En début d’année, l’Europe et l’euro avaient le vent en poupe. Mais la réalité économique finit toujours par s’imposer. En l’occurrence, la dynamique de croissance est plus soutenue aux États-Unis que sur le Vieux-Continent. En outre, ce dernier fait face à l’offensive commerciale chinoise qui risque de coûter cher aux entreprises européennes.
En début d’année, tout semblait sourire à la zone euro. Les inquiétudes liées à la politique protectionniste de Trump et ses effets incertains sur l’économie ont poussé les investisseurs à privilégier les actions européennes plutôt que les américaines. Par ricochet, cela a soutenu l’euro qui est devenu, aux yeux de certains investisseurs, une valeur refuge. Certains ont même rêvé que la croissance européenne puisse surperformer celle des États-Unis. Malheureusement, toute bonne chose a une fin.
Les statistiques européennes sont médiocres. En avril, la production industrielle en France s’est effondrée de 1,4% sur un mois. C’est encore pire en Allemagne. La production industrielle est en repli de 2% sur un an et les exportations en avril ont dégringolé de 1,7% – c’est un sacré problème pour une économie qui est très dépendante du commerce international. Passées sous silence, les faillites d’entreprises en France sont désormais à leur plus haut niveau depuis 1991, selon la Banque de France. On pourrait penser que la situation est tellement mauvaise qu’elle ne peut que s’améliorer. C’est faux. Le pire est à venir.
Confrontée à la guerre commerciale, la Chine cherche de nouveaux marchés. Et il y a un marché qui est peu protégé, c’est l’Europe. Les statistiques de la balance commerciale chinoise en mai sont sans appel. Les exportations chinoises vers les États-Unis ont baissé de 34% (effet Trump) tandis qu’elles ont progressé de 12% vers l’UE, de 21% vers l’Allemagne, de 24% vers la France et de 7% vers les Pays-Bas. Nos entreprises, qui sont déjà en difficulté à cause du ralentissement de la demande domestique, vont aussi devoir affronter la concurrence déloyale de la Chine dans des proportions sans précédent. Les entreprises chinoises vont déverser massivement leurs excédents et leurs produits à bas coût en Europe, ce qui va certainement faire gonfler le nombre de faillites d’entreprises sur le continent. Ça va être très compliqué au deuxième semestre.
Outre-Manche, les signes de ralentissement sont de plus en plus perceptibles ce qui pourrait inciter – non pas dès cette semaine mais dans les mois à venir – la Banque d’Angleterre à intervenir. Les créations d’emplois sont au ralenti depuis plusieurs mois dans le secteur privé. Cela concerne désormais également le secteur public. Prenons la santé, les créations d’emplois sont à leur plus bas niveau depuis novembre 2021. D’ici peu, cela va conduire à une baisse généralisée de l’activité, des prix et aussi des salaires. Encore une fois, la croissance pourrait commencer à s’essouffler en deuxième partie d’année.
Finalement, il n’y a qu’aux États-Unis que la dynamique reste globalement positive. Les chiffres de l’emploi en mai ne valident pas le scénario d’une récession qui était pourtant redouté dans la foulée du « Jour de la Libération », mais celui d’un ralentissement économique qui n’est pas inquiétant outre-mesure. En janvier, le taux de chômage était à 4,011%. Il a graduellement progressé pour atteindre 4,244%. Point important, les créations d’emplois ont été révisées à la baisse pour mars et avril, respectivement à 147,000 et 120,000. Cela fait une moyenne sur trois mois à 135,000. C’est toujours très bon.
Nous anticipons que la croissance américaine devrait atteindre 1,5-1,7% en 2025 contre probablement 0,9% en zone euro. Le match est plié.
Le point technique
Sur le marché des devises, l’euro a le vent en poupe – ce qui prouve au passage que la macroéconomie n’est pas le facteur le plus important pour expliquer les évolutions du taux de change. On peut avoir une économie à la traîne avec une devise en hausse. Après être sorti de sa phase de consolidation autour de 1,14, l’EUR/USD est en bonne voie de rallier notre objectif à 1,17. L’EUR/GBP, l’EUR/JPY, l’EUR/CHF et dans une moindre mesure l’EUR/CAD sont également dans une phase ascendante. Nous n’excluons pas que la paire EUR/GBP puisse atteindre 0,86 d’ici la fin de l’année – ce qui impliquerait une hausse plus de 100 pips. Quant à l’EUR/JPY, il faut s’attendre à des prises de bénéfices autour de la résistance à 166,09 qui constitue un point haut de six mois.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
Supports | hebdo | Résistances | hebdo | |
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S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,1233 | 1,1399 | 1,1622 | 1,1700 |
EUR/GBP | 0,8310 | 0,8380 | 0,8523 | 0,8558 |
EUR/CHF | 0,9290 | 0,9311 | 0,9489 | 0,9534 |
EUR/CAD | 1,5488 | 1,5545 | 1,5799 | 1,5888 |
EUR/JPY | 160,99 | 163,99 | 166,35 | 166,81 |
Les annonces à suivre
Ce ne sera pas du côté de la Réserve Fédérale (Fed), de la Banque du Japon (BoJ) et de la Banque d’Angleterre (BoE) qu’il faudra regarder cette semaine. La Fed est en mode pause jusqu’en septembre, la BoJ devrait augmenter son taux directeur en juillet si tout se passe bien, tandis que la BoE pourrait baisser ses taux seulement en août.
C’est la Banque Nationale Suisse (BNS) qui va attirer toute l’attention, pour deux raisons. Elle va porter son taux directeur à 0% – ce qui est inédit au niveau des pays développés. C’est un taux beaucoup plus bas que celui de la BCE (actuellement à 2%) alors que les deux banques centrales suivent d’habitude une politique monétaire similaire. Surtout, la BNS pourrait ouvrir la porte à une nouvelle baisse des taux à la rentrée, notamment afin d’affaiblir le franc. Cela marquerait le grand retour des taux négatifs, cette anomalie financière qu’on pensait derrière nous. Si les taux négatifs font bien leur retour, cela risque de fragiliser le secteur bancaire helvétique. Nous doutons que d’autres banques centrales suivent l’exemple suisse. Mais c’est en tout cas loin d’être anodin. Quel effet à long terme sur le taux de change du franc ? Beaucoup d’études montrent que les taux négatifs affaiblissent en théorie la devise. Dans les faits, c’est plus compliqué, en particulier lorsqu’il s’agit d’une monnaie refuge comme le franc. D’autres facteurs, souvent plus importants, comme l’aversion au risque, sont à prendre en compte.
La situation géopolitique au Moyen-Orient sera à surveiller. Tout peut dégénérer rapidement. Prudence.
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
Jour | Heure | Pays | Indicateur | À quoi s'attendre ? |
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Le 17/06/2025 | 05:00 | JAP | Réunion de la banque centrale | Aucun changement de politique monétaire |
Le 18/06/2025 | 20:00 | USA | Réunion de la banque centrale | Aucun changement de politique monétaire |
Le 19/06/2025 | 09:30 | SUI | Réunion de la banque centrale | Baisse du taux directeur de 25 points de base à 0% |
Le 19/06/2025 | 13:00 | UK | Réunion de la banque centrale | Aucun changement de politique monétaire |
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