Les oiseaux de mauvais augure ont eu tort

Fini les craintes de récession et de crise de liquidité ! L’éclaircie sur le front de la guerre commerciale a entraîné un rebond de l’appétit au risque. Certes, il y a encore des sujets d’inquiétude à l’horizon. Mais la réalité, c’est que l’économie est plutôt très résiliente.

En l’espace de quelques jours, le paysage macroéconomique est d’un seul coup plus dégagé. Les craintes de récession américaine ont disparu. Même les tourments géopolitiques en Europe et en Asie ne semblent pas faire peur aux marchés. Pourquoi ? Car la guerre commerciale engagée par l’administration Trump est moins dévastatrice que prévu. Le Royaume-Uni et la Chine ont trouvé un terrain d’entente avec les États-Unis. Plusieurs LOI sont en bonne voie en Asie. On ne reviendra pas à la situation qui prévalait avant Trump au niveau des droits de douane. Mais on est loin d’un scénario déflationniste similaire aux années 1930. Résultat, les investisseurs se concentrent sur les bonnes nouvelles et les fondamentaux des entreprises cotées en bourse qui sont loin d’être mauvais.

Il y a toutefois encore quelques nuages à l’horizon, en particulier :

  • La hausse des taux obligataires américains. Pour l’instant, nous ne sommes pas dans la zone à risque. Jusqu’à 4,75-5% sur le 10 ans, ça va. Au-delà, il faut s’attendre à des soubresauts avec des répercussions possibles sur le dollar. C’est un point de vigilance à garder en tête.
  • Les négociations commerciales entre les États-Unis et l’Union Européenne. Elles sont au point mort. Plus l’UE tarde à entamer des discussions, moins elle sera en position de force. Fort de plusieurs accords commerciaux déjà sur la table, Donald Trump risque d’être moins enclin à trouver un compromis raisonnable avec les Européens. Ces derniers risquent de ne pas avoir la chance d’être aussi bien traités que les Britanniques (baisse des droits de douane pour les automobiles, droit de douane universel à 10% etc.).
  • La volatilité sur les taux de change. C’est un sérieux problème, en particulier pour les entreprises exposées à l’international mais aussi pour les fonds spéculatifs. Certaines paires majeures comme l’EUR/USD connaissent une fluctuation hebdomadaire de 500 points. C’est énorme et anormal. D’habitude, une telle volatilité concerne plutôt les devises émergentes ou survient pendant les périodes de crise aiguë.

Malgré tout cela, l’économie et les entreprises sont résilientes. Ce qu’on peut retenir des dernières semaines, ce que le pire n’est jamais certain. Début avril, dans la foulée du « Jour de la Libération », beaucoup de rumeurs, de contrevérités et de scénarios noirs ne se basant pas sur la vérité des chiffres ont circulé. Certains ont évoqué une récession américaine aussi pire que celle de la crise financière, d’autres craignaient une crise de liquidité et enfin certains brandissaient le spectre d’un retour de la stagflation.

La réalité est, comme souvent en économie, plus nuancée. L’économie ralentit un peu partout, c’est certain. Le pic d’activité a été atteint en février aux États-Unis. Depuis, la croissance ralentit mais en partant d’un niveau très élevé (supérieur à la croissance potentielle !). En Europe, la croissance est toujours atone. Certes, l’Allemagne investit massivement dans les infrastructures mais cela va mettre du temps avant d’aboutir à un regain de croissance. Enfin, la liquidité est abondante. C’est une excellente nouvelle. Il faut remercier les banques centrales. Nous sommes au milieu du plus important cycle de baisse des taux, hors période de récession. Et ça, c’est bon pour la croissance.

Le point technique

Sur le marché des changes, la volatilité s’est un peu réduite au cours des dernières séances. A court terme, la tendance est baissière pour l’EUR/USD avec un ralliement possible de la zone de 1,10. Mais la tendance de fond est toujours haussière avec une cible de fin d’année à 1,15-1,17. L’euro a rebondi face au dollar canadien et pourrait continuer sa progression jusqu’à 1,57. Enfin, la courte correction sur l’EUR/CHF semble désormais terminée. Nous avons une cible pour la paire à 0,95.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,10501,11001,13221,1390
EUR/GBP 0,83100,83770,85000,8548
EUR/CHF 0,91990,92800,93880,9410
EUR/CAD 1,54121,54801,57011,5755
EUR/JPY 160,99162,99164,90165,50

Les annonces à suivre

Nous nous attendons à ce que la Banque de Réserve d’Australie abaisse son taux directeur de 25 points de base cette semaine. Une baisse plus importante, de l’ordre de 50 points de base, n’est pas exclue au regard du ralentissement des pressions inflationnistes. Au niveau de l’inflation, les prix à la consommation britanniques devraient confirmer que la Banque d’Angleterre a toute latitude pour abaisser son taux directeur dans les trimestres à venir. Nous tablons sur une baisse de taux de 25 points de base chaque trimestre jusqu’à la fin de l’année. C’est déjà intégré dans le taux de change de la livre sterling. Enfin, l’indice IFO allemand sera à surveiller, bien qu’il n’exerce quasiment aucune influence sur la trajectoire de l’euro. Malgré un plan de relance ambitieux, l’Allemagne est toujours empêtrée dans la stagnation économique.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 20/05/202506:30AUSRéunion de la banque centraleBaisse du taux directeur de 25 points de base.
Le 21/05/202508:00UKPrix à la consommation (Avril)Précédent à 2,6% sur un an.
Le 22/05/202514:30ALLIndice IFO du climat des affaires (Mai)Précédent à 86,9.

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