Il n’y a jamais d’été tranquille sur le marché des changes. On aurait pu penser que le dollar américain serait à l’origine des problèmes, notamment en raison de la guerre commerciale menée par l’administration Trump qui suscite une défiance à l’égard du billet vert. C’est finalement la livre sterling qui suscite des inquiétudes à cause de la dérive budgétaire britannique.
Haro sur la livre sterling ! Le marché des options parie sur une baisse de la devise britannique, à la fois face au dollar américain et face à l’euro. Deux raisons à cela. La situation budgétaire britannique inquiète. Au début du mois de juillet, sur fond de crise politique, les obligations d’État britanniques se sont effondrées avec une hausse brutale et inattendue des taux à 10 ans proche des turbulences de l’ère Liz Truss. La livre sterling n’était pas en reste. Par exemple, elle s’est effondrée de plus de 1% face au dollar en une seule séance – une baisse importante alors que la devise est habituellement plutôt stable. Pourquoi de tels remous ? En cause, le revirement du gouvernement travailliste sur la réforme des prestations sociales qui va creuser un trou de 5 milliards £ dans le budget.
Comment sortir par le haut ? Le gouvernement va devoir augmenter les impôts à l’automne ou réduire les dépenses au risque de se mettre à dos les députés d’arrière-ban qui gagnent en influence et peuvent provoquer des élections anticipées afin d’exprimer leur mécontentement. En attendant qu’une décision définitive soit prise, ce qui peut prendre plusieurs semaines, les turbulences pourraient continuer. S’ajoutent à cela les inquiétudes à propos de l’économie britannique, en particulier à propos du marché du travail qui montre des signes rapides de ralentissement. Cela pourrait contraindre la Banque d’Angleterre (BoE) à abaisser son taux directeur plus rapidement et plus fortement que prévu, potentiellement dès le mois d’août. C’est le pari fait par le marché des options. C’est crédible, selon nous.
Quelle leçon tirer de tout cela ? Quand vous êtes très endettés, ce qui est le cas du Royaume-Uni, le moindre problème peut vous envoyer dans le décor et provoquer l’instabilité de votre devise. À méditer.
En zone euro, certains membres du Conseil des gouverneurs de la Banque Centrale Européenne (BCE) ont instillé le doute concernant une prochaine baisse des taux. Isabel Schnabel, membre allemand du directoire, est réticente à l’optique d’une nouvelle baisse. Elle est considérée comme influente mais, depuis quelques mois, son opinion semble minoritaire au sein de l’institution. Avec une inflation qui devrait atteindre 1,6% l’an prochain d’après les experts de la BCE, et le risque que celle-ci soit même inférieure en raison de la force de l’euro, on voit mal ce qui empêcherait une baisse de 25 points de base dès cette semaine. C’est d’ailleurs le scénario central du marché des changes.
Outre-Atlantique, la question du maintien de Jerome Powell à la tête de la Réserve Fédérale américaine (Fed) continue de se poser. Plusieurs proches du président Donald Trump ont laissé entendre qu’une démission est possible. Le rapport de force entre la Maison Blanche et la Fed concerne l’ampleur des baisses de taux à effectuer. Sauf surprise, la banque centrale devrait maintenir son taux directeur inchangé en juillet et amorcer une baisse des taux seulement en septembre. Trump souhaite agir dès maintenant et plaide en faveur d’une baisse de 100 points de base en une seule fois – un scénario peu probable, dans tous les cas. Soyons clairs, l’administration Trump n’a aucun levier juridique pour renvoyer Powell. En revanche, le Congrès est en mesure de le faire ou, du moins, d’influencer grandement la politique monétaire américaine. Il peut par exemple voter une résolution appelant à une baisse des taux directeurs. La Fed pourrait être contrainte d’obtempérer. On le sait peu, le vrai patron de Powell n’est pas Trump mais le Congrès américain.
Le point technique
Sur le marché des changes, les prises de bénéfices continuent sur l’EUR/USD. Ce n’est pas anormal dans un marché qui est plutôt très calme. Cela ne remet pas en cause la tendance de fond haussière, pour le moment. On observe un mouvement similaire également face au dollar canadien, par exemple.
Seule exception notable, face au yen japonais. Le yen est sous-valorisé d’au moins 20% par rapport à l’euro. Néanmoins, nous ne voyons pas d’inversement de la tendance haussière de la paire EUR/JPY à horizon six mois. La Banque du Japon semble réticente à augmenter son taux directeur, peut-être parce qu’elle souhaite un yen plus faible afin de compenser les droits de douane américains qui visent le secteur automobile nippon. Nous n’excluons pas une hausse des taux au quatrième trimestre. Mais celle-ci est très incertaine et dépendra de l’évolution de l’inflation au niveau national et de la guerre commerciale. À maintes reprises ces derniers mois, le marché a prévu une hausse des taux qui n’a finalement pas eu lieu. D’où notre prudence. Depuis le début d’année, la paire EUR/JPY est en hausse de +5,8% à 172 yens pour un euro. Notre objectif de fin d’année est à 176 yens – soit légèrement au-dessus du point haut sur la dernière décennie.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
Supports | hebdo | Résistances | hebdo | |
---|---|---|---|---|
S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,1433 | 1,1490 | 1,1722 | 1,1833 |
EUR/GBP | 0,8449 | 0,8590 | 0,8699 | 0,8134 |
EUR/CHF | 0,9259 | 0,9300 | 0,9400 | 0,9420 |
EUR/CAD | 1,5711 | 1,5723 | 1,6000 | 1,6050 |
EUR/JPY | 167,89 | 169,90 | 172,99 | 173,88 |
Les annonces à suivre
Comme nous l’indiquions plus haut, sauf surprise de dernière minute, la baisse des taux par la BCE est acquise et déjà intégrée dans les prix de l’euro. En revanche, il sera intéressant de savoir si l’institution ouvre la porte à une baisse future à la rentrée. Une fois n’est pas coutume, elle pourrait laisser le doute planer.
L’intervention de Powell ne devrait pas provoquer d’importants mouvements sur les paires en dollar, selon nous. Il devrait confirmer ce qu’il a répété à plusieurs occasions ces dernières semaines. Une baisse des taux est exclue lors de la réunion de juillet du FOMC. Elle est envisageable en septembre si l’inflation continue de refluer – c’est notre scénario.
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
Jour | Heure | Pays | Indicateur | À quoi s'attendre ? |
---|---|---|---|---|
Le 22/07/2025 | 14:30 | USA | Intervention de J. Powell | Il devrait confirmer qu’une baisse des taux par la Fed n’est pas d’actualité en juillet. |
Le 24/07/2025 | 14:15 | EUR | Réunion de la banque centrale | Baisse du taux directeur de 25 points de base. |
Le 25/07/2025 | 10:30 | ALLEMAGNE | Indice IFO du climat des affaires (Juillet) | Précédent à 88,4. |
Les informations présentées sur cette publication, vous sont communiquées à titre purement informatif et ne constituent ni un conseil d’investissement, ni une offre de vente, ni une sollicitation d’achat, et ne doivent en aucun cas servir de base ou être pris en compte comme une incitation à s’engager dans un quelconque investissement.