investisseurs. On sait que le ralentissement économique probablement à l’œuvre aux États-Unis va mettre plusieurs mois avant de se matérialiser dans les chiffres des créations d’emplois. En revanche, la confiance du consommateur américain sera scrutée de près. Elle s’effondre à cause des craintes concernant l’inflation. S’ajoute à cela la première estimation du PIB américain au T1. D’habitude, c’est une donnée qui passe complètement inaperçue. Ce n’est pas le cas cette fois-ci. Des analystes s’attendent à une contraction de l’activité qui pourrait renforcer le scénario d’une récession cette année. Nous ne sommes pas dans ce camp. Nous nous attendons en revanche à un net ralentissement de l’activité par rapport au T4 2024, lorsque le PIB était ressorti en hausse de 2,4%. C’est LA statistique à surveiller de près cette semaine et qui risque de causer beaucoup de remous sur les taux de change. Le contexte est également propice à un regain de volatilité en raison du jeudi férié.
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
Jour | Heure | Pays | Indicateur | À quoi s'attendre ? |
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Le 29/04/2025 | 16:00 | USA | Confiance du consommateur (Avril) | Précédent à 92,9 |
Le 30/04/2025 | 14:30 | USA | PIB (T1) | Précédent à 2,4% |
Le 02/05/2025 | 11:00 | EUR | IPC (Avril) | Précédent à 2,2% |
Le 02/05/2025 | 14:30 | USA | Emploi (Avril) | Précédent à 2,2% |
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