L’écart de taux entre les deux bords de l’Atlantique et la possibilité d’une victoire de Trump, qui provoquerait une hausse de l’inflation, ont entraîné une hausse des taux de rendement sur l’obligataire américain, ce qui a soutenu ces dernières semaines le dollar et, par ricochet, a contribué à affaiblir l’euro. La semaine dernière, la paire EUR/USD s’est effondrée sous 1,08. Ce n’est certainement que le début.
La semaine dernière fut particulièrement calme au niveau des statistiques. Les marchés financiers tablent désormais sur une victoire de Donald Trump et la mise en place de politiques économiques inflationnistes (baisse de l’immigration et tarifs douaniers), d’où la hausse de l’or, du dollar américain, du Bitcoin et des taux de rendement sur l’obligataire américain. La campagne de Trump bénéficie d’un véritable élan. Les sondages sont plus serrés que jamais, ce qui tend généralement à lui donner l’avantage, tant il a été sous-estimé par le passé. Le débat sur la vice-présidence a été une excellente prestation pour JD Vance, dissipant certaines inquiétudes sur ce choix. Il y a eu Musk, évidemment. La prestation de Trump chez Macdonald fonctionne aussi très bien en termes d’image. Sa campagne est réactive, rapide, et s’appuie sur l’humour, ce qui contribue à l’humaniser. A l’inverse, la campagne de Kamala Harris, bien que parfaitement structurée et ayant levé beaucoup plus de fonds, peine à susciter l’enthousiasme. Harris refuse de se mouiller ; elle décline la plupart des interviews. En outre, elle est perçue comme manquant de convictions (en témoigne son positionnement souvent ambigu concernant la situation au Moyen-Orient). Évidemment, rien n’est joué. La campagne peut réserver encore beaucoup de surprises, comme en 2016.
Ce qui est certain, c’est que le marché, après avoir réduit son exposition au dollar américain en septembre du fait de la baisse des taux américains, se positionne depuis le début du mois à l’achat sur le billet vert. C’est également accentué par le contexte géopolitique qui avantage, à la marge, les valeurs refuge. En se basant sur l’évolution historique du dollar, la devise a tendance à s’apprécier avant chaque élection présidentielle puis à chuter lourdement pendant les séances qui suivent le scrutin. Les fonds spéculatifs liquident souvent leurs positions à ce moment-là.
En Europe, la situation macroéconomique continue de se dégrader, sans surprise. La récession allemande pourrait perdurer une grande partie de l’année 2025. Au regard du débat budgétaire en France qui se focalise essentiellement sur la hausse de la fiscalité, il est probable que la croissance française chute lourdement l’an prochain…ce qui aura pour effet de réduire les rentrées fiscales. Seule l’Europe du Sud s’en sort bien. La croissance espagnole, en partie aidée par la saison touristique et une amélioration de la compétitivité dans le secteur manufacturier, est au beau fixe. Le Portugal poursuit sa politique de baisse de la fiscalité, avec une nouvelle mesure visant à exonérer d’impôt les jeunes. Enfin, la Grèce, qui était autrefois l’homme malade de l’Europe, affiche un excédent budgétaire et l’une des hausses les plus importantes de la production industrielle. Comme quoi, tout est possible. Malheureusement, la bonne santé du sud ne va pas permettre de pallier les déboires de l’Allemagne et de la France. Cela devrait se matérialiser par un euro structurellement faible sur le marché des changes. En parité de pouvoir d’achat, nous estimons que la juste valeur pour l’EUR/USD se situe entre 1,05 et 1,03 (attention, il ne s’agit pas d’une cible de cours).
Enfin, un mot sur la Chine. La presse officielle évoque de plus en plus l’optique d’un mini-plan de relance budgétaire après la présidentielle américaine. Pour l’instant, Pékin a seulement dégainé des mesures monétaires. Nous doutons toutefois que ce soit suffisant pour restaurer la confiance des ménages chinois qui voient la valeur de leur patrimoine, à 60% exposé à l’immobilier, chuter depuis de nombreuses années.
Le point technique
Sur le marché des changes, l’EUR/USD s’est enfoncé sous le seuil psychologique de 1,08 la semaine dernière. La possibilité d’un assouplissement plus lent et moins prononcé par la Réserve Fédérale américaine (Fed) a fait grimper les rendements obligataires américains à court et à long terme au cours des dernières semaines. S’ajoute à cela la possibilité d’une victoire de Trump. Dans le même temps, la Banque Centrale Européenne a abaissé son taux directeur pour la troisième fois il y a deux semaines et devrait continuer à l’assouplir jusqu’à ce que les taux directeurs atteignent 2%.
Le léger changement des attentes en matière de taux directeurs du côté américain a contribué à élargir l’écart de taux de swap à deux ans entre les deux bords de l’Atlantique, passant de 0,85% il y a un mois et demi à 1,39%. L’écart croissant des taux a, dans la foulée, exercé une pression sur l’euro. C’est en grande partie ce qui explique la baisse de la monnaie unique au cours des dernières semaines. Nous pensons que c’est amené à durer.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
Supports | hebdo | Résistances | hebdo | |
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S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,0713 | 1,0744 | 1,0922 | 1,0934 |
EUR/GBP | 0,8273 | 0,8299 | 0,8400 | 0,8420 |
EUR/CHF | 0,9266 | 0,9288 | 0,9465 | 0,9489 |
EUR/CAD | 1,4799 | 1,4840 | 1,5100 | 1,5113 |
EUR/JPY | 161,14 | 162,98 | 165,11 | 165,22 |
Les annonces à suivre
À l’inverse de la semaine dernière, celle qui commence est chargée en statistiques. Nous ne nous attendons pas à ce que la Banque du Japon (BoJ) opère un nouveau changement de politique monétaire. Celui-ci pourrait intervenir en décembre ou en janvier prochain. Du côté européen, le PIB français au troisième trimestre devrait ressortir proche de 0,2%. Attention, si les mesures fiscales actuellement discutées au Parlement sont mises en œuvre, il est évident que la récession nous attend l’an prochain (comme ce fut le cas il y a dix ans de cela lorsque les taxes avaient été fortement augmentées).
Sans surprise, c’est l’emploi américain qui dominera l’attention des cambistes. C’est la dernière statistique d’importance avant la réunion de la Fed la semaine prochaine. Une nouvelle décrue des créations d’emplois en octobre plaiderait en faveur d’une nouvelle baisse des taux de 25 points de base (le marché exclut désormais une baisse de 50 points de base).
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
Jour | Heure | Pays | Indicateur | À quoi s'attendre ? |
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Le 29/10/2024 | 16:00 | USA | Confiance du consommateur (Octobre) | Précédent à 98,7. |
Le 30/10/2024 | 08:30 | FRA | PIB (T3) | Précédent à 0,2%. |
Le 31/10/2024 | 05:00 | JAP | Réunion de la banque centrale | Aucun changement de politique monétaire. |
Le 31/10/2024 | 12:00 | EUR | IPC (Octobre) | Précédent à 1,7% sur un an. |
Le 01/11/2024 | 14:30 | USA | Rapport sur l’emploi (Octobre) | Précédent à 254k (mais forte révision possible). |
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