En pleine tourmente à cause de la guerre commerciale, la pression s’accentue sur les banques centrales. La Fed devrait opter pour un statu quo monétaire ce mercredi, attendant de voir ce qui va se passer sur le terrain de l’inflation. En revanche, la BNS n’a pas d’autre choix que d’assouplir sa politique monétaire en raison des risques déflationnistes dans la Confédération helvétique.
Les marchés financiers avaient tout l’air d’une montagne russe la semaine dernière. La semaine avait mal commencé avec un effondrement de quasiment tous les actifs financiers, y compris le dollar et l’or, à la suite d’une séance de forte baisse des valeurs technologiques américaines lundi 10 mars. Des analystes commençaient même à parler de risque de récession américaine…voire de crise financière. Et puis il y a eu une très bonne nouvelle : l’inflation américaine a ralenti Ce n’était pas gagné d’avance. En février, les prix à la consommation ont chuté à 2,8% sur un an – contre un consensus à 2,9%. En outre, l’inflation sous-jacente, qui est plus importante pour comprendre la dynamique des prix, a baissé à 3,1% contre un consensus à 3,2%. Il s’agit de la première fois depuis juillet 2024 que les prix à la consommation et l’inflation sous-jacente chutent ensemble. Sans surprise, ceux qui initialement commençaient à redouter un scénario noir pour l’économie américaine ont dû revoir leur copie…
Si on regarde les chiffres, l’économie américaine est globalement en bonne santé. L’impact des taxes douanières est perceptible via un regain d’attentisme des acteurs économiques (les consommateurs tentent d’épargner, tandis que beaucoup d’entreprises réfléchissent à deux fois avant de planifier des projets d’investissement conséquents). En revanche, la guerre commerciale n’a pas d’effet réel sur la dynamique des prix pour le moment. Nous anticipons toujours un bon premier trimestre, avec une croissance qui devrait être entre 2% et 2,2% en variation annuelle. C’est nettement mieux que la performance de la zone euro sur la même période.
Il y a évidemment beaucoup de bruit sur les marchés financiers, en raison des annonces et des revirements quotidiens de la Maison Blanche. C’est en regardant les données économiques qu’on peut essayer d’y voir plus clair. Dans l’immédiat, il n’y a pas de raison de paniquer. Le pire des scénarios selon nous : un ralentissement de l’économie américaine, avec une croissance du PIB cette année qui pourrait être plus proche de 2% que de 2,3% (notre prévision de janvier). À titre de comparaison, nous estimons que la croissance en zone euro ne devrait être que de 1% cette année.
Point à surveiller à court terme car cela peut entraîner des conséquences sur l’inflation et les devises matières premières : la forte volatilité du baril de pétrole. L’administration Trump vise officiellement à 50 dollars (contre 67 dollars actuellement), ce qui permettrait de réduire l’inflation d’au moins un point de pourcentage d’après la Maison Blanche. Il y a toutefois un problème. Si les prix chutent autant, cela pourrait compromettre l’avenir des producteurs américains de pétrole de schiste. Selon une étude de la Fed de Dallas, ils ont besoin d’un prix du baril à 60 dollars pour être rentable. Ça risque d’être compliqué. Mais l’administration Trump est une habituée des injonctions contradictoires..
Le point technique
Sur le marché des changes, le dollar américain est un peu chahuté. Mais il reste le roi incontesté. Selon les estimations de la société Gavekal, le dollar représente 50% des paiements au niveau mondial – soit un point haut depuis douze ans. À l’inverse, la part de l’euro ne cesse de s’effondrer. Celle du yuan chinois augmente sensiblement depuis quelques années…en partant d’un point très bas.
En ce qui concerne le yuan, il reste remarquablement stable face au billet vert. Il y a quelques mois de cela, des analystes anticipaient une forte dépréciation voire une dévaluation pour faire face à la guerre commerciale. Raté ! Le yuan évolue entre 7,00 et 7,20 face au dollar.
L’euro reste sur une trajectoire haussière face au dollar, avec une progression de plus de 5% en l’espace d’un mois. Malgré cela, la monnaie unique est toujours très nettement sous-valorisée face au billet vert. En se basant sur la parité de pouvoir d’achat, qui fait référence, la sous-valorisation est de l’ordre de 30%. C’est énorme.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
Supports | hebdo | Résistances | hebdo | |
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S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,0688 | 1,0701 | 1,0945 | 1,1005 |
EUR/GBP | 0,8233 | 0,8288 | 0,8490 | 0,8533 |
EUR/CHF | 0,9391 | 0,9421 | 0,9612 | 0,9659 |
EUR/CAD | 1,5390 | 1,5433 | 1,5700 | 1,5722 |
EUR/JPY | 157,96 | 158,77 | 162,44 | 163,31 |
Les annonces à suivre
Cette semaine est très dense au niveau du calendrier économique avec plusieurs réunions de banque centrale. A l’exception de la Banque Nationale Suisse (BNS), un statu quo monétaire est attendu pour les autres. Du côté de la BNS, le consensus de marché prévoit une baisse du taux directeur de 25 points de base (déjà intégré dans les prix du marché). Mais nous ne sommes pas à l’abri d’une surprise avec une baisse plus importante. L’inflation ne cesse de chuter dans la Confédération, atteignant un point bas depuis quatre ans en février. Afin d’éviter qu’elle ne chute en dessous de la fourchette cible comprise entre 0 et 2%, la BNS n’a pas d’autre choix que de diminuer le loyer de l’argent. Cette baisse des taux attendue en annonce d’autres. Nous prévoyons que le taux directeur soit porté à 0% à l’occasion de la réunion du 19 juin. Cela ouvre évidemment la porte à la mise en place future de taux négatifs si les pressions déflationnistes persistent – ce qui est probable.
Du côté de la Réserve Fédérale américaine, nous nous attendons à ce que le taux directeur soit inchangé. Il y a beaucoup trop d’éléments d’incertitude à court terme. Le Royaume-Uni ne devrait pas non plus modifier ses taux. Après une baisse des taux en février, la Banque d’Angleterre devrait attendre le deuxième trimestre pour agir de nouveau. Aucune surprise enfin du côté de la Banque du Japon. Elle a donné rendez-vous aux investisseurs cet été pour une possible nouvelle hausse des taux, si la conjoncture le permet.
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
Jour | Heure | Pays | Indicateur | À quoi s'attendre ? |
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Le 19/03/2025 | 04:00 | JAP | Réunion de la banque centrale | Aucun changement de politique monétaire. |
Le 19/03/2025 | 11:00 | EUR | Prix à la consommation (Février) | Précédent à 2,4% sur un an. |
Le 19/03/2025 | 19:00 | USA | Réunion de la banque centrale | Aucun changement de politique monétaire. |
Le 20/03/2025 | 09:30 | SUI | Réunion de la banque centrale | Baisse du taux directeur de 25 points de base. |
Le 20/03/2025 | 13:00 | UK | Réunion de la banque centrale | Sauf surprise, pas de changement au niveau des taux. |
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